Jouer à « si j’étais président » avec mes grands fils

Suite à une discussion avec mes grands fils, nous nous sommes lancé un défi tout à fait dans l’air du temps (alors que la présidentielle US ne fait que devancer la française…) : quelles seraient les dix mesures que tu voudrais mettre en place si tu devenais président ?

Tout de suite, une précision : je ne crois pas que le président de la République française ait vraiment le pouvoir de changer les choses, tout du moins, pas rapidement ET en profondeur (les vrais changements demandent du temps). Le vrai pouvoir est très fragmenté, même en France où la présidence est pourtant une des plus puissantes au monde.

Donc, notre exercice avait juste pour but de confronter nos idées sur la façon de « débloquer le pays » une bonne fois pour toutes !
Ben oui, on est ambitieux ou on ne l’est pas. Et quitte à avoir la présidence, autant que ça serve à quelque chose, hein !

Bien évidemment, la principale difficulté résidait dans cette limite à dix… Des mesures importantes, à prendre d’urgence, on pourrait en trouver facilement vingt ou plus !

Bref, voici les dix mesures que j’ai proposées aux regards critiques de mes fils (et ils ont fait de même) :

1— Emploi
Sans liberté de licencier, il n’y a pas d’embauche !
Le Code du travail est nettoyé et la liberté de licencier restaurée.

2— Logement
On doit pouvoir expulser des locataires indélicats. La loi concernant le logement est modifiée et simplifiée dans ce sens.

3— Santé
On consomme beaucoup trop de médicaments en France (surtout quand on compare à nos voisins…) !
Les médicaments inutiles, inefficaces et dangereux se voient retirer leur AMM et, pour les autres, seuls ceux qui n’ont pas de génériques alternatifs sont encore remboursés.

4— Médias
à quoi servent les médias dits de service public ? À rien !
France Télévisions et Radio France sont privatisés. Ça ne changera rien à l’offre de contenus et ça sera plus cohérent. La redevance audiovisuelle est supprimée pour les mêmes raisons.

5— Politique étrangère
à quoi set l’ONU ? À rien !
La France se retire de l’ONU.

6— Défense
La France doit-elle se doter de moyens de projection pour pouvoir intervenir comme une puissance coloniale qu’elle n’est plus ?
Non. Plus de porte-avions couteux et fragiles du coup. Notre effort de défense est concentré sur la protection du territoire. C’est tout et c’est déjà beaucoup. Du coup, forcément, on se retire aussi de l’OTAN…

7— Justice
Les prisons sont vidées et supprimées. Les peines lourdes (plus de trois ans d’emprisonnement) sont envoyées en Guyane dans un périmètre spécial. Les peines légères sont assignées à résidence avec bracelet électronique (avec localisation GPS et camisole chimique si nécessaire) pour la nuit, aux travaux d’intérêts généraux pour la journée. Les détenus vont servir à quelque chose : nos espaces seront propres désormais.

8— Police
La Gendarmerie est supprimée. Ses effectifs sont versés dans la Police nationale. La distribution des effectifs est revue : moins en zone rurale et plus en zone urbaine.

9— Services publics
Les organisations et structures redondantes et inutiles sont supprimées. Une seule agence sanitaire de contrôle des médicaments et non deux par exemple.

10— Enseignement
Les universités sont le parent pauvre de l’enseignement supérieur depuis des décennies. On privatise les universités. Seules les meilleures vont subsister et les filières débiles et inutiles vont disparaître.

À ma grande surprise, c’est la mesure N°2 qui a provoqué le plus de débats !
Je l’ai défendue, car elle me parait tout aussi cohérente que la mesure N°1 même si, objectivement, elle est moins importante.

J’avoue que certaines de mes mesures sont « symboliques » : elles visent aussi à faire évoluer les mentalités et pas seulement le cadre qui régit notre pays. Car l’une (les mentalités) entrainera sûrement l’autre (le cadre juridique et sociale).

Dans les jours qui viennent, je vais détailler chacune de ces mesures sur mon blog, car, énoncer ainsi, ça fait un peu court… Je sais bien que certaines de ces mesures vont me faire passer pour le dernier des fachos, mais je préfère encore cela à être vu comme un bien disant politiquement correcte parfaitement inutile.

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Du côté de la magie Ducati, sous le soleil du Paul Ricard…

Ce week-end, j’ai eu l’occasion d’apprécier une journée entière de roulage sur le tracé du « driving center » du circuit Paul Ricard. Avec mon fils Val, nous avions loué deux Ducati : une Monster 821 pour moi et une Panigale 959 pour lui. Le matin, la piste était encore humide, mais, dès après la pause déjeuner, le circuit était parfaitement sec et nous avons pu piloter « libérés ». Val est bien plus rapide que moi, mais, cette fois, grâce à l’agilité de la « petite » Monster, j’ai pu rester quelquefois avec lui parce que le tracé du driving center est très sinueux et vraiment pas rapide (pour des raisons évidentes de sécurité… si vous voulez aller très vite, privilégiez le vrai tracé du circuit, là vous aurez de quoi faire !).

En arrière-plan, le grand tracé du Paul Ricard, sous un beau soleil en plus !

En arrière-plan, le grand tracé du Paul Ricard, sous un beau soleil en plus !

Cette agréable journée de roulage était également l’occasion pour moi d’essayer enfin une Ducati. En effet, avec KTM, c’était la seule marque dont je n’avais jamais essayé de moto. Alors, la légende Ducati est-elle à la hauteur de sa réalité ?
Ai-je été sensible à la « magie des motos rouges » ?
Dans l’ensemble, on peut dire que oui. Entendons-nous bien, je ne suis pas un fan-boy. J’ai essayé et apprécié des Harley, mais jamais je ne tomberais dans le travers de dire « une Harley ou rien ». Pareil pour BMW, Triumph et d’autres marques à la forte identité. Ce qui m’intéressait ici, c’était de comprendre pourquoi ces machines pouvaient susciter la passion.

Lui sur la Panigale, moi sur la Monster... ça va !

Lui sur la Panigale, moi sur la Monster… ça va !

Je n’ai roulé qu’avec la Monster. La Panigale, avec sa position de conduite sportive radicale, ne m’intéressait pas. Le feeling avec une moto repose aussi sur des points importants comme celui-là : rouler quasiment à plat ventre sur le réservoir, ça me rebute même si c’est efficace (heureusement, sur le tracé du driving center, ce n’était pas un handicap). Je dois avouer que j’ai été très séduit par cette moto qui m’a vraiment facilité les choses : souple (à condition de ne pas exagérer) et puissante (et avec un très beau bruit, ce qui ne gâche rien), la Monster est aussi redoutablement facile à placer, car elle freine bien (avec l’ABS qui se déclenche quand il faut) et tourne sans rechigner, sans que son pilote ait besoin de faire un effort pour la placer sur l’angle ou la relever. Le seul défaut que j’ai réussi à trouver, c’est juste un détail : j’aurais bien aimé avoir un indicateur de rapport engagé (j’en profite pour signaler que la boite est vraiment bonne à condition de bien appuyer sur le sélecteur pour rétrograder : j’ai eu quelques loupés à ce niveau-là, car je me contentais de « caresser » le sélecteur au lieu de bien faire le geste), ça m’aurait évité quelques erreurs dans les virages lents du tracé.

Val s'est vite bien entendu avec la Panigale !

Val s’est vite bien entendu avec la Panigale !

Val a moins d’expérience que moi de la diversité des machines et il n’avait que la Honda CBR 600 (un peu) et la Yamaha R6 (surtout) comme points de référence. Mais il a beaucoup apprécié la facilité de la Panigale qui semble moins exigeante que la R6 : la souplesse et la disponibilité du bicylindre desmo permettent d’éviter d’avoir à cravacher comme avec la R6.

La Monster est tellement "facile", qu'on est vite à l'aise dessus...

La Monster est tellement « facile », qu’on est vite à l’aise dessus…

Au final, nous avons passé une journée sublime, sous le soleil et avec des machines envoutantes. Rouler sur circuit est quand même la meilleure façon de découvrir des motos sportives, sans conteste.

Cette journée de roulage était encadrée (très bien) par 4G moto. Nous avions déjà fait un stage avec l’école De Radigues qui est également très bien. Voilà des adresses que je vous recommande…

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Extrait de mon livre « cette révolte qui ne viendra pas »

Voici un extrait de la conclusion de « Cette révolte qui ne viendra pas« . Mon livre « sur les questions de société » qui est déjà en quatrième édition…

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La grande inversion

Ce qui a changé fondamentalement dans notre rapport à la bêtise c’est l’inversion de la diffusion. Je m’explique : auparavant, les moyens de diffusion étaient principalement réservés aux élites. Peu importe ce qu’on a comme définition au mot élites, en gros il s’agissait de peu de gens qui s’exprimaient sur quelques sujets avec un niveau de qualité relativement élevé. On pouvait ne pas être d’accord avec ce qui était exprimé, il y avait également un filtre politique qui faisait que toutes les idées ne pouvaient pas s’exprimer mais, d’une façon générale, l’expression était d’un niveau assez bon.

À l’inverse, l’idiot du village, lui, n’avait pas accès à ces moyens d’expression. À cette époque, le pire qu’on puisse imaginer, c’était les chansonniers de cabarets. Ceci correspondrait au niveau d’expression le plus bas qu’on pouvait trouver à la naissance des médias de masse, puisque ces chansonniers de cabarets pouvaient passer à la radio, mais leur temps d’antenne était minoritaire par rapport aux autres contenus de qualité. Ce qui a changé fondamentalement avec notre époque c’est que justement, les moyens d’expression ont été mis à disposition des masses. On peut même dire, on doit même dire « ont été abaissés » jusqu’aux masses et les masses s’en servent.

On le constate également au sein de ses médias, on va inviter et mettre en avant, voir même glorifier dans une certaine mesure des gens qui ont un niveau bien plus réduit voire même pas de niveau du tout. Et ce même par rapport aux chansonniers d’avant-guerre. Ceux-ci n’étaient pas des références, n’étaient pas formidables, mais se tenaient quand même à peu près. Par exemple, j’ai toujours détesté Maurice Chevalier, mais finalement, Maurice Chevalier n’était jamais qu’un chanteur de variétés, comme il en a existé beaucoup d’autres. Dans les années 70-80, il y avait des artistes à peu près corrects, et il y en avait plein d’autres dont on devrait avoir honte encore aujourd’hui. Mais il y avait quand même un relatif équilibre dans la mesure où la médiocrité n’était pas omniprésente.

Aujourd’hui en matière de variété ou tout du moins dans ce qu’on appelle être l’équivalent de la variété, c’est presque invariablement d’un niveau très bas. Quand on voit le niveau de certaines personnalités mises en avant on est même très loin du talent des chansonniers d’avant-guerre. On peut même s’interroger sur la compétence ou le talent de base qui justifie qu’on invite, qu’on donne une tribune, qu’on donne une voix à des gens qui, il faut bien reconnaître, n’ont rien à dire. Sans avoir besoin de chercher très loin on a tous en mémoire les absurdités proférées à l’antenne par telle ou telle de ces personnes qui ont pour seul le mérite d’avoir faire rire (grassement) les plus abrutis d’entre nous.

C’est avec les réseaux sociaux qu’on a l’illustration la plus éclatante de cette grande inversion. La masse s’est emparée de ces services et en fait un usage intensif pour partager et diffuser largement les contenus les plus désolants.

Donc, nous sommes en présence d’une inversion. Il s’agit bien d’une inversion des contenus qui sont diffusés : auparavant des moyens de diffusion qui étaient rares et qui, du coup, étaient réservés aux gens qui avaient quelque chose à dire. Ça ne veut pas dire que c’était tout le temps excellent et que c’était tout le temps diversifié, comme on l’a vu plus haut, il y avait des filtres et il y avait des inégalités. Mais, dans l’ensemble, les contenus étaient de qualité et la médiocrité était relativement rare. Aujourd’hui c’est radicalement différent, c’est comme si il n’y avait plus aucun filtre, et qu’on donne la parole même à ceux, et j’ai envie de dire surtout à ceux, qui n’ont rien à dire, qui n’ont absolument rien à faire valoir et qui sont simplement des bouffons. Des bouffons au sens originel du terme c’est-à-dire des gens qui sont censés amuser les puissants. Mais justement, c’est là où la notion de puissants a changé, autrefois le puissant c’était le prince, le capitaine, le tyran, etc. Aujourd’hui le puissant, c’est la foule. C’est l’opinion publique, c’est la masse. C’est dans ce changement qu’on trouve et qu’on comprend ce phénomène d’inversion.

Cette conclusion est sombre, tout autant que le contenu de cet ouvrage. Pourtant, il ne tient qu’à nous, de changer les choses et d’abord à notre propre niveau. Voici donc mon plan pour que vous tous, vous redeveniez des êtres humains pleins et entiers : debout, dignes, fiers et autonomes.

Mon plan pour redevenir un être humain

Étape 1 : éteignez la télé. Oui, il le faut et définitivement. Non, il n’y a pas une seule chaîne qui mérite d’échapper au couperet. Éteignez la TV, débranchez le cordon et rangez-la à la cave sinon à la déchetterie.

Étape 2 : éteignez la radio. Mais oui, elle aussi. Non, il n’y a pas non plus, hélas, une seule station qui mérite d’échapper au couperet. Même France Culture est en chute libre et les exceptions genre « Là-bas si j’y suis » sont trop rares pour que le « poste » mérite d’échapper à la casse.

Étape 3 : si vous le faisiez encore, arrêtez de lire les journaux. Là encore, hélas trois fois hélas, rien ne mérite d’échapper au feu ou, au moins, à la poubelle. Quand on voit où sont tombés des quotidiens comme « Le Monde » ou des hebdos comme « L’Express », ça permet de comprendre où nous sommes rendus, tout en bas. Inutile donc de perdre du temps avec ces torchons.
Pareil pour les sites Web, même des nouveaux titres comme Rue89. Ils ont montré maintes fois leur collusion avec les organes de propagandes officiels et ne servent donc qu’à relayer la pensée unique et le politiquement correct, à fuir !

Étape 4 : refusez les contraintes obligatoires genre vaccinations, habituez-vous à appliquer la désobéissance civile quand c’est nécessaire (et ce réflexe risque de se multiplier à l’avenir).

Étape 5 : remettez en cause les évidences qu’on vous a inculquées pendant des années, habituez-vous à penser par vous-mêmes (sinon, d’autres le feront à votre place… Pour la plupart, c’est déjà en cours). Revisitez l’histoire (qui est une sorte d’actualité passée, une analyse correcte de l’histoire passée permet de mieux comprendre l’actualité présente) et vous percevrez mieux combien les mensonges d’hier ressemblent à la propagande d’aujourd’hui.

Une fois que ces cinq étapes seront franchies, respirez à fond et souriez : vous êtes redevenu un être humain, un vrai. Et personne, aussi habile et mal intentionné soit-il, personne ne pourra vous retirer cela.

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Essais BMW : F800R et R1200RT dans les monts du Lyonnais, une révélation !

Comme souvent, je suis allé retrouver Cyrus à Helice Motos pour encore essayer des modèles de la gamme du constructeur allemand. Après la mémorable Nine T ou le scooter C650, cette fois, je voulais vraiment tester l’un des modèles équipés du bicylindre Rotax.

Car je me suis toujours demandé pourquoi BMW avait ajouté ces machines à sa gamme, surtout avec un moteur étranger. Du coup, je voulais voir ce que ça donnait comparer à la récente série des MT de Yamaha ou les NC de Honda. Pour m’accompagner, Cyrus prit une grosse R1200RT en me disant « tu essayeras celle-là aussi, tu vas voir… ».

Et nous voici sur notre terrain de jeu habituel, celui de Cyrus plus exactement. Et, comme à chaque fois, j’ai du mal à le suivre. Du coup, ça m’oblige à tirer sur la F800R qui répond bien. Cette machine est très facile à prendre en main : la position de conduite est bonne bien meilleure que sur la MT07 !), elle freine bien et supporte sans broncher mes erreurs et corrections de trajectoires alors que je tente de garder Cyrus en ligne de mire !
Le moteur pousse bien aussi. Il est annoncé pour 90 ch mais, surtout, il pousse dès les bas régimes, j’aime ça !

En revanche, il ne semble pas trop apprécier d’aller haut dans les tours : dès qu’on passe 6000 tr/mn, il commence à vibrer. Manière de vous dire « hé, ça y est, je t’ai donné tout le couple que j’avais, passe la vitesse supérieure maintenant ! »… Bref, une « basique » intéressante, à la hauteur de la concurrence, mais pas une machine inoubliable non plus. Ces modèles sont là pour offrir une « entrée de gamme » à prix raisonnable. Manière d’inciter le motard débutant à entrer dans la marque…

Une fois ma curiosité assouvie sur ce point, j’avais hâte de prendre le guidon du « navire amiral » !
Souvent, j’ai interrogé des propriétaires de ce « bateau » afin de savoir si le poids de la machine n’était pas trop présent… Les réponses rassurantes sont une chose, pouvoir prendre le guidon et s’en rendre compte par soi-même, c’en est une autre… Une fois en selle, tout va bien à condition de pouvoir sortir de la place de parking où j’ai trouvé la moto : en effet, dans un creux, pas facile de manoeuvrer le monstre, surtout en reculant !
Heureusement, Cyrus est venu me tirer de cette situation en poussant la moto, tout simplement. C’est là où une marche arrière (oui !) serait la bienvenue en fait…

Une fois lancé, fini les doutes et les appréhensions : la R1200RT est un vrai vélo !
Oui, je sais qu’on lit cela trop souvent, mais, cette fois, c’est vraiment l’impression que cela fait : je comprends mieux Cyrus qui me disait « tu vas voir, c’est même plus facile qu’avec la F800R ! ». Donc, non, le poids du paquebot débordant de carénage et d’équipement ne se sent pas, vraiment pas et ça, c’est la première grosse surprise. La seconde, c’est que cette débauche d’équipement a du bon : j’ai adoré les poignées chauffantes (et la selle aussi !). L’ABS est bien là, mais il n’est pas trop intrusif. Et puis, cerise sur le gâteau, le pare-brise remonte assez haut (commande électrique au guidon), pas comme sur la FJR1300. Il n’est pas non plus affecté par des reflets gênants comme sur la Kawasaki 1400GTR.

Non seulement la R1200RT est très à l’aise dynamiquement (maniabilité, tenue de route, freinage), mais le moteur déborde de santé aussi. Et là, deux points à noter : tout d’abord, ma machine était équipée d’un « shifter » qui permet de monter (mais aussi de descendre !) les rapports sans débrayer et même sans couper les gaz !
Du coup, on ne perd rien quand on veut accélérer et ça m’a bien aidé pour rattraper la F800R à chaque sortie de virage. Et puis, pour une fois, le bruit est très sympa. Là encore, l’équipement fait la différence : ma machine était dotée d’un pot spécial qui ajoutait vraiment à l’ambiance, rien à voir avec le bruit de « bouillotte » qui m’avait tant déçu lors de mon essai de la R1200R (version dépouillée du flat-twin).

Objectivement, la R1200RT est une superbe machine, très réussie, très aboutie en fait. J’ai même poussé le vice jusqu’à la mettre sur la béquille centrale. Un test en apparence anodin mais qui en dit long sur l’équilibre atteint ou pas… Et là, 10 sur 10 !
Oui, on peut mettre ce paquebot sur la centrale sans effort ou presque. C’est un test que je vérifie souvent, car il en dit long sur comment les aspects pratiques ont été traités par le constructeur…

On sent les années d’expérience de BMW sur ce genre de moto. C’est que la saga des RT remonte à 1978 déjà avec la R100RT dotée d’un carénage intégral, comme la R100RS, mais plus grand tourisme avec un pare-brise plus haut, entre autres.

Depuis cette époque, cette machine n’a pas arrêté d’évoluer (alors qu’elle-même venait déjà d’une longue tradition). En 87, elle passe au monoamortisseur à l’arrière.

En 95, grosse évolution avec le passage au boxer à quatre soupapes par cylindre et refonte du carénage. C’est la R1100RT.

En 2001, petite augmentation de cylindrée avec la R1150RT et un carénage encore évolué.

La première version de la R1200RT apparait en 2005 avec un carénage complètement refondu (et pas très réussi sur le plan esthétique… ça s’est arrangé par la suite).

Les machines exceptionnelles se reconnaissent facilement : elles ne sont pas éphémères, elles creusent leur sillon et marquent le paysage du marché de la moto. Elles ne sont pas nombreuses à avoir réussi cela. La R1200RT en fait partie, je le sais maintenant.

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Extrait de mon livre « Hacking »

Cet extrait de mon livre « Hacking » se situe au moment où l’équipe chargée de pénétrer les serveurs de la DGSE (et missionnée par la DGSE elle-même, une mission de type « attaque préventive ») se réunit pour la première fois…

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6- L’équipe est constituée

Après-midi du mardi 3 avril 2009. Local d’Office Magenta.

Clément, Bertrand et Thierry se retrouvent pour leur première réunion de travail…

Clément- Thierry, comme tu es le dernier arrivé aujourd’hui, tu pourrais peut-être nous dire comment tu comptes t’y prendre pour rassembler des informations sur l’informatique de la DGSE ?

Thierry- Mais certainement Boss… Pendant que vous étiez tous les deux en train d’essayer de connecter vos portables de frimeurs au réseau miteux de cette boutique, moi j’étais sur le terrain et je sais déjà comment pénétrer les locaux de l’adversaire… Et j’ajoute que j’y serais déjà parvenu si je n’avais pas été obligé d’assister à votre réunion pourrie où je ne vais rien apprendre vu votre niveau d’ignorance totale sur la cible !

Bertrand- Thierry, tu ne peux pas nous parler comme cela; sinon, ça marchera jamais et on a besoin de se coordonner tous les trois…

Thierry- Ah pardon, moi, je n’ai pas besoin de votre coordination moisie. Je travaille en solo comme j’ai toujours fait… Et de toute façon, qu’est-ce que vous pourriez m’apporter ?

Rien, zéro, nada : vous ne savez rien, vous n’avez pas d’idée, vous attendez que je vous mâche le boulot !

Voilà en quoi ça consiste votre gestion de projet et coordination à la mords-moi-le-nœud !

Clément- Bon, je vois que les échanges vont être super-constructif avec le petit génie que tu nous as amené là, Bertrand; on va bien s’amuser tous les trois !

Mais en dehors d’afficher ton mépris pour les abrutis qui vont t’aligner 1 000 euros avec le sourire, en quoi ta supériorité manifeste est-elle justifiée, Môssieur le génie ?

Thierry- Je vous aurais déjà expliqué ce que j’ai réussi à savoir si vous ne m’interrompiez pas toutes les deux secondes avec vos pleurnicheries de donzelles vexées. Donc, j’étais ce matin 141 bd Mortier, adresse officielle du siège de la DGSE, pour constater que l’entrée est bien gardée mais le contraire aurait été étonnant. J’ai pu soudoyer le planton qui était dans le sas, en lui racontant que je préparais un reportage pour une chaîne de la TNT. On a déjeuné ensemble au moment de sa pause et je sais qu’il faut un badge même pour passer l’entrée principale. Même le nettoyage des bureaux n’est pas confié à une société extérieure, tout est traité en interne, pas moyen de passer par ce biais.

En fait, le planton n’est là que pour compter les entrées et les sorties ainsi que de vérifier le bon fonctionnement du système de caméra de surveillance interne.

Bertrand- Et ce fameux badge, tu sais de quel type il est ?

Tu crois qu’on peut le reproduire ?

Thierry- Pas besoin de le reproduire car j’ai volé celui du planton !

Clément- Hein ?

C’est pas malin ça : le type va s’en apercevoir et donner l’alerte… Ton badge va être invalidé et ils vont être deux fois plus sur leur garde… Dans ces conditions, tu vas jamais pouvoir y entrer…

Thierry- Quand vous aurez enfin compris qu’il vaut mieux me laisser parler, j’aurais le temps de vous dire que j’ai au moins une semaine devant moi avant que le planton ne s’en aperçoive et éventuellement signale la disparition du badge en question… En effet, le garde en faction change tous les jours et le roulement se fait à partir de la garnison des cadets qui sont stationnés au Val de Grâce… Donc, j’ai au minimum une semaine pour faire le boulot, pas d’affolement. Mon type en question en avait fini avec sa garde, juste au moment où j’ai pu l’aborder; j’aurais quasiment pu le raccompagner au Val de Grâce.

Bertrand- Donc, tu peux y aller dès demain alors ?

Thierry- Oui, je ne vais pas tenter d’y aller le soir et me faire remarquer comme un nigaud que je ne suis pas. Je vais me glisser dans le flux normal des horaires habituels. Normalement, dès demain je passe la matinée là-bas. Je vous retrouverai demain après-midi pour une nouvelle réunion de coordination pourrie que vous aimez tant, bande de lamers.

Clément- Profite-en pour changer de ton avec nous car je ne vais pas supporter tes remarques désobligeantes très longtemps… En attendant le récit de tes prochains exploits, je vais te dire ce qu’on cherche en priorité…

Thierry- Oui, ça au moins cela me serait utile…

Clément- Il nous faut les adresses IP des serveurs, n’importe quels serveurs, il nous faut rien qu’un point d’entrée… À partir de là, on pourra commencer à se débrouiller.

Bertrand- Essaye aussi de savoir quelles sont les applications utilisées, les annuaires d’utilisateurs ou la config réseau… Tout ce qui peut nous servir à nous orienter; une fois connectés sur leur intranet, le moindre truc sera utile.

Thierry- Eh, vous ne voulez pas que je vous rapporte un de leur serveur pendant qu’on y est ?

Une fois dans la place, je vais voir ce que j’y trouve : je ne peux rien promettre à l’avance… Attendez au moins jusqu’à demain et là, je pourrai vous en dire plus.

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Un extrait de mon livre « Racing »

Voici un extrait de mon livre « Racing ou le parcours tardif d’un passionné« . J’ai choisi ce passage parce qu’il me parait significatif d’une certaine ambiance au tout début des années 80 (cet épisode se déroule en mai 1979). J’arrive à Montlhéry pour la 3e manche du Challenge Honda 125…

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Je prends le temps de faire le tour du « camp » et je retrouve mes camarades. C’est que, lors des deux dernières courses, j’ai eu le temps de lier quelques connaissances. Nous formons un petit groupe homogène de débutants sans prétention et aux résultats limités.

La compétition, c’est l’aventure !

Je prends des nouvelles des absents, la plupart du temps éloignés des circuits suite à une mauvaise chute. Nous nous apitoyons brièvement sur le cas de tel ou tel, touché à la tête et qui tarde à revenir. En dehors de cette « revue des blessés », nous rions franchement à l’énumération de nos propres conditions physiques (une belle panoplie de fractures à peine ressoudées nous rend encore plus proches les uns des autres, il est étonnant de voir des garçons si jeunes déjà si marqués par les accidents). C’est moi qui décroche le pompon avec ma broche dans la cuisse, dont l’extrémité est bien visible à fleur de peau… Je suis aussitôt surnommée « brochette » par la petite bande rigolarde !

En vérité, cet épisode est significatif d’un aveuglement collectif : les concurrents disparaissaient les uns après les autres pour diverses raisons et personne ne s’en inquiétait. Pour cette jeunesse épargnée par les guerres et vivant dans un pays riche, il était naturel d’aller risquer sa santé (voire sa vie) sur des pistes de bitumes afin de décrocher un trophée en fer-blanc. Avec le recul, je m’aperçois combien la compétition mécanique a remplacé les affrontements militaires dans bien des aspects. Pour un jeune de notre temps, c’est une façon de vivre l’aventure, la vraie avec tous ces aspects et tous ces dangers.

Engagez-vous et vous verrez du pays, affrontez-vous et vous deviendrez des hommes, triompher des autres et vous deviendrez célèbre. Le champion construit son ascension sur la pile de « cadavres » qu’il laisse derrière lui. Tous ces cadavres ne sont pas seulement des morts, des blessés ou des mutilés, il s’agit aussi de destins brisés, d’ambitions contrées, de vocations déçues et d’espoirs ruinés (au sens propre aussi d’ailleurs…).

Pour chaque réussite, le démon de la compétition exige mille ou même dix mille échecs en contrepartie. Pour avoir le droit de participer au grand tirage au sort, pour avoir sa chance de sortir du lot, chacun est prêt à tout : vendre ses biens, travailler sans compter dans des emplois sans intérêt et même, affronter la douleur physique des conséquences d’une mauvaise chute. Mais, bien sûr, personne ne pense à cela au départ. Tous sont tendus vers leur unique but : la victoire, le sourire de la déesse de pierre.

Voilà un troupeau bien docile, volontaire même et à qui l’on peut tout demander (et le microcosme qui gravite autour –médias, organisateurs, préparateurs, etc.- ne manque pas d’exploiter ce filon par tous les bords).

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Un nouveau chapitre du livre « Dr Miracle » en cours d’écriture…

Comme promis, voici le chapitre suivant de la saison 1970 du Dr Miracle…

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Piech & Porsche

Crombac avait raison et j’ai eu la chance d’être pile dans le bon timing lorsque je rencontrais Ferdinand Piech. Après un premier contact par téléphone, celui-ci m’invita à venir chez lui, à Stuttgart. Piech était de la famille Porsche (neveu de Ferry Porsche) et il était connu pour son ambition et sa créativité. Il parlait un anglais rocailleux et on sentait qu’il n’avait pas de temps à perdre en bavardages polis et autres conventions sociales. Il me dit tout de suite ce qui le souciait : Porsche ne gagnait pas.

— Porsche ne gagne pas ?

Pourtant, à part Sebring, vous avez largement dominé Ferrari dans toutes les manches du Championnat du monde jusqu’ici, non ?

— Ach, vous ne comprenez pas : ce sont MES Porsche qui ne gagnent pas !

Certes, Porsche est largement en tête du Championnat du monde, mais c’est uniquement grâce à Wyer. Ce que je veux, c’est lui faire ravaler son arrogance à ce vieux « death ray ».

Ferdinand Piech en 1970.

Ferdinand Piech en 1970.

Je connaissais John Wyer de réputation et, effectivement, il était surnommé « le rayon de la mort » à cause du regard noir qu’il pouvait vous adresser quand les choses ne se passaient pas comme il le voulait. Le vieux gentleman était extrêmement compétitif… tout comme Ferdinant Piech en fait. L’allemand m’expliqua en détail une histoire que je ne connaissais que partiellement : c’est lui qui était à l’origine du projet 917, les voitures qui triomphaient désormais, mais qui avaient été difficiles à mettre au point durant la saison 69. Hélas, cette saison avait été coûteuse, car il avait été nécessaire de mener de front l’amélioration des 917 tout en continuant à travailler sur les 908 afin d’assurer la victoire au Championnat du monde des voitures de sport. Pire, la construction anticipée des 25 prototypes type 917 nécessaires pour l’homologation avait engendré des dépenses exorbitantes pour un constructeur comme Porsche qui était encore de petite taille à cette époque.

Ferry Porsche, le patriarche et président de la firme a fini par prendre peur et a voulu contenir les « ambitions délirantes » de son neveu. Le titre obtenu en 1969 avait coûté bien trop cher à ses yeux, surtout que la victoire au Mans avait de nouveau échappé aux voitures allemandes en dépit de la présence d’une véritable armada (tout comme en 1968). Ferry avait décidé de se rapprocher de l’ennemi d’hier : John Wyer. Le deal proposé était simple, habile et avantageux pour les deux parties : Porsche fournissait les voitures (des 917 principalement, mais aussi des 908 pour la Targa Florio et les 1000 km du Nurburgring où il avalait mieux privilégier la maniabilité à la puissance) et Wyer les faisait courir avec l’aide de son sponsor, le pétrolier Gulf.

Dès le début, cette « dream team » donna de bons résultats : doublé aux 24 heures de Daytona, victoire à Brand Hatch, Monza, à la Targa Florio et à Spa. Porsche dominait le Championnat du monde et Ferrari peinait à figurer honorablement avec les puissantes, mais perfectibles 512s. Bien entendu, Piech ne voulait pas laisser Wyer récolter les lauriers avec son projet, la fabuleuse Porsche 917 enfin arrivée à maturité. Il ne pouvait plus dépenser librement l’argent du département course du constructeur, mais il trouva une solution astucieuse : il monta une équipe de toute pièce avec l’argent de sa mère, Louise Piech, la soeur de Ferry. En effet, celle-ci détenait Porsche Autriche et c’est avec le nom de Porsche Salzburg que Piech avait pu s’aligner en compétition bien décidé à concurrencer les Gulf Porsche de John Wyer.

Mais, en dépit du fait qu’il avait pu garder Vic Elford, les résultats tardaient à venir. « Quick Vic », comme on le surnommait était toujours une pointure, mais une équipe ne peut reposer sur un seul pilote, aussi talentueux soit-il…

— J’ai été obligé de céder Brian Redman et Jo Siffert à Wyer, mais j’ai tout de même pu garder Elford et celui-là vaut bien les autres. Mais mon problème, ce ne sont pas les pilotes, j’en suis sûr. Mon problème, c’est que mes voitures sont toujours accablées d’ennuis alors que celles Wyer passent à travers… Je veux que ça cesse, je veux qu’on gagne enfin !

De plus, ce vieux bonhomme ose dire que c’est grâce à lui que les 917 marchent bien cette saison.

Là aussi, l’histoire était connue et représentait comme du sel sur la plaie de Ferdinand : lors d’un test à Zeltweg fin 69, John Horsman, l’ingénieur du team Wyer qui était là en tant « qu’observateur », avait mis le doigt sur le fait que l’aileron arrière semblait être mal alimenté par le flux d’air. La forme ondulante du capot déviait le flux à cet endroit critique… En bricolant un capot présentant une pente douce montant vers les spoilers, Horsman avait permis de changer radicalement le comportement de la voiture que testait alors Brian Redman ce jour-là. C’est grâce à cette découverte aérodynamique que la 917 était devenue tout d’un coup l’engin à battre. Piech n’avait pas apprécié que ce soit cet « étranger » qui contribue à la touche finale de son joyau… ça peut se comprendre.

— Bref, je veux que vous fassiez une enquête au sein de mon team afin de déterminer ce qui manque ou ce qui ne fonctionne pas. La semaine prochaine, nous serons tous aux 1000 km du Nurburgring. Elford y est déjà avec une équipe réduite afin d’évaluer si la 917 pourrait y être compétitive ou si nous devons prendre les 908-3 comme en Sicile. Ce rendez-vous est presque aussi important que les 24 heures du Mans, surtout pour nous autres Allemands !

Je veux battre Wyer dans l’Eiffel (le circuit du Nurburgring est situé dans le massif de l’Eiffel). Si vous m’obtenez cette victoire, je peux vous promettre que nous travaillerons longtemps ensemble.

Puisque j’avais décroché la mission, je me mis au travail aussitôt et je rejoignis le Nurburgring pour assister à la fin de la préparation pour les 1000 km. Je fus reçu par Helmut Bott qui supervisait cette séance étalée sur plusieurs jours. Herr Bott était le responsable du département R&D de Porsche, mais, comme il me l’expliqua lui-même, ses responsabilités pouvaient être diverses et variées…

— En ce moment, je peux dire que je supervise Ferdinand à la demande de son oncle. Ferry est très satisfait de l’accord avec Wyer et il n’a pas envie de voir son turbulent neveu tout mettre par terre alors que les résultats sont là. D’un autre côté, tout le monde chez Porsche est conscient que c’est grâce à l’ambition et à la créativité de Ferdinand si on arrivé à ce niveau de compétitivité, alors…

— Alors Ferry Porsche essaye de ménager le chèvre et le chou, c’est ça ?

— Oui, exactement, comme vous dites vous les Français !

— Mais alors, qui gère cette équipe « Salzburg » en fait ?

— Ach, c’est une partie du problème… Normalement, c’est Rico qui est en charge.

— Rico ?

— Oui, Rico Steinemann. Rico était un bon pilote qui a raccroché fin 68. Depuis, il travaille pour nous, surtout sur les aspects « relations publiques » comme on dit maintenant. C’est lui le team-manager en titre, mais, quand Ferdinand est là, c’est lui le vrai chef de cette écurie.

— Et vous ?

— Oh moi, j’ai passé l’âge d’essayer de m’imposer, surtout à quelqu’un comme Ferdinand !

Mais il est assez intelligent pour écouter mes avis quand je lui glisse qu’il faudrait faire telle ou telle chose d’une certaine manière.

— Vous disiez que la gestion de l’équipe était une partie du problème… quelle est l’autre ?

— Eh bien, Ferdinand est un innovateur, un peu comme Colin Chapman en fait. Pour lui, les choses ne sont jamais figées, il faut toujours chercher, faire reculer les limites et ça dans tous les domaines. Du coup, les voitures bougent tout le temps avec lui. Un exemple : à Monza, le moteur 4,9L était prêt, mais, bien sûr, Wyer n’en a pas voulu, car il ne voulait pas prendre le moindre risque sur la fiabilité. Du coup, on l’a mis sur la voiture d’Elford.

— Et ?

— Et c’est Wyer qui a gagné !

— Le moteur n’a pas tenu ?

— On a pas eu le temps de s’en rendre compte, car Vic est sorti de la piste à cause d’un pneu qui a éclaté.

— Pas de la faute du moteur, ça…

— En êtes-vous si sûr ?

Et si c’était le surcroit de puissance par rapport au 4,5L qui avait causé le stress du pneu ?

Bref, tout ça pour dire que si on veut aligner les résultats, il vaut mieux être conservateur comme Wyer.

— Oui, évidemment.

— Du coup, Piech et Wyer, c’est comme le feu et l’eau. Ces deux-là ne peuvent pas s’entendre, car ils ne peuvent pas se comprendre. Pour Piech, Wyer est un vieux bougon qui ne sait dire que « non » à toutes ses propositions. Pour Wyer, Piech n’est qu’un trublion qui ne connait pas les fondamentaux du sport automobile et ne sait pas gérer une écurie. Pas étonnant que Ferdinand veuille battre l’écurie Gulf à tout prix !

— Et vous arrivez tout de même à collaborer avec Wyer ?

— Oh oui, tout le monde arrive à travailler avec Horsman et Yorkes car ce sont des types intelligents et compétitifs. Eux veulent gagner et savent ce qu’il faut faire pour cela. Et nous, nous sommes contents, car ce sont des Porsche qui sont devant. Il n’y a que Ferdinand pour être frustré par la situation. Encore que je pense que sa mère, Louise, aimerait bien aussi en remontrer à son frère et c’est pour cela qu’elle a largement ouvert sa bourse pour son fils. Car tout cela coûte cher !

Et nous, chez Porsche, nous facturons tout; absolument tout, ordre de Ferry. On ne veut pas que Wyer puisse nous reprocher quoi que ce soit à propos de l’écurie Salzburg. Notre entente tient justement parce que Wyer sait que nous ne favorisons pas ce concurrent.

— Mais comment expliquer ce manque de résultat tout de même ?

— Assez simplement : manque de chance. En sport auto, c’est important la chance !

Jusqu’à maintenant, soit nous avons eu des problèmes comme à Daytona, Sebring et Monza, soit nous avons été surclassés par Rodriguez à Brands Hatch et Siffert-Redman à Spa. On peut poser la même question à propos des Ferrari : comment expliquer que l’armada rouge soit obligée de se contenter de sa victoire à Sebring jusqu’à maintenant ?

Et justement, la victoire de Sebring a été plutôt chanceuse, même eux le reconnaissent.

Et puis il faut aussi dire qu’Elford est un peu trop seul face à Rodriguez et Siffert qui sont de sacrées pointures. Siffert est secondé par Redman qui est un très bon pilote en plus. Mais nous, que nous reste-t-il ?

Herrmann, Attwood et Ahrens sont des bons pilotes, mais pas assez vites pour vraiment rivaliser avec Redman… Alors, que dire face à Siffert ou Rodriguez ?

Vic ne peut pas tout faire tout seul, c’est déjà un handicap. L’autre handicap, c’est la préparation des voitures. L’équipe de Wyer est focalisée sur la préparation, ils peaufinent les détails jusqu’à l’obsession. Y compris dans les arrêts aux stands, là aussi ils sont impeccables alors que nous… Bon, on quand même meilleurs que chez Ferrari où c’est toujours un joyeux bordel, excusez-moi de le dire ainsi !

Bref, pour en revenir à la préparation, nos voitures ne sont jamais aussi soignées que celles de Wyer et c’est normal : Ferdinand ne sait pas ce qu’est la stabilité. Il veut toujours tester des nouvelles pièces. Du coup, les mécanos passent leur temps à monter et démonter ces pièces « spéciales » au lieu de corriger les derniers défauts des châssis ou de l’habitacle.

À la fin de la journée, je pus coincer Helmut Flegl afin de l’interroger à son tour. Pas aussi décontracté que Bott, Flegl se plia tout de même à mes questions en soupirant…

— Vous voyez par exemple, Ferdinand a absolument voulu que nous fassions un test comparatif entre une 917 et une 908-3. Mais celui qui connait la Nordschleife vous dira que la 917 est bien trop lourde pour rivaliser avec la 908, surtout avec le dernier modèle qui a gagné la Targa Florio !

— Ferdinand ne connait pas la Nordschleife ?

— Si pourtant, mais il ne veut rien entendre. Il ne veut jamais se contenter de l’expérience, il veut toujours reculer les limites. Et puis, aussi, il aime tellement le projet 917 qu’il croit que cette voiture peut triompher partout.

Du coup, on a perdu du temps sur ce comparatif absurde au lieu de peaufiner les réglages de la barquette. Heureusement, Vic s’est pris un aigle dans le pare-brise avec la 917 et on a donc une bonne excuse pour la mettre de côté…

— Et c’est toujours comme cela avec Piech ?

— Oui, il est têtu comme une mule !

Et puis, c’est le patron tout de même. Enfin, le neveu du patron, mais c’est tout comme. Je crois qu’il n’y a plus que Ferry qui soit capable de faire plier Ferdinand désormais. Mais n’allez pas croire que je me plains de Ferdinand. Tout le monde l’adore en fait.

C’est grâce à lui si nous en sommes là. Et puis, pour le moment, on domine, mais rien ne dit que les Ferrari ne vont pas revenir dans la course et alors, on sera bien content que monsieur Piech ait des idées en réserve pour nous redonner l’avantage. Dans le monde de la course, faut jamais s’endormir sur ses lauriers ou les réveils sont difficiles !

Regardez Wyer qui est tout fier de sa préparation impeccable… Mais si on ne lui avait pas donné des 917, il ne serait nulle part aujourd’hui !

J’aimerais bien voir ce qu’il arriverait à faire avec des GT40 cette année… Et puis, quand il a essayé de construire ses propres voitures, les Mirages, il n’est arrivé à rien en terme de fiabilité. Donc, lui aussi en fait, il bénéficie du travail de Ferdinand.

Faut quand même avouer qu’il nous écoute, Helmut, Peter (Falk) et moi. Et ça lui évite bien des bourdes.

Pour finir, j’ai invité Vic Elford à aller boire un verre au bar du circuit. Et là, au milieu des photos de pilotes célèbres (dont pas mal se sont tués en course depuis…), Vic me donna le point de vue du pilote vedette…

— Oui, je sais, ils critiquent tous Piech, mais c’est normal : les génies sont toujours incompris. Or, c’est un génie, ce gars, rien de moins. Car il fallait du génie pour imaginer et imposer une voiture pareille !

Tiens, j’ai testé la 917 sur la Nordschleife, le circuit le plus difficile du monde… Eh bien, elle est quasiment aussi rapide qu’une légère barquette 908 qui danse facilement dans les enchainements. Et la longue queue, parlons-en de la longue queue !

En 69, plus personne ne voulait piloter la version longue de la 917, même après que nous ayons failli la faire gagner au Mans. Mais Piech ne renonce jamais et, à force de travail, il en a fait une voiture qui se pilote facilement désormais.

Lors des tests d’avril au Mans, j’étais facilement le plus rapide, mais Wyer n’en veut toujours pas. Je peux te dire que je compte bien enfin gagner Le Mans avec la longue queue après le Nurburgring. Et là aussi, ça sera grâce à Piech.

— Mais si la 917 est si bonne, pourquoi vas-tu piloter une 908 comme les autres finalement ?

C’est Falk qui m’a confirmé que vous n’alignerez pas de 917 pour les 1000 km.

— C’est vrai, sur un tour, j’arrive à aller aussi vite avec la 917 qu’avec une 908. Mais, évidemment, elle est plus fatigante à piloter qu’une barquette. Donc, le choix de la 908 est tout de même plus rationnel pour gagner sur la Norschleife. Mais ça ne retire rien à ce que j’ai dit : Ferdinand est capable de tout et je crois au génie de ce type.

Je me retrouvais un peu dans la même situation qu’avec Lagardère et Matra : un patron génial, mais dont les excès gâchaient le potentiel de l’équipe. Je ne savais pas encore comment éviter l’impasse dans laquelle je m’étais retrouvé avec la mission Matra. Mais, cette fois, ce n’est pas un rapport que je devais remettre, mais permettre à l’équipe de gagner. Comment faire ?

Finalement, je me souciais pour rien, car, cette fois, la chance a tourné et l’équipe Salzburg a triomphé lors des 1000 km. L’équipe Wyer a eu son lot d’ennuis sur ses deux 908-3 alors que Elford-Ahrens ont été épargnés. Piech et les autres exultaient et sortaient de cette épreuve avec un moral au beau fixe. La dynamique positive de cette victoire semblait ouvrir les meilleures perspectives pour l’épreuve phare de l’année : les 24 heures du Mans en juin 1970.

Vic Elford et Kurt Ahrens à l'arrivée des 1000 km.

Vic Elford et Kurt Ahrens à l’arrivée des 1000 km.

Or, cette année, les 24 heures avaient un plateau incroyablement relevé : 51 voitures avec une majorité de prototypes 3 et 5 litres. Un affrontement au sommet entre Porsche et Ferrari qui alignaient pas moins de dix 512s (dont 5 longues queues toutes nouvelles et conçues spécifiquement pour Le Mans) et sept 917 (dont 2 longues queues très améliorées). Il y avait aussi une Ferrari 312, deux Porsche 908 (dont celle de Steve McQueen) ainsi que des prototypes 3 litres Matra (3) et Alfa-Roméo (4), etc., etc. La quantité et la qualité des voitures alignées atteignaient des sommets jamais vus, même au plus fort de la lutte Ford-Ferrari. Quel que soit le critère considéré, on pouvait dire sans exagérer qu’il s’agissait de l’épreuve du siècle !

Grâce à sa victoire dans l’Eiffel, Piech était enfin euphorique et mon aura était aussi particulièrement brillante auprès de lui même s’il était conscient que je n’avais pas eu le temps de faire grand-chose. Il m’appelait le « docteur miracle » et ce surnom m’est resté après coup. Peut-être pensait-il que je lui avais porté chance, mais, au moins, il m’écoutait.

Profitant à fond de ma crédibilité acquise par un sort favorable, j’insistais pour qu’il ne mette pas tous ses oeufs dans le même panier. OK pour miser à fond sur la performance avec la longue queue destinée à Elford-Arhens, l’équipage de pointe. Piech était d’autant plus optimiste que Wyer persistait à refuser d’aligner une longue queue et allait se contenter de courir avec trois coupés 917, dont deux équipées du moteur 4,9L. Je lui tenais ce discours qui écoutait d’une oreille distraite :

— Votre longue queue va être super performante, surtout entre les mains de Vic Elford. Vous pouvez viser la pole position et il va sans doute mener les premières heures de courses, comme en 69.

— Mieux qu’en 69 !

Nous avons beaucoup amélioré ce modèle en un an… Vic me dit qu’il est capable de prendre la cassure d’avant Mulsanne à fond désormais.

— Oui, c’est bien ce que je veux dire : vous avez un atout performance qui va vous permettre de contenir les Ferrari même si celles-ci se montrent bien plus efficaces qu’à Monza ou à Spa. Maintenant, il faut aussi vous doter d’un atout fiabilité qui va vous mettre à l’abri des mauvaises surprises…

— Le 4,9L est fiable désormais, Peter Falk me l’a garanti. Et j’ai même mis le nouveau, Norbert Singer, pour assurer que la boite soit bien refroidie. Vous voyez, j’ai tout prévu !

— Oui, sur le papier, ça semble parfait. Mais je vous suggère d’aller encore plus loin en misant sur un mulet qui fera la distance quoi qu’il arrive. Vous m’écoutez jusqu’au bout ?

— Allez-y, je sens que je ne vais pas pouvoir y échapper…

— Votre seconde voiture doit être un coupé 917, pas une longue queue. Elle sera plus facile à piloter s’il pleut. Elle sera dotée du moteur 4,5L, pas du 4,9L. Le « petit moteur » est incassable si on le manipule correctement. Et, justement, il faut lui mettre la boite à quatre rapports, pas la boite cinq.

— Et pourquoi ça ?

La boite à cinq rapports est un progrès par rapport à la boite 4.

— Oui, certes, mais c’est aussi un risque : plus vous avez à changer de rapports et plus vous risquez d’en manquer un et de faire un surrégime… Voilà pourquoi il faut assurer aussi de ce côté-là et se contenter de quatre rapports.

— Je vois… Les pilotes vont se trainer avec une telle configuration !

— J’en ai déjà parlé à Attwood et il est partant pour n’avoir que le 4,5L comme moteur. En revanche, il est plus réticent sur la boite de vitesses…

— Ah, vous voyez !

Et Hans Herrmann, que dit-il lui ?

— Il n’est pas très causant lui. Mais je pense qu’il pilotera ce qu’on lui donnera sans trop poser de questions… En revanche, il a une revendication très ferme…

— À savoir ?

— Il veut pouvoir se retirer de la compétition en cas de victoire, tout simplement. S’il gagne, Le Mans sera sa dernière course.

— Rien que cela !

Il oublie un peu vite qu’il a un contrat avec moi jusqu’à la fin de l’année…

— Je crois qu’il est important de bien motiver vos pilotes et si Herrmann sait que sa « liberté » est au bout de cette victoire, il fera ce qu’il faut pour cela.

— Hum… Vous pouvez bien lui promettre n’importe quoi, ce n’est pas avec un mulet pareil qu’ils vont pouvoir gagner la course.

La négociation avec Piech fut difficile, mais, à la fin, j’enlevais le morceau et il finit par me dire « je vous laisse la numéro 23, faites-en ce que vous voulez, mais la faute sera sur vous si elle termine dernière des prototypes ! »… J’ai ensuite été obligé d’user de beaucoup de persuasion pour convaincre Dick Attwood de se contenter de la boite à quatre rapports… Et, pendant que la bagarre faisait rage pour la pole position entre la longue queue d’Elford et les meilleures Ferrari, ma numéro 23, elle, ne se classait que 15ème. Piech me lança un regard ironique lorsqu’il consultait la feuille des temps et je dois avouer qu’à ce moment-là, je commençais moi aussi à douter du bien-fondé de ma stratégie « à coup sûr ».

La course débuta parfaitement pour Porsche : Elford était en tête devant Siffert et les Ferrari avait déjà perdu cinq 512s après seulement une heure !

Deux avaient cassé leur moteur et trois autres avaient été impliquées dans un accident après Arnage. La pluie qui était annoncée commençait à tomber et Wyer perdit deux de ces 917 : Hailwood sorti de la route alors qu’il était encore en slicks et Rodriguez grilla son moteur lorsque la turbine de refroidissement s’envola à Mulsanne. Après à peine trois heures de course, la situation était déjà bien éclaircie et beaucoup de favoris avaient disparu.

Alors que la pluie s’intensifiait, la nuit commençait à tomber et la longue queue d’Elford rentrait à son stand pour un arrêt imprévu : le moteur avait un problème !

La voiture repartit, mais elle ne marchait plus aussi bien qu’au départ. L’équipage Siffert-Redman dominait de la tête et des épaules quand Jo Siffert loupa un changement de vitesse juste en passant devant les stands. Je crois que tout le monde du entendre le hurlement du moteur à cause du surrégime qui en résulta… Siffert rentra aux stands le tour suivant avec un moteur qui crachait son huile, encore un de moins. Finalement, c’est ce vieux Renard de Jacky Ickx qui profita de la situation pour placer sa 512 survivante en tête. Le maitre de la pluie semblait apprécier les conditions qui étaient en train de devenir dantesques. Du côté de ma chère numéro 23, les choses progressaient favorablement puisque Herrmann se retrouvait second derrière Ickx peu après minuit. Mais Hans, qui en avait vu d’autres, décrivait les conditions de piste en peu de mots : « je n’ose même pas passer la 4 dans la grande ligne droite, c’est dire ! ». Ickx, pour sa part, ne semblait pas vouloir ralentir sa cadence et il était en train de prendre une grosse avance… Jusqu’à ce qu’il se fasse pièger au freinage de la chicane Ford. La grosse Ferrari était détruite et un commissaire de piste avait même perdu la vie dans l’accident alors que Jacky était seulement bien secoué.

À partir de là, tout le monde comprit qu’il s’agissait d’une épreuve de survie. Les voitures se trainaient à cause de la pluie et, à certains endroits, on voyait même les 911 aller plus vite que les prototypes !

Finalement, au matin, la pluie se calma et l’autre 917 longues queues (celle de Martini avec Larrousse au volant) remontait progressivement jusqu’à la seconde place. Le triomphe de Porsche était complet puisque c’était une 908-2L qui était solidement campée en troisième position devant les deux Ferrari 512s survivantes.

Porsche gagnait enfin les 24 heures du Mans après une course d’anthologie. Piech était rayonnant et même Ferry était ému. Bott me fit un clin d’oeil très significatif, car, en fait, c’est lui qui m’avait suggéré la configuration « super-safe » de la numéro 23. Après cette victoire, Piech voulut me confier une autre mission : vendre son écurie Salzburg à Hans Ditier Dechent qui avait réussi à se classer second avec la longue queue Martini que tout le monde appelait déjà « the hippy, car » à cause de sa décoration psychédélique très réussie.

Mais, entretemps, j’arrachais son autorisation de répondre à un appel prestigieux : le commendatore Enzo Ferrari voulait me voir…

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L’effet Rolls avec une Suzuki GS750 de 1976, quasi neuve !

Comme je vous l’annonçais ici, j’ai mis la main sur une Suzuki GS750 de 1976 quasi neuve. La moto a hiberné longtemps (mais dans de bonnes conditions : pas dans une grange sous la paille !) mais elle commence sa vie active pour de bon avec moi désormais.

Ma GS750 de 1976 brille au soleil !

Ma GS750 de 1976 brille au soleil !

Comme vous pouvez le constater sur la photo, la moto est magnifique et, en plus, elle fonctionne parfaitement ce qui ne gâche rien…

Je commence à m’y habituer en finissant le rodage (elle a encore moins de 2000 miles !) et, du coup, j’arrive mieux à cerner sa personnalité. Principal défaut : une poignée de gaz au tirage trop long. La commande est douce (comme toutes les autres) mais il faut vraiment essorer la poignée pour appeler tous les chevaux !

C’est dommage car, de la cavalerie, il y en a : passé 6000 tr/mn, on a l’impression d’avoir un missile entre les jambes !
La poussée change, le bruit change, la vitesse de défilement change… si vous voyez ce que je veux dire.

En dehors de cela, la principale qualité de ce moteur, c’est la souplesse : une incroyable élasticité qui fait qu’on ressort des virages lents en quatrième à moins de 2000 tours et ça enroule sans problème, sans rechigner, avec juste un sifflement qui s’amplifie au fur et à mesure qu’on monte dans les tours. Le bruit moteur n’est pas aussi beau que celui de la Z1000 et il est loin d’être aussi sourd que celui de ma Breva ou, inaccessible, celui de la Triumph Bonneville T140 essayé dernièrement, mais il a son cachet. Surtout, ce qui choque, c’est l’absence de bruit mécaniques divers : le son du moteur est très homogène, c’est l’effet Rolls que je décrivais lors de l’essai de la Honda CB1100. Cette souplesse inédite (jamais vu cela, sauf sur la Honda CB1100 mais qui a un bien plus gros moteur et l’injection…) est vraiment ce qui ressort le plus de son comportement. Cela domine tellement que cela conduit à une utilisation spécifique, tout en douceur. En fait, avec cette moto, je vais finalement bien moins vite qu’avec la Breva, plus sportive au bout du compte (car plus facile à emmener rapidement, vu la réponse de son moteur).

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Une critique positive du T3 de PMC…

Grâce à Céline qui tient le blog « Cannibalecteur », le T3 de PMC affiche une critique très positive, enfin !

Céline a lu toute la saga et vous pouvez retrouvez son avis ici => http://www.cannibalecteur.com/prevision-maitrise-controle-tome-3-alain-lefebvre/

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Une critique positive du T3 de PMC…

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Un nouveau chapitre du livre « Dr Miracle » en cours d’écriture…

Comme promis, voici le chapitre suivant de la saison 1970 du Dr Miracle…

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Matra

Après cette première mission somme toute bien réussie (Daytona et la victoire de la Honda CR750), je me retrouvais moi aussi sans boulot suite au limogeage de Bob Hansen par Nakamura.

Comme travailler pour le japonais ne me disait rien, j’allais faire un tour à Sebring pour la seconde manche du championnat des voitures de sport (le 21 mars) avant de retourner en Europe pour assister au 1000 Kms de Brands Hatch (le BOAC du 13 avril) puis au GP d’espagne de F1 (qui avait lieu le 19 avril). Tout cela afin de nouer des contacts dans le milieu et me trouver une nouvelle mission.

Mais mes rencontres ne furent guère fructueuses. Mes lettres de recommandation rédigées par Gurney et Hansen n’impressionnaient personne dans le milieu européen de la course automobile. Je commençais à croire que ma carrière dans ce domaine allait être brève et que j’allais devoir rempiler dans l’industrie lorsque je reçu une invitation pour une réception à l’ambassade américaine de Paris… C’était mon vieux mentor, Thomas Watson, qui se rappelait à mon souvenir. Ravi de revoir ce vieux renard, je faisais un saut à Paris pour l’occasion.

Je retrouvais Watson avec plaisir et ce dernier me présentait à quelques personnalités importantes du monde des affaires en France. Et, parmi celles-ci, Sylvain Floirat. Floirat est charmant et connait tout le monde. Il s’intéresse à mon cas, visiblement intrigué d’être ainsi le « petit protégé » de Watson… Je lui raconte mon expérience de Daytona et il me confie qu’il aurait sans doute une mission semblable à me confier : il s’agirait d’aider Jean-Luc Lagardère à y voir plus clair dans son équipe de F1 dont les résultats en début de saison sont décevants alors que le team avait décroché le titre l’année passée.

Floirat me présenta les choses ainsi : « vous êtes le protégé de Watson et il se trouve que Lagardère est mon protégé… Rendez-moi ce service et vous ne le regretterez pas ! ». Floirat arrangea lui-même le rendez-vous avec Lagardère que je devais rencontrer à Villacoublay, à côté d’une ancienne base aérienne.

L’entretien avec le patron de Matra fut pittoresque : très bavard, Lagardère m’expliqua la situation et ce qu’il attendait de moi. De toutes évidences, Floirat l’avait déjà convaincu de me confier cette mission !

– C’est très simple, nous avons remporté les championnats du monde pilote et constructeur l’année dernière, mais j’ai perdu à la fois mon pilote vedette (Jackie Stewart) et mon team-manager (Ken Tyrrel) quand j’ai décidé de passer du moteur Ford au moteur Matra. Accumuler les titres avec un moteur anglais n’aurait eu aucun sens, nous devons faire triompher la technologie française !

Mais, ce qui marchait si bien l’année dernière avec Stewart et Tyrrel, ne semble plus du tout fonctionner cette année. J’ai besoin de savoir où se situe le problème : est-ce du côté des pilotes, des managers ou de la technique ?

– Si je puis me permettre, il n’y a encore eu que deux grands prix de disputés… C’est peut-être un peu tôt pour s’inquiéter…

– Vous étiez au grand prix d’Espagne, il me semble ?

– En effet.

– Et qu’avez-vous vu ?

– Une performance magistrale de Jackie Stewart qui a fait triompher la nouvelle March. Un accident spectaculaire qui aurait pu être fatal à Jacky Ickx et une performance solide du vieux Jack Brabham, avant son abandon.

– Et les Matra ?

– Euh…

– Vous voyez ?

Vous y étiez et, pour vous, les Matra n’étaient nulle part !

Je ne vais pas attendre la moitié de la saison pour constater que l’année est fichue… C’est maintenant qu’il faut réagir, je compte sur vous. Vous aurez accès à tout, Anne vous présentera à mes collaborateurs, elle connait tout le monde et tout le monde la connait. Je veux entendre votre rapport dans ce bureau après le grand prix de Monaco, n’écrivez rien surtout.

Je me retrouvais embarqué dans une drôle de mission, un audit en fait. Cette fois, il ne s’agissait pas de faire gagner un pilote ou une équipe, mais de comprendre pourquoi ils ne gagnaient pas… J’ai commencé une série d’entretiens sur place alors que l’équipe préparait le Grand Prix de Monaco qui allait avoir lieu dans trois semaines. J’avais été prévenu par Anne Voilard (la secrétaire administrative de l’équipe qui allait me servir de chaperon pendant ma mission) que Bernard Boyer n’était pas très causant, je me suis donc rabattu sur Gérard Ducarouge bien plus prolixe.

Ducarouge avait la langue bien pendue comme son patron Lagardère. Il m’expliqua la situation de son point de vue :

– C’est certain que Stewart est une sacrée pointure et que ça aide toujours d’avoir un pilote comme cela dans l’équipe. On s’en est rendu compte quand il roulait pour nous… Donc, le perdre n’a pas été la meilleure façon de relancer notre effort pour faire enfin gagner notre V12. Mais je peux l’affirmer tranquillement, même Stewart n’aurait pas gagné à Jarama s’il avait été au volant de notre MS120 !

– Quel est le problème alors ?

Moteur ou chassis ?

– Les deux !

Si on veut être honnête, c’est les deux qu’il faut mettre en cause. Faut pas se cacher derrière son petit doigt !

Mais c’est normal aussi : en 69, on n’a pas utilisé le V12, sauf en championnat du monde des voitures de sport, sur le proto qui est quand même très différent d’un chassis F1 où on n’a pas beaucoup de place et où tout doit rester ultraléger. Du coup, ce moteur a peu stagné sur le plan performances pures alors que personne ne nous attend sur ce point. Tiens, regardes Ferrari par exemple : ils étaient à la rue l’année dernière avec leur V12… Eh bien, cette année ils ont sorti un 12 cylindres boxer absolument superbe !

Et il va marcher d’enfer dès qu’il aura réglé ses problèmes de jeunesse. Et nous, pendant ce temps, on traine encore nos problèmes de jeunesse pour un moteur qui est disponible depuis 67… Alors qu’en endurance, il marche bien. Mais la version endurance n’a évidemment rien à voir avec la version F1, à part le bloc évidemment.

Bref, en moteur, on a fait du sur-place depuis deux/trois ans et il est temps de s’y consacrer pour de bon…

– Vous disiez que le chassis aussi avait sa part…

– Tu peux me tutoyer, allez !

Oui, le chassis aussi a sa part, tu as raison de me remettre là-dessus, car c’est plus ma partie. Encore que, côté moteur, je suis certain que Georges Martin connaisse bien sa partie !

Faut le laisser travailler sans continuellement lui demander de gagner en F1 ET aux 24H du Mans… Bref, parlons du chassis. En 69, Boyer avait conçu un truc idéal : rigide, léger, bien équilibré. Le chassis que Stewart avait adoré et qui répondait bien aux réglages.

Mais la réglementation a changé pour 70 : fini les structures cloisonnées, fallait prévoir des réservoirs d’essence déformables. On a été obligé de jeter le MS80 à la poubelle et de se rabattre sur le MS120 qu’on a conçu hâtivement et avec des options bancales.

– Comment cela ?

– Eh bien, dans l’espoir de retenir Stewart malgré tout, le patron nous a imposé de prévoir le MS120 pour les deux moteurs : notre V12 qui est long et le V8 Cosworth qui est bien plus court et plus léger. Du coup, le MS120 n’a pas les qualités d’équilibre du MS80. Pour faire léger et compenser le poids de notre V12, Boyer a aussi choisi de la tôle d’alu plus mince que pour le MS80 qui était vraiment rigide en torsion. On s’est dit qu’amincir juste un peu la tôle n’allait pas tout changer… On dirait qu’on s’est tout de même un peu planté là.

– Que faut-il faire désormais, d’après vous ?

– Faut pas s’affoler, déjà. Ensuite, faut arrêter de courir deux lièvres à la fois. Je connais le patron et, comme chaque année, va falloir tout laisser en plan pour préparer Le Mans. Je connais bien cette épreuve et, cette fois, je suis certain qu’on y a aucune chance !

On n’est pas passé loin l’année dernière, mais, cette saison, les 917 sont au point et elles vont tout rafler. Inutile de s’aligner, on pourra concentrer notre effort sur la F1. Même chez Ferrari, ils n’arrivent pas à combiner F1 et Sport-proto correctement et ça fait pourtant des décennies qu’ils font cela, c’est dire…

Si on choisissait la F1 une bonne fois pour toutes, on pourrait tester tout un tas de trucs qu’on ne fait jamais et j’ai plein d’idées !

Ça, pour avoir des idées et du bagout, Ducarouge ne craignait personne !

J’avais déjà quelques éléments de réponse, mais il me fallait creuser encore plus, du côté des pilotes cette fois. Grâce à Anne, je pus parler avec Pescarolo, ce dernier étant bien plus accessible que Beltoise qui avait des côtés un peu « diva »…

Henri Pescarolo était un type très calme, patient jusqu’à un certain point sauf avec les imbéciles m’avait prévenu Anne. J’étais sûr qu’on allait s’entendre. Et, effectivement, « Pesca » m’a eu « à la bonne » tout de suite et il profita pour s’épancher un peu :

– Toi, tu as de la chance d’avoir l’oreille du patron… Moi aussi j’aimerais bien lui en dire des trucs !

– Et tu lui dirais quoi par exemple ?

– Qu’il faut arrêter de se prendre la tête sur des chimères.

– Quelles chimères ?

– Eh bien, nous sommes sous contrat avec Shell et Goodyear (à cause de l’alliance avec Simca en fait) alors que, l’année dernière, le team était avec Elf et Dunlop… Et il faut faire avec désormais, pas chercher à revenir dans le giron de Dunlop sous prétexte que Stewart roule en Dunlop.

– Je vois. Et tu penses à qui à propos de ces chimères ?

– C’est clair que Jean-Pierre (Beltoise) est un peu pénible à ce sujet. Mais il n’est pas le seul. Pareil pour le moteur d’ailleurs…

– C’est quoi les chimères côté moteur ?

– Ben cette idée qu’il nous faudrait un 12 cylindres à plat plutôt qu’un V12 sous prétexte que Ferrari vient d’adopter ce type d’architecture.

– Pourtant, le moteur ne donne pas complètement satisfaction, non ?

Même Ducarouge semble de cet avis…

– Oui, mais c’est une question de mise au point. Si on change d’architecture, on repart pour des années de travail avant de pouvoir en tirer quelque chose.

– Tu dirais pareil au niveau du chassis ?

– Oui et non. Soit on a un problème structurel et ici, on a de quoi le mesurer une bonne fois pour toutes. Faisons les mesures de torsion au lieu d’en discuter sans fin. Et si c’est le cas, renforçons même si ça coûte un peu en poids. Soit il n’y a pas de problème structurel et arrêtons d’en parler, puis penchons-nous sur la mise au point affinée, car c’est là qu’on va progresser.

J’eus aussi quelques discussions avec d’autres membres de l’équipe, mais tous m’ont plus ou moins confirmé la même chose : l’équipe se cherchait et n’avait pas de direction vraiment bien définie. En clair, il manquait un vrai team-manager. J’assistais ensuite au GP de Monaco en me faisant le plus petit possible afin de ne pas gêner l’équipe qui travaillait dans des conditions difficiles : Monaco était le pire meeting de l’année sur le plan du confort des équipes. Lagardère n’était pas là et c’était mieux pour tout le monde.

Sur la piste, j’admirais le festival offert par Jochen Rindt, mais aussi la belle performance de Pescarolo qui termina troisième ce qui n’était pas un mince exploit au volant de la MS120 longue et lourde dans l’étroit dédale qu’était la course dans la principauté. Un véritable achèvement, mais pas apprécié par les journalistes français : certains critiquèrent Henri de n’avoir pas pu résister à Rindt (qui était derrière Henri pendant une partie de la course) et d’autres d’avoir ralenti Jochen pendant sa remontée… Qu’il est difficile de satisfaire tout le monde !

Sur les conseils d’Henri, je rencontrais Gérard Crombac, le célèbre journaliste, fondateur de Sport-Auto juste avant de faire mon rapport. Ce dernier me reçut avec un petit sourire, comme s’il savait déjà ce que j’allais lui demander…

– Oh, je ne peux pas être surpris par votre démarche, je connais trop les manies et lubies du patron de Matra !

– Comment ça ?

– Laissez-moi deviner : il vous a demandé un audit sur la situation de l’équipe F1, n’est-ce pas ?

– Je ne peux pas entrer dans les détails, mais je peux au moins vous confirmer que je suis en mission pour le compte de Lagardère, c’est vrai.

– Votre discrétion vous honore, mais je n’aurais pas les mêmes scrupules : moi aussi, figurez-vous, je suis en mission pour ce même patron… Qu’est-ce que vous dites de cela ?

– Rien, car j’ignore le but de votre mission.

– Très juste. Il s’agit de trouver un nouveau pilote pour l’équipe. Que dis-je un pilote, une pointure, un leader !

– Je vois…

– Comme vous pouvez déjà vous en douter si vous avez deux doigts de jugeote, c’est que notre sémillant patron ne s’est pas remis du départ de Stewart. Il veut que je lui trouve un remplaçant, comme si on pouvait remplacer Stewart !

Notre écossais est LE pilote de cette génération, tout comme mon ami Clark était celui de la génération précédente. On peut trouver un pilote qui soit une pointure pour Matra… Du moins, JE peux en trouver un. Mais aussi bon pilote soit-il, il ne sera pas le leader dont cette équipe a besoin.

– Je partage votre analyse : cette équipe a besoin d’un vrai team-manager, pas de faire porter le chapeau aux pilotes actuels.

– Exactement. Mais Lagardère est un patron impatient. Après avoir goûté au succès avec Stewart, il pense qu’il lui faut un pilote comparable pour en avoir encore. Ce qu’il ne voit pas, ou plutôt, ce qu’il n’a pas vu, c’est le rôle qu’a joué Tyrrel dans ses victoires. En fait, dans l’état actuel des choses, Matra a plus besoin de remplacer Tyrrel que Stewart… Mais allez faire admettre cela à Lagardère !

Je vais tout de même lui recommander d’embaucher Chris Amon puisqu’il veut un grand nom.

– Mais Amon n’a encore jamais gagné de GP si je ne me trompe ?

– Certes, c’est vrai, mais c’est un grand talent. Il suffit d’entendre ce qu’en disent Stewart et Rindt, les deux meilleures actuellement. D’après ces deux champions, Chris Amon est tout aussi rapide qu’eux, ça devrait suffire à convaincre Lagardère…

Je sortais de là un peu perplexe : Crombac pensait comme moi, mais il allait tout de même aller dans le sens du patron… Voilà une habileté qu’il me fallait encore apprendre. Je me rendais ensuite de nouveau à Villacoublay pour y faire mon rapport. Le grand patron m’écouta d’une oreille polie, mais distraite : son opinion était déjà faite et rien de ce que je pourrais dire ne pourrait l’infléchir. Je ravalais ma déception face à ce relatif échec, car Lagardère me remit une lettre de recommandation tout à fait élogieuse… C’était déjà cela.

Crombac m’avait également conseillé de prendre contact avec Ferdinand Piech, patron de la compétition chez Porsche, car il pensait que ce dernier aurait du travail pour moi…

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Retour sur la victoire de Honda à Daytona en 1970…

Je viens de commencer un nouveau livre sur les sports-mécaniques. Cela ne va pas m’empêcher d’avancer sur la seconde édition de « Freedom Machine », c’est un tout autre projet.

Justement, je viens de publier le premier chapitre sur mon blog principal. Cela devrait vous intéresser car ça concerne la victoire de Dick Mann sur Honda CR750 à Daytona en 1970 et les vraies raisons de cette victoire retentissante. C’est à lire à http://www.alain-lefebvre.com/un-nouveau-projet-de-livre-la-saison-1970-de-dr-miracle/.

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Un nouveau projet de livre : la saison 1970 de « Dr Miracle »

J’ai le plaisir de vous annoncer mon nouveau projet de livre en cours : la saison 1970 de Dr Miracle !

C’est un « roman historique » qui retrace les aventures de « Dr Miracle », un consultant qui agit dans l’ombre pour faire triompher les équipes auto et moto qui ont recours à ses talents.

Le roman historique n’est pas vraiment un genre nouveau. Alexandre Dumas l’a popularisé avec ses histoires (fictives) de mousquetaires insérées dans un contexte historique réaliste.

Cette fois, j’ai utilisé les saisons 1970 et 1971 des sports mécaniques comme arrière-plan historique des aventures de notre « Dr Miracle ». De nos jours, les histoires autour des sports mécaniques sont considérées comme un genre tout à fait mineur, tout comme la science-fiction à une époque pas si lointaine. Tout cela changera avec le temps et si je peux y contribuer, j’en serais très heureux !

Voici le premier chapitre (j’ai l’intention de publier les chapitres de ce livre au fur et à mesure sur ce blog avant de publier le livre fini en bonne et due forme…) :

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1- Vocation

Je m’appelle Yves Lefranc. Mon nom n’est pas célèbre et c’est mieux ainsi. J’ai toujours connu le succès en oeuvrant dans l’ombre, c’est mon domaine. Je précise : dans l’ombre ne veut pas dire dans l’obscurité… Nuance !

Je ne suis pas maléfique, au contraire, j’aide les gens à exprimer la meilleure version d’eux-mêmes… C’est ça qui les aide à gagner et c’est mon coup de pouce, mes conseils qui permettent à cette « meilleure version » de remonter à la surface, voilà tout.

Dans certains milieux, on me connait sous le surnom de « Dr Miracle » et j’aime beaucoup cette étiquette : cela correspond tout à fait à ma promesse, faire des miracles et laisser mes clients en tirer le bénéfice.

Après mes études en France, j’ai eu la chance de pouvoir commencer à travailler aux USA. Très vite, je me suis retrouvé être le discret conseiller du président d’IBM, Thomas Watson junior… Pile au moment où la compagnie lançait son programme le plus ambitieux : le système 360, la série d’ordinateurs universels qui allait propulser « big blue » au sommet, mais qui aurait pu faire sa perte aussi. Avec Thomas Watson, nous avons bien manoeuvré et ce fut le triomphe que l’on sait. J’aurais pu continuer ainsi dans l’industrie en amassant succès et argent, mais… Mais j’ai assisté à une course automobile à Sebring en 1969 et là, j’ai su que j’allais désormais exercer mes talents dans les sports mécaniques, définitivement.

Grâce à Thomas Watson, j’ai pu rencontrer Dan Gurney que j’ai accompagné pendant deux manches du championnat CanAm qu’il disputait pour McLaren. Cette expérience m’a renforcé dans mon envie de me plonger complètement dans ce monde et j’ai pu voir que mes conseils pouvaient être efficaces puisque Gurney terminait troisième de l’épreuve du Michigan alors que le début de sa saison avait été une longue suite de déceptions.

Muni d’une lettre de recommandation de Dan Gurney, je me lançais dans cette nouvelle carrière avec confiance.

2- Daytona

Mon tout premier vrai job, c’est avec Bob Hansen que je l’ai eu et ça n’a pas été sans mal. Je savais grâce à Gurney qui connaissait bien Hansen que ce dernier voulait convaincre Honda de s’engager pleinement à Daytona pour la prochaine édition des 200 miles (le 15 mars 1970). Hansen avait eu gain de cause auprès de Harada (le directeur du département R&D du constructeur japonais), mais, début janvier, il apprit qu’il devrait partager les responsabilités sur le terrain avec Yoshio Nakamura, le team manager des Honda F1 des précédentes années. Nakamura ne connaissait pas grand-chose aux GP motos… Il crut donc bien faire en n’engageant que des pilotes anglais pour mener son effort à Daytona : Ralph Bryans (qui avait été champion du monde des 50 sur une Honda en 1965) , Tommy Robb (un irlandais qui avait été le tout premier pilote non japonais embauché par Honda dans les années 60) et Bill Smith (un anglais expert de la fameuse course du TT sur l’ile de Man).

Aux yeux d’un japonais, ces choix étaient logiques, solides même. Les Anglais étaient considérés comme les meilleurs pilotes du monde en moto à cette époque. Et alors les grandes stars comme Mike Hailwood (déjà sous contrat pour Daytona avec BSA) et Phil Read (identifié comme un pilote Yamaha…) n’étaient pas disponibles, Nakamura s’était rabattu sur des pilotes connus et sérieux, on pouvait difficilement le lui reprocher.

Cela ne faisait pas les affaires d’Hansen qui lui, voulait absolument engager un pilote américain dans l’équipe. Non pas à cause d’un patriotisme mal placé, mais parce qu’il pensait qu’un pilote américain vétéran aurait plus l’expérience nécessaire pour terminer cette course si particulière… Et, dans l’esprit de Bob, un nom s’imposait : Dick Mann.

Mais, bien sûr, Nakamura ne voulait pas entendre parler de cela. Il n’y avait que quatre machines d’usine flambant neuve et Yoshio voulait garder la quatrième CR750 spéciale (Racing Type, construite à la main avec des matériaux coûteux et sophistiqués) en réserve, au cas où l’un de ses pilotes anglais aurait besoin de changer de moto… De plus, dans l’esprit de beaucoup de gens, les pilotes américains étaient considérés comme d’aimables bouseux. Des cow-boys épris de risques, mais pas de pilotes professionnels à considérer comme étant à la hauteur des meilleurs spécialistes européens. Et c’était pareil en automobile où seul Dan Gurney émergeait un peu du lot. Même Mario Andretti n’était pas encore évalué à sa juste mesure. De plus, les meilleurs pilotes américains comme Nixon, Romero ou Rayborn étaient déjà engagés par BSA, Triumph ou Harley. Personne ne pensait à Dick Mann qui, de plus, n’avait encore jamais gagné à Daytona.

Mais Bob avait vu dans Dick Mann le pilote qu’il désirait : il avait déjà terminé trois fois second des 200 miles de Daytona. Il connaissait bien cette épreuve et ses pièges. C’était un pilote sûr, réfléchi, expérimenté et endurant, exactement ce qu’il lui fallait.

Lorsque je rencontrais enfin Hansen, celui-ci était dans l’impasse. Il m’écouta d’une oreille distraite et ne semblait pas emballé par mon idée d’être son assistant. Finalement, il me proposa un marché, sans doute pour se débarrasser de moi : si j’arrivais à convaincre Nakamura de le laisser engager Dick Mann, alors j’aurais ma place dans l’équipe.

– Je ne vous cache pas que ça sera difficile : Nakamura et moi, on ne peut pas se sentir. Je doute qu’il accepte quoi que ce soit qui puisse me faire plaisir. Mais bon, à vous de jouer justement…

Ce que Hansen ignorait, c’est que Gurney connaissait Nakamura. Ils s’étaient côtoyés pendant la saison 1967 de F1 et comme Dan est un personnage charmant, cela avait collé tout de suite avec le japonais. Incontestablement Hansen était plus rugueux… Bref, Gurney arrangea le rendez-vous et je pus rencontrer Nakamura dans de bonnes conditions.

– Merci Nakamura San d’avoir bien voulu me recevoir.

– Difficile de refuser quoi que ce soit à Gurney San. En revanche, je ne suis pas certain d’avoir bien saisi le sens de votre requête… Pourriez-vous m’éclairer ?

– Certainement. Je travaille pour Bob Hansen. Ce dernier veut engager Dick Mann sur la quatrième CB750RT. Je suis là pour vous convaincre de le laisser faire. Je sais que vous vous opposez à cette idée, mais je crois que vous laissez passer une bonne occasion de mettre la situation à votre avantage…

– Je vous en prie, expliquez-moi donc cela.

– Vous n’êtes pas sans savoir que l’opinion de Bob Hansen est très respectée par votre président. C’est même lui qui a su le convaincre d’adopter le moteur à quatre cylindres quand votre 750 était encore en conception.

– Oui, je me souviens de cet épisode qui est largement exagéré : nous avions déjà décidé pour cette architecture de moteur au moment où Hansen rencontra notre président. Son avis nous a aidés, surtout à convaincre le président que nous avions raison, mais nous étions déjà engagés dans cette direction à ce moment-là.

– Justement. Vous tenez ici le moyen de remettre Hansen à sa place : acceptez de lui laisser la quatrième moto. Laissez-le faire et faites mieux que lui, tout simplement. Il n’aura qu’une seule machine. Ce qu’il en fera ne pourra être qu’un pari risqué pendant que vous, avec trois pilotes, vous pourrez assurer un résultat sans rien devoir au hasard. Vous avez une armée de mécaniciens avec vous, vous pourrez reconstruire chaque machine si nécessaire. En faisant ainsi, vous n’encourrez aucun reproche de votre direction et si Hansen échoue, comme c’est prévisible, vous en serez débarrassé une bonne fois pour toutes.

Nakamura m’avait écouté avec attention et il resta silencieux un moment après la fin de ma tirade. Puis, il plissa les yeux et sourit.

– Vous êtes très habile mon jeune ami. Si Hansen San est assez intelligent pour suivre vos conseils, alors, peut-être cette quatrième machine pourrait servir à quelque chose finalement.

C’est ainsi que j’ai obtenu ma première mission.

Une fois dans la place, je me suis vite rendu compte que la partie était loin d’être gagnée : BSA-Triumph avait monté une offensive très impressionnante pour l’emporter et ainsi assurer une bonne publicité à la nouvelle Trident/Rocket3 qui s’opposait à la Honda CB750 sur un marché moto en pleine expansion. Tout d’abord, il y avait une brochette de pilotes très enviable : Mike Hailwood était revenu à la moto pour cette occasion et il était flanqué de Dave Aldana, Don Castro, Gary Nixon et Gene Romero, rien que du beau monde (avec en particulier Hailwood qu’on ne présentait plus et Nixon qui avait déjà gagné à Daytona). De plus, le matériel semblait très affuté avec des carénages étudiés dans la soufflerie de la Royal Air Force et des cadres conçus par Rob North. Même Harley semblait avoir pris conscience de l’importance du rendez-vous. Carl Rayborn, le pilote maison avait remporté les deux dernières éditions des 200 miles contre toutes attentes au guidon d’une KR désormais totalement dépassée. Mais l’usine de Miwaukee avait conçu un nouveau moteur en alu et avec arbres à cames en tête pour équiper une nouvelle moto, la XR.

La speed-week commença mal, car toute cette accumulation de moyens avait fait monter la tension. D’entrée de jeu, le respect de la nouvelle réglementation semblait avoir été trop librement interprété par les uns et les autres : BSA/Triumph avait équipé leurs motos d’une boite à cinq rapports alors que le modèle de série n’en comptait que quatre. Le moteur de la Harley XR ne connaissait aucun équivalent dans la gamme régulièrement commercialisée par le fabricant américain et les Yamaha TD3 étaient aussi bien éloignées des machines de série du constructeur nippon. Hansen enrageait de voir cette escalade technique et voulait déposer une réclamation contre ce qu’il appelait « les tricheurs », en particulier BSA/Triumph. Nakamura était contre le principe d’une réclamation et il me chargea de dissuader Bob, comme si mon influence allait jusque-là !

À peine arrivés sur place que nous devions gérer notre première crise… Je réussis à obtenir de Bob le report de sa réclamation après les qualifications, en fonction de la vitesse des machines anglaises. Heureusement, les essais commencèrent et le travail à faire apaisa un peu les tensions. Hansen avait vraiment envie de gagner, à tout prix. Il me raconta comment il était déjà passé à côté de la victoire à Daytona en 1967 alors qu’il avait engagé des CB450 très travaillées : « Jimmy Odom allait gagner, nos motos étaient largement les plus rapides, mais Jimmy se mit par terre à quelques tours de l’arrivée… plus jamais je ne veux revivre un truc pareil ! ».

Il me raconta aussi comment il avait réussi à convaincre Honda de s’engager en force pour les 200 miles 1970 : « Honda avait tout gagné en quelques années : 50, 125, 250 et 350. Seul le titre en 500 leur a échappé de peu avec Mike Hailwood… Ils se sont retirés des championnats du monde moto fin 67 prétextant un changement de réglementation, mais, en fait, c’était pour se consacrer à la F1. Les victoires en moto avaient un peu monté à la tête du président, monsieur Honda lui-même. Il pensa qu’arriver en F1 et gagner ne serait pas plus difficile qu’en moto. Et là, ils se sont pris une grosse baffe, ça s’est même terminé tragiquement… Du coup, s’engager en compétition a été tabou pendant un certain temps à Tokyo !

D’autant que ces engagements au plus haut niveau avaient coûté de l’argent. Soichiro Honda n’aime pas compter, mais son associé, Fujisawa, qui est le financier du duo, il sait compter lui. Certaines années, Honda fait ce qu’il veut, les autres années, c’est Fujisawa qui resserre les boulons. Depuis 1968, c’est ce dernier qui avait la main. Honda a tout de même réussi à engager une moto au Bol d’Or 1969, presque en se cachant… et, coup de chance, elle a gagné !

Cette victoire est tombée à pic pour le lancement commercial de la CB750. Moi, je savais que la CB750 allait faire un carton : tous les concessionnaires de la marque nous réclamaient une machine de ce calibre et comme Bob Jameson avait participé à la campagne d’essais qui s’est déroulée chez nous, j’étais certain qu’on tenait une moto qui allait faire date. Mais les Japonais sont passés de trop arrogants à trop prudents alors que les premiers mois de vente de la CB750 nous ont confirmé ce dont on se doutait : pour une Trident de vendu, on vend quatre CB750 !

Du coup, j’ai vraiment poussé pour qu’on s’aligne à Daytona. Je savais que BSA/Triumph allait y mettre le paquet et s’ils décrochaient la timbale, les clients allaient dire que les anglaises étaient plus vite que les Honda… Même si les anglaises ne ressemblent plus à rien de connu et que les Honda sont juste quelques initiatives privées. C’est ce que j’ai dit et répété aux directeurs japonais, mais ils n’arrêtaient pas de me répondre qu’il valait mieux éviter de se faire battre en ne s’engageant pas…

Si vous refusez d’aller à Daytona, d’autres vont le faire avec des CB750 bricolées et ils ne vont pas gagner. C’est pourquoi nous devons nous engager à fond !

Faire ce qu’il faut pour gagner, c’est la seule action raisonnable à mener. J’ai fini par emporter le morceau et voilà qu’il me colle cet âne buté de Nakamura dans les jambes… Ce type n’y connait rien et il aurait tout gâché si on n’était pas là pour gérer cela correctement. »

Hansen me lâcha ceci d’une seule traite. On sentait que ce rendez-vous était crucial pour lui. Qu’il avait encore l’occasion manquée de 1967 au travers de la gorge. Les vrais gagnants sont des obsédés, ils ne voient plus le monde qu’à travers le filtre de leur ambition. Je ne suis pas comme cela. J’aime arriver à mes fins, mais avec subtilité. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est que les choses se déroulent comme je le désire, mais que je sois le seul à le savoir…

Les essais avaient enfin débuté et ils apportèrent leurs lots de déceptions. Comme je n’étais pas vraiment identifié comme faisant partie du team Honda, j’en profitais pour fouiner du côté de chez Triumph. Il faut toujours en savoir un maximum sur l’ennemi… J’arrivais assez facilement à sympathiser avec Doug Hele, le responsable US de l’offensive britannique et ce qu’il m’apprit était effectivement impressionnant : les Anglais avaient apporté six motos complètes, mais aussi dix cadres supplémentaires pour avoir le choix de dimensions, géométrie, etc. Tout ce matériel avait fière allure, mais je remarquais que l’assemblage final se faisait en grande partie sur place, en Floride. Preuve que la préparation avait été un peu précipitée. De retour dans le clan Honda, je retrouvais une équipe démoralisée par les résultats des premiers tests : les CR750 étaient rapides, mais elles semblaient avoir leur lot de problèmes aussi. L’emploi de matériaux exotiques plus ou moins poreux faisait que les motos suitaient l’huile comme des Norton !

La tenue de route sur le banking laissait à désirer également. Les techniciens de Dunlop étaient débordés par les demandes des concurrents (plus d’une centaine pour 98 places sur la grille de départ !). Là encore, le team BSA/ Triumph semblait le mieux doté avec une équipe spéciale de Dunlop rien que pour eux.

Le second jour de test fut encore pire que le premier : Bill Smith tomba en face des stands et sa moto prit feu immédiatement. La façon dont elle brula ne laissa pas la place au doute : il y avait du magnésium à foison dans cette machine !

Or, la machine de série en était évidemment dépourvue. Devant le scandale soulevé par les Anglais, Bob Hansen fut obligé d’oublier son projet de réclamation. C’était déjà ça. Dick Mann avait trouvé une taille de pneus qui résolvait ses problèmes de tenue de route, mais il était inquiet à un autre sujet : il lui semblait que sa Honda renâclait à garder son régime lorsqu’il tournait à fond sur le banking, l’aiguille du compte-tours quasiment dans la zone rouge. Nakamura avait promis que le moteur supporterait de tourner à 9700 tr/min (alors que le moteur de série était limité à 8500 tr/min maximum), régime auquel il produisait 90 chevaux (à comparer aux 67 chevaux de la CB750 de série…). Triumph annonçait une puissance à peine moindre, mais une machine plus légère.

Le lendemain, c’était déjà les qualifications. À Daytona, les qualifs étaient plutôt bizarres : un seul tour lancé sur l’anneau sans emprunter le circuit intérieur (le fameux infield). C’était la tradition du lieu afin que les médias puissent annoncer des vitesses record. Et, effectivement, ça allait plutôt vite : plus de 260 en pointe, un peu plus de 250 sur un tour pour le plus rapide (Gene Romero sur Triumph Trident).

Dick Mann fit le quatrième temps (à 245 km/h de moyenne) derrière Romero, Hailwood et Nixon. Mais ce n’était pas ce léger écart qui inquiétait Hansen et Mann. C’est plutôt le fait que l’embrayage semblait faire des siennes désormais. L’examen de l’huile moteur révéla des traces de plastique noir dans le carter. Preuve que quelque chose était en train de se désagréger. Bob Jamieson, qui connaissait bien le moteur des CB750 compris tout de suite ce qui se passait : c’était le tendeur de la chaine de distribution qui était en train de partir en morceaux !

À ce rythme-là, jamais le moteur n’allait être capable de tenir les 200 miles… Hansen et Jameson essayèrent de prévenir Nakamura et ses mécanos, mais ils se heurtèrent à un mur : Nakamura refusait de reconnaitre qu’il y avait un problème. Hansen prit la seule décision raisonnable : arrêter de faire rouler Dick Mann avec la moto et laisser Jamieson reconstruire le moteur afin de lui donner une chance de tenir la distance.

Bryans et Robb continuèrent de tourner comme si de rien n’était (la moto de Bill Smith était en cours de reconstruction…). Au lieu de filer à la plage, Mann insista aussi pour qu’on allonge un peu la démultiplication de la transmission secondaire. Il voulait passer en 17×44 au lieu de la couronne de 46 montée d’origine. Bob Hansen n’était pas d’accord : « Avec une couronne de 44, tu vas te trainer en sortie des virages de l’infield, tu vas perdre beaucoup trop en performance ! ». Pourtant, le vieux Dick « Bugsy » Mann ne voulait pas en démordre : « Il faut réduire le régime moteur sur le banking sinon, le moteur ne va jamais tenir la distance, le travail de Bob (Jamieson, qui commençait à reconstruire le moteur de la CB750) va être inutile ».

Hansen et Mann étaient en train de s’opposer frontalement et on aboutissait à une situation bloquée. C’était à moi de résoudre cette nouvelle crise. Je pris Dick à part.

– Je ne sais pas si tu as raison en ce qui concerne ta demande à propos de la transmission finale, je ne suis ni pilote ni mécanicien… Mais, ce que je sais, c’est que tu ne vas pas obtenir grand-chose d’Hansen en le braquant.

– Oh, je le sais bien. Je connais le bonhomme depuis des années, mais c’est la première fois que je coure pour lui. Quand il est venu me voir avec son contrat, j’étais ravi : Peter Thornton de BSA venait juste de me signifier que je ne ferais pas partie de leur équipe, car j’étais trop vieux !

Ils m’ont préféré Jim Rice… Grand bien leur fasse, mais, du coup, j’ai très envie de leur donner tort. Bref, je voudrais gagner autant que Bob, mais je crois qu’il s’y prend mal s’il croit qu’il suffit d’attendre que Jamieson fasse un miracle tout seul dans son coin. Ça fait presque une semaine que je tourne sur cette machine et je commence à la connaitre : il faut réduire le régime maxi si on veut que le moteur tienne, point.

Je connais cette course : ça ressemble à de la vitesse, mais, chaque année c’est la même chose : faut d’abord voir l’arrivée avant tout. J’ai déjà terminé trois fois second, j’aimerais bien être au centre de victory circle pour cette fois !

– Mais si tu veux que Bob Hansen se rallie à ta façon de voir, il va falloir agir avec subtilité. Et moi, je peux t’y aider…

– Comment ?

– Tout d’abord, il faut que tu reportes ta demande : cesse de harceler Hansen et Jamieson à propos de cela. Nous sommes vendredi, la course n’est que dimanche, on a encore le temps de procéder au changement. En attendant, va à la plage, ne tourne pas en rond, ça va énerver Bob.

– Et toi, que vas-tu faire pour l’amener à changer d’avis ?

– Eh bien, je vais faire un peu d’espionnage chez nos amis anglais.

– Et ça va nous apporter quoi que tu en saches plus sur nos adversaires ?

Je connais bien Romero et Nixon, surtout ce dernier qui est un dur à cuire. Je ne connais Hailwood que de réputation, mais j’ai pu voir sur la piste qu’il savait mener une moto. Donc, je ne vois pas ce qu’on pourrait apprendre de plus…

– Justement, ce n’est pas du côté des pilotes qu’il faut creuser, mais bien des motos. Les BSA/Triumph sont rapides, on l’a vu. Mais vont-elles tenir la distance ?

– Tenir la distance, je ne sais pas, mais, ce que je sais, c’est que Romero ne pourra pas rouler toute la course à fond de train comme il l’a fait pour les qualifs !

– Ah oui et pourquoi ça ?

– Parce que sa perf reposait sur des pneus qui ne peuvent pas tenir le coup : il a choisi les enveloppes les plus étroites qui existaient chez Dunlop et il les a gonflés à mort pour réduire encore l’empreinte. Chausser ainsi de pneus étroits et en bois, il était sûr de ne rien perdre en vitesse de pointe. C’était bien vu pour un tour lancé, mais impossible à appliquer sur plus de quelques tours, surtout en passant par l’infield !

Après seulement un tour lancé, ses pneus « spéciaux » étaient déjà en lambeaux. Ce tour de passe-passe lui a juste permis d’empocher les $1000 de prime. Mais moi, c’est le $10 000 promis par Hansen en cas de victoire que je vise !

– Intéressant. À mon tour de glaner quelques informations cruciales qui vont nous permettre de déterminer le bon rythme à appliquer dimanche. Fais-moi confiance et laisse-moi faire.

– Tiens, un dernier mot à propos des pneus. Mercredi, j’ai résolu le problème de tenue de route justement en choisissant une enveloppe très large à l’avant. Ça ne m’a pas aidé pour la vitesse de pointe, mais, celui-là au moins, je sais que je peux compter dessus pour la durée de la course.

– Très bien. Bon, on fait comme on a dit : tu mets ton chapeau de paille blanc habituel, mais pas pour faire de la mécanique, va à la plage pour te relaxer. Tu vas voir que dès demain, Hansen va voir les choses comme toi, promis.

En fait, je n’étais pas du tout sûr d’arriver à infléchir Bob Hansen, mais je savais qu’il fallait que je gagne du temps avant que le fossé se creuse trop entre son pilote et lui. Maintenant, tout ce que j’avais à faire, c’était de ramener une information qui montrerait que la position des BSA/Triumph n’était pas aussi bonne qu’elle n’en avait l’air… Ce n’était pas gagné tout de même !

Direction le stand des Anglais où Doug Hele. Ce dernier était tout sourire. Il passait son temps à répondre aux questions des journalistes avec un air triomphant… Comme si les temps des essais lui assuraient la victoire à coup sûr !

Je le laissais à son triomphe provisoire avec la presse locale et je continuais à fouiller son stand du regard. Ici, Hailwood plaisantait avec Nixon. Rice présentait sa jolie fiancé à Romero et les mécaniciens s’affairaient à briquer les machines. Pourtant, au fond du stand, assis sur une caisse de matériel, j’en voyais un qui n’était pas joyeux. Muni du programme, je mis peu de temps à comprendre qu’il s’agissait de Percy Tait (numéro 56). Un pilote anglais solide, mais bien loin d’une star comme Hailwood en termes de palmarès et de vitesse pure.

Pourtant, en discutant avec un des rares journalistes français présents, j’appris vite que Percy était la cheville ouvrière essentielle de cette opération : pilote d’essais en titre de Triumph à Meriden, c’est lui qui a mis au point les Trident et Rocket3 qui étaient alignées dans ce stand. Il avait participé à la définition des cadres avec Rob North, il avait effectué les premiers roulages et il connaissait chaque machine sur le bout des ongles. Pourtant, alors que toute l’équipe affichait un moral de vainqueur, il était le seul à paraitre soucieux, très soucieux même…

J’abordais le bonhomme qui avait bien une tête de britannique avec des rouflaquettes très à la mode au début des années soixante-dix. Je me fis passer pour un journaliste de Moto-Revue et lui demandais comme s’étaient déroulées ses qualifications…

– Oh, pas trop mal même si je suis loin de la première ligne comme Hailwood et Romero. Mais moi, je ne cherchais pas la performance absolue. Tout d’abord, j’ai encore mal au bras gauche après une mauvaise chute à silverstone il y a trois semaines. Ensuite, mon rôle est de m’assurer que toutes les machines fonctionnent à l’optimal.

– Et c’est le cas, non ?

Plus de 260 en pointe pour la Trident de Romero, c’est plutôt super, il me semble !

– Oui et non : il ne pourra jamais rester sur ce rythme pendant 200 miles… Ni lui ni les autres d’ailleurs et encore moins les Honda !

Et nous avons ponctué sa sentence d’un bon éclat de rire. Ayant noué un lien, le bonhomme reprit sur le ton de la confidence…

– Mais c’est pas ça qui m’embête.

– Qu’est-ce qui peut encore vous tracasser ?

Avec une équipe comme la vôtre, je ne vois pas comment la victoire peut vous échapper !

– Ah ça, c’est sûr que Hailwood et Romero et Nixon aussi, faut pas l’oublier, ils vont être devant et dur à aller chercher. Mais justement, j’aimerais bien qu’on profite de notre supériorité pour assurer le coup.

– Assurer le coup comment ?

Vous êtes les plus rapides et de loin !

Les Honda semblent accumuler les problèmes en plus…

– Oui, mais les Yamaha ne sont pas très loin, Carruthers a fait le cinquième temps. Les Suzuki d’usine vont bien aussi, surtout Grant. Mais, en fait, c’est surtout la distance qui rend cette course difficile : il faut tenir 200 miles tout de même…

– Et alors ?

J’imagine que vous avez fait tous les tests nécessaires de ce côté-là avant de venir, non ?

– Oui et non : on a rien en Angleterre qui ressemble à ce banking interminable. On tient les moteurs à fond pendant plus d’une minute ici !

Et puis, il y a la chaleur…

– Quoi la chaleur ?

– Ben, quand j’ai mené mes tests avec ces carénages spéciaux, il y avait du brouillard partout où nous sommes allés : aussi bien à Truxton qu’à Silverstone. Ici, c’est très différent, il fait bien plus chaud…

– Et vous sentez une grosse différence ?

– Forcément !

Et c’est pas seulement pour moi, mais surtout pour les moteurs… Avec ces carénages spéciaux, je me suis aperçu que le cylindre central n’était pas aussi bien refroidi que les deux autres.

– Comment pouvez-vous dire cela ?

– Ah c’est que sur ma Trident, j’ai trois prises différentes pour l’indicateur de pression d’huile. J’ai testé les trois et je sais lire ce que m’indique un manomètre : le cylindre central souffre plus que les autres.

– Ça ne doit pas être insurmontable tout de même, non ?

– J’ai trouvé la solution tout de suite en perçant des prises d’air de part et d’autre du carénage afin de mieux alimenter le radiateur d’huile qui n’est pas très bien placé sur cette machine. Mais, bien sûr, en faisant cela, j’ai un peu perdu en vitesse de pointe. Rien de grave, on a de la réserve !

Mais voilà, ni Doug Hele ni les vedettes ne veulent entendre parler de ma mesure de précaution, car ils sont déjà persuadés que la course va se jouer entre nous… ça peut tenir sans, mais je préférerais quand même avec, histoire d’assurer le coup, vous comprenez ?

Un peu que je comprenais !

Je tenais enfin l’information qui changeait la donne… Restait à le faire admettre à Hansen. Je retournais dans le stand Honda et je pris Bob à part :

– Tu as été chercher Dick Mann contre l’avis de tous tes patrons. Tu as imposé ton choix parce que tu y croyais. Et maintenant que ton pilote est au cœur de l’action, tu refuses d’écouter son avis ?

Cette course va être un vrai massacre, les Triumph vont s’autoéliminer, car les Anglais oublient qu’il faut tenir 57 tours… Dick Mann peut nous ramener la victoire, mais il a raison quand il demande de réduire l’effort demandé au moteur. Même les bons soins de Jamieson ne vont pas suffire si on laisse ce moulin dans la zone rouge trop longtemps. Alors, il est temps d’être raisonnable et d’aller au fond de ton raisonnement : Nakamura n’a pas voulu te croire quand tu as décrété qu’il fallait cesser de rouler et reconstruire les moteurs, mais tu fais pareil en ne voulant pas croire Dick Mann quand il te dit qu’il a besoin d’une marge de sécurité supplémentaire. Maintenant, c’est à toi de décider, mais, avant cela, je voudrais ajouter ceci : je sais de source sûre que les BSA/Triumph vont souffrir d’un défaut de refroidissement. À nous d’éviter de commettre la même erreur…

Hansen resta silencieux. J’avais touché juste. Je décidais d’enfoncer le clou sans attendre :

– Et Jamieson, il en dit quoi ?

– Bob continue son travail, mais ça va prendre encore plus de temps que prévu : il vient de se rendre compte que ce n’est pas seulement le tendeur de chaines qui présente une grosse faiblesse, les calottes des pistons sont aussi en cause !

Donc, il est en train d’élargir les passages d’huile dans le bas moteur pour adresser ce nouveau problème… Mais c’est clair que les moteurs sont loin d’être aussi fiables que ceux des CB750 de série.

– Raison de plus de ne pas trop abuser de la zone rouge !

– Oui, sûrement. OK, va dire à Dick qu’on va passer à la couronne de 44 !

Notre Honda ne roula toujours pas le samedi. Celle de Bill Smith non plus, car le reconditionnement prenait bien plus de temps que prévu par Nakamura. Les BSA/Triumph continuaient de dominer les essais, mais ce n’était le plus important pour nous. J’observais les évolutions de Percy Tait qui était effectivement bien plus lent que ses prestigieux coéquipiers… Finalement, Dick Mann pu récupérer sa CR750 N°2 pour le warm-up du dimanche matin et il en fut instantanément ravi : « elle marche mieux que jamais » dit-il avec un grand sourire. Un qui ne souriait pas en revanche fut Bill Smith : sa Honda nE roula pas longtemps pendant le warm-up car la chaine de distribution se rompit au bout de quatre tours… Hansen et Jamieson avaient eu raison et Nakamura commençait à vraiment s’inquiéter !

Smith dû déclarer forfait avant même le départ. « Déjà une Honda de moins ! », riait Doug Hele dans le stand Triumph !

Les choses sérieuses débutaient enfin en début d’après-midi après la parade des pilotes, chacun assit sur une Corvette décapotable, toutes ces voitures formaient une longue file de toutes les couleurs. Même si ce n’était qu’une exhibition publicitaire, on sentit la tension monter encore d’un cran…

La mise en place de la grille prit encore une bonne demi-heure, mais, finalement, le moment du départ était enfin venu. De l’extérieur de la première ligne, Mann prit un départ de rêve et il eut tout de suite plusieurs longueurs d’avance sur le paquet. Le tout premier tour se faisait sur l’anneau seulement. L’utilisation du circuit intérieur ne se faisait qu’à partir du second tour, histoire que le peloton soit déjà un peu étiré afin d’éviter les bousculades. Pourtant, c’est ce qui arriva à Romero qui fut obligé de tirer tout droit dès le début. Il repartit en queue de peloton avec un gros handicap à remonter. Un premier favori d’éliminé !

Dick Mann ne resta pas longtemps en tête, car Hailwood et Nixon le passèrent dès le second tour dans l’infield.

Hailwood mena les premiers tours avec Nixon dans sa roue, mais la BSA du champion britannique fut la première de l’armada BSA/Triumph à rendre l’âme avant la fin des dix premiers tours. Du côté des Honda, c’était encore pire : Ralph Bryans dura seulement trois tours alors que Tommy Robb en fit à peine douze. Nakamura fut bien obligé de s’intéresser à la numéro deux de Mann puisqu’il ne restait que celle-là pour défendre les couleurs de Honda. Pendant ce temps, Nixon se disputait la tête de la course avec la Suzuki de Ron Grant. Carl Rayborn sur sa nouvelle HD était déjà lâché et Dick Mann rendait la main pour durer comme le panneautage de Hansen le lui conseillait.

À la mi-course, les ravitaillements commencèrent. Pas pour Ron Grant dont la Suzuki avait serré avant même de pouvoir refaire le plein. Nixon se retrouvait devant avec une bonne avance devant Dick Mann qui put faire son arrêt-ravitaillement en seulement 17 secondes… Encore un bon coup joué par Jamieson et Hansen !

Après la mi-course, il ne restait déjà plus qu’une trentaine de concurrents sur les 98 qui avaient pris le départ… les casses et les chutes avaient clairsemé le plateau et commençait à voir la situation avec plus de facilité. Nixon était toujours en tête, mais il venait de fortement ralentir. Son avance fondait comme neige au soleil (sous le ciel de Floride, c’était le cas de le dire !) face à Dick Mann qui revenait sur lui comme une balle.

Pourtant, le vieux « bugsy » faisait tout pour ménager sa Honda qui fumait à chaque rétrogradage…

Je me tournais vers Jamieson afin de le sonder sur cette fumée : grave ou pas ?

– Dans un sens, c’est de ma faute : en agrandissant les passages d’huile pour refroidir les calottes des pistons, j’ai pris le risque d’augmenter la consommation de cette huile. Maintenant que le moteur est fatigué, on voit les effets de cette prise de risque. Mais c’est peut-être heureux : si je ne l’avais pas fait, le moteur aurait sans doute déjà cassé en fait.

Plus ou moins rassuré, je me tournais de nouveau vers la situation en piste, car Nixon venait de s’arrêter, en panne à son tour. Cela mettait notre Honda de nouveau en tête !

Il ne restait plus que dix tours à parcourir, c’était jouable… Mais ça faisait aussi un moment que je remarquais que Romero remontait fort depuis les profondeurs du classement. Au moment où Nixon abandonnait, Gene Romero passait en seconde position à la poursuite de Mann. Le jeune pilote Triumph avait une douzaine de secondes de retard sur Dick, mais il continuait à remonter au rythme d’une bonne seconde au tour.

Je demandais à Jamieson si la Triumph de Romero allait céder comme les autres ou pas ?

– Difficile à dire, car elle sonne encore claire, pas comme notre CR750 en revanche !

Je pense que le fait que Gene n’ait pas fait partie du paquet de tête au début l’a bien aidé finalement : il a été obligé de doubler de nombreux pilotes plus lents et il n’a pas profité de l’aspiration et donc du rythme qui a été fatal à Hailwood puis à Nixon… je pense qu’il peut aller au bout.

Aussi paniqué qu’un manager japonais pouvait le laisser paraitre, Nakamura alla rejoindre Hansen pour lui intimer l’ordre de faire aller Dick Mann plus vite via le panneautage. C’était vraiment demander la mauvaise chose au mauvais moment pour Hansen qui renseignait déjà Dick sur la remontée de la Triumph. Bob Hansen aussi était angoissé de voir que la victoire tant espérée pouvait lui glisser entre les doigts au dernier moment, comme en 1967. Mais il était aussi assez avisé pour comprendre qu’il fallait laisser Mann mener sa course comme il l’entendait. Du bord de la piste, il était visible que le pilote vétéran ménageait sa Honda pour lui permettre de rallier l’arrivée. Cette dernière fumait et ne tournait plus que sur trois cylindres par moment.

Il était clair que la mécanique de la CR750 était en sursis depuis l’arrêt-ravitaillement. Et pourtant, Mann s’efforçait de lui en demander le moins possible tout en perdant peu de temps sur son poursuivant en tendant ses trajectoires au maximum. Il fallait aussi doubler les retardataires sans perdre son élan, éviter les pilotes à terre et les traces d’huile de plus en plus nombreuses. Gene Romero lui aussi avait fort à faire : il lui restait peu de temps pour combler son retard et il ne pouvait attaquer plus sans rentrer dans la zone où la moindre erreur provoquait aussitôt la chute…

Alors que la tension était à son maximum, Hansen se débarrassa de Nakamura sans aucun tact : « foutez-moi le camp ! », lui dit-il. Nakamura blêmit devant l’insulte. Il regagna son stand en silence, mais chacun savait que le fossé entre les deux hommes ne pouvait plus être comblé désormais. J’observais cette comédie humaine avec fascination : l’humiliation de Nakamura, la tension de Hansen, l’angoisse de Jamieson, le sang-froid hors pair de Dick Mann, la fougue de Romero.

Dernier tour. La Honda n’a plus que trois secondes d’avance sur la Triumph. Cette dernière boucle semble interminable alors que Mann soigne son plat-ventre sur le banking pour rassembler les ultimes kilomètres/heure qui allait lui permettre de devancer la moto bleue et blanche qui le rejoignait peu à peu. Deux secondes, c’est seulement deux secondes qui séparaient les deux hommes sous le drapeau à damiers… Quand on sait que le ravitaillement de Romero dura trois secondes de plus que celui de Mann, on mesure combien cette course a été serrée !

Finalement, seulement seize concurrents terminèrent cette terrible course, 16 sur 98 !

Bugsy répondit aux interviews avec flegme alors qu’il occupait enfin la place centrale sur victory circle. Il restait calme et souriant, attribuant modestement le résultat à la préparation de son équipe. Mais je pouvais sentir combien il savourait cette revanche !

Quand Bob Jamieson pu enfin récupérer sa CR750, il constata qu’il ne restait pratiquement plus d’huile dans le carter moteur… Un vrai miracle.

Bob Hansen lui, n’avait pas le triomphe modeste : il alla faire un bras d’honneur devant Doug Hele et eut même un geste encore plus déplacé pour Nakamura (je vous laisse deviner lequel).

La suite des événements fut un peu moins joyeuse que les célébrations de victory circle : Hansen fut proprement viré de American Honda. Certes, il avait remporté la course, mais cela ne pouvait racheter son attitude vis-à-vis de Nakamura, son supérieur, japonais de surcroit.

Bob Hansen ne resta pas longtemps sans travail : Kawasaki lui proposa de former son équipe pour faire courir ses machines d’usine aux USA. Hansen devint team-manager à plein temps avec Yvon Duhamel comme pilote vedette. C’est lui qui imposa la couleur vert clair pour les carénages de ses motos afin de mieux les distinguer des autres. C’est ainsi que le « vert Kawasaki » est devenu une tradition qui perdure encore aujourd’hui…

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Comparer une moto à une Rolls ?

Dernièrement, j’ai eu l’occasion d’essayer une superbe (quasi neuve) Honda CB1100 de 2014, en blanc, tout à fait comme sur la photo ci-dessous :

hondacb1100

La CB1100, une « néo-rétro » tout à fait réussie… Quoi qu’en pensent les inconditionnels de la CB750 !

La moto parait grosse et haute, mais, en fait, une fois en selle, j’étais tout aussi à l’aise que sur ma Guzzi Breva. Et, en roulant, c’est encore mieux : un moteur d’une onctuosité rare doublé d’une disponibilité incroyable, le moteur monte dans les tours avec une facilité incroyable.

Vous allez me dire « Bof, facile pour un 4 cylindres de ce cubage, c’est le contraire qui serait décevant »… Peut-être, mais cette machine est loin d’être une « copie insipide » de la fameuse Honda CB750 dont elle imite certains codes esthétiques, comme j’ai pu le lire çà et là… Au contraire, nous avons ici une moto parfaitement aboutie et tout à fait dans son rôle : elle vous permet d’apprécier souplesse et couple aux allures usuelles et, aujourd’hui, c’est bien ce qu’on demande.

Cette moto vous met en confiance, car, en plus d’un moteur idéal, elle freine super bien et tourne dans le creux de la main. J’ai même effectué quelques manoeuvres à très basse vitesse avec la même facilité qu’avec ma Breva qui semble pourtant bien moins encombrante. Cerise sur le gâteau, le bruit est réussi. Attention, on parle d’une machine ultramoderne là, donc, le bruit est souvent décevant avec les productions des dernières générations. Cette fois, c’est mieux qu’acceptable, c’est même tout à fait correct. Est-ce parce qu’il s’agit d’un moteur à refroidissement par air ou le pot quatre-en-un ou les deux ?

Bref, rien qui vient gâcher cet essai enchanteur, pas même un bruit raté. Et, cette fois, j’ai vraiment eu une impression neuve : celle de rouler avec une « Rolls sur deux-roues ». L’absence de bruit mécanique parasite, le son moteur réussi, la facilité de conduite, l’hyper disponibilité du moteur, tout cela vous met en confiance et en joie. Une Rolls du deux-roues, ça existe ? Alors, ça ressemblerait sans doute à la CB1100 !

Avouons-le, j’ai été à deux doigts d’acheter cette belle CB blanche mais, entretemps, j’avais fini par trouver ce que je cherchais depuis longtemps : une Suzuki GS750 en parfait état !
En effet, je cherchais ce modèle précis depuis un certain temps tout simplement parce que c’est une moto réussie avec une ligne qui ne l’est pas moins (elle fit un tabac à sa sortie, j’en parle déjà ici). En fait, cette machine fait partie du cercle restreint des motos qui m’ont fait rêver quand j’étais ado (l’autre est la Z1000 que j’ai en Floride…). J’avais donc une belle occasion de cocher cette case… Je suis allé loin pour la trouver, mais elle était conforme à mon attente : en parfait état, totalement fonctionnel et avec très peu de kilomètres (moins de 2000 miles, car c’est une machine qui a d’abord atterri aux USA en 1976…). La GS750 (voir photo ci-dessous) est une machine étonnante : elle freine correctement (oui, même avec un seul disque à l’avant… pour une moto de cette époque, c’est carrément rare !), tient -relativement si on compare à la Z1000- bien la route et affiche une sérieuse santé côté moteur.

gs750-1976

La GS750 « dans son jus »… Mais il est rare de trouver une machine de cet âge dans un état pareil ! Et encore, c’et même mieux en vrai…

Pourquoi avoir choisi cette machine ancienne (elle a 40 ans quand même !) et donc imparfaite à bien des égards alors que je venais de trouver une moto moderne, mais avec un look classique qui était bonne sur tous les plans ?
Eh bien on est ici dans toute l’irrationalité des choix !

La Honda était sans doute -quasiment- parfaite, mais elle n’avait pas -encore- d’histoire. La GS a quelques défauts et limites, mais elle représente réellement quelque chose dans l’Histoire récente de la moto… C’est toute la différence !

En 1976/1977, nous sommes au début de la course à la performance que vont se livrer les Japonais pour les vingt ans à venir. Mais, à cette époque, ils produisent encore des « machines universelles » qui présentent un certain charme. De plus, nous sommes ici face à un cas précis : cette machine m’a fait rêver, du haut de mes 16 ans (alors que je devais me contenter d’une Honda 125 SL) et ça, ça ne s’explique pas, ça se vit. Pouvoir, quarante ans après, mettre enfin la main sur cette moto, ce n’est pas quelque chose à laquelle je pouvais renoncer facilement…

La belle GS n’est pas aussi vive dans les enchaînements que ma Breva. Elle accélère fort, certes, mais à condition d’essorer la poignée alors que la Guzzi se jette en avant avec facilité à la moindre sollicitation. Bref, il y a plusieurs générations d’écart entre les deux machines et ça se sent. Mais, je suis complètement ravi d’avoir cette moto dans mon garage français ! 

 

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Bref essai d’une légende : la Triumph T140, la vraie Bonneville !

La T140, c’est la version 750 (la 650 est la T120) de la célébrissime Triumph Bonneville, la vraie, la légende des années soixante.

Tout d’abord, j’ai remarqué une moto lors de l’exposition récente « Aix Auto Légende » (à Aix-les-Bains) qui accueillait aussi des motos. Des deux-roues, il y en avait peu, mais de qualité et c’est mieux ainsi. Un peu à part, je remarquais cette Bonneville à vendre qui affichait des éléments bizarres sur son écriteau : 1988 et « Harris ».

bonnie-2

Selon moi, la date (1988) était forcément une anomalie puisque l’usine Meriden (l’usine historique des Triumph) a fermé ses portes définitivement en 1983… Quelques recherches plus tard, je découvrais « l’épisode Harris » que je reproduis ici (je suis justement en train de travailler à une seconde édition de mon livre…) :

John Bloor a ressuscité Triumph dans les années quatre-vingt-dix et l’industrie de la moto britannique a fait un réel retour. Bloor a eu du succès parce qu’il a continué de moderniser et d’améliorer sa ligne de production tout en assurant un contrôle de qualité rigoureux.

Lorsque l’usine de Meriden a finalement fermé en 1983, Bloor a remporté l’enchère qui lui permettait de détenir le nom, les brevets et tous les droits liés. Mais il ne s’est pas lancé tout de suite dans la production, car il voulait prendre le temps de concevoir des machines inédites et aux standards de qualités des constructeurs japonais. En revanche, il concéda une licence de fabrication à Leslie Frederick Harris (plus connu sous le nom de Les Harris) qui lui, continua de produire des Bonneville en série limitée de 1985 à 1988. Ces Bonneville de la dernière heure étaient dotées de nombreux accessoires provenant de fournisseurs européens (freins Brembo, suspension Paioli, échappements Lafranconi, batteries Varta, commandes Magura et ainsi de suite). En tout, 1255 Triumph « Harris » furent construites et vendues pendant cette période. Cet épisode anecdotique a permis au moins au nom Triumph de rester sur le marché et donc de proclamer que c’est le plus vieux constructeur de moto toujours en activité (les premières motos avec la marque Triumph ont été vendues en 1902, soit un an avant la première Harley…).

Voilà pourquoi cette T140 « Harris » a pu être produite en 1988, une des toutes dernières donc… De fil en aiguille, j’ai pu faire connaissance avec Jean-François Alibert qui avait restauré cette Bonneville pour le compte d’un client (qui s’est finalement rendu compte que cette moto n’était pas pour lui et veut désormais la vendre). Jean-François tient l’atelier « Au 61 » à Chambéry où les Triumph anciennes côtoient les Royal Enfield et autres anglaises de cette époque. C’est grâce à lui que j’ai pu prendre le guidon de cette machine pour un bref essai dans les routes de montagnes qui bordent Chambéry…

Ce n’est pas souvent qu’on a l’occasion de tester (même brièvement !) une légende comme la Bonneville. Des légendes dans l’Histoire récente de la moto, il y en a : la Honda CB750, la Yamaha TZ250/350, la BMW R90S, la Honda Goldwing et quelques autres (je ne peux prétendre en faire une liste complète, car j’en oublierais forcément selon vous !). Mais la Bonneville occupe une place à part dans la mesure où elle a été copiée dans le passé (La Yamaha 650XS) et dans le présent (Kawasaki W650, Triumph T100 et la toute récente T120 que j’ai pu essayer ici) et qu’elle est toujours une référence recherchée dans le domaine des « motos anciennes, mais pas trop… ». Bref, voyons ce que ça donne. Jean-François démarre la T140 du premier coup et, tout de suite, le bruit de la machine impose son caractère : un bruit profond, caverneux, superbe !

Jean-François m’avait prévenu : la boite est un peu sèche et le point mort n’est pas facile à trouver, mais je m’y suis vite fait. Tout de suite, une autre caractéristique s’impose : ça vibre !
Je ne m’y attendais pas à ce point : ça vibre presque autant qu’une Royal Endfield… On sent ce fourmillement plus ou moins intense (ça dépend du régime) dans le guidon, dans les repose-pieds et même dans les genoux au contact du réservoir !

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Ce n’est pas gênant, c’est simplement surprenant au début. Mais, le vrai choc, c’est le moteur : quelle pêche !
Dès qu’on ouvre les gaz, le bicylindre longue course vous dévoile tout son caractère avec brio. La moto pousse fort et longtemps. C’est carrément enthousiasmant. D’autant que cela s’accompagne d’un bruit, que dis-je, d’un son qui participe fortement à l’expérience. Il passe de grave, caverneux,  profond à 2000 tr/min à plus rageur et encore plus présent à 4000 !
Là, impossible d’y être insensible à moins d’être lobotomisé… Et, en coupant les gaz, ce n’est pas mal non plus : les échappements se calment, mais l’admission prend le relais avec un feulement sourd qui impressionne. Des bruits mécaniques comme ceux-ci, ça n’existe plus et c’est bien dommage, car le sourire vous monte aux lèvres presque automatiquement…

OK, la machine pousse fort en grondant… Et c’est tout ?
C’est donc cela la magie tant vantée de la Bonneville ?
Oui et c’est tout et c’est déjà beaucoup. Le reste n’est pas trop mal (tenue de route pas vraiment évaluée dans la mesure où je suis resté prudent et raisonnable… Freinage correct, mais « faut s’en occuper » comme on dit !), mais c’est surtout ce moteur qui occupe (avec raison) le devant de la scène. Une fois au guidon d’une moto comme celle-ci, on comprend pourquoi les constructeurs britanniques sont restés si longtemps aux boites à quatre rapports et étaient réticents à imiter les Japonais avec leurs boites cinq… Forcément, avec le moteur de la Bonnie, pas vraiment besoin de changer de vitesse : vous ouvrez les gaz et il répond présent !
La moto est souple (jusqu’à une certaine limite, bien évidemment) et elle est idéale pour enrouler tranquillement sur le 3ème ou 4ème rapport comme je l’ai fait en suivant Jean-François qui me précédait au guidon de ma Guzzi Breva. Ma Breva aussi a un beau bruit, des vibrations et un moteur coupleux… Mais ce n’est rien par rapport à ce que la vraie Bonneville vous offre !

C’est avec un essai semblable qu’on mesure l’écart qui existe entre une légende comme la Bonnie et la toute récente T120 (qui, j’insiste, est vraiment une machine réussie et séduisante si on se réfère aux productions récentes uniquement). La Bonneville authentique vous apporte un plus inaccessible  en matière de sensations, rien que la différence de bruit entre les deux machines permet de mesurer le gouffre qui sépare l’ancienne de la nouvelle, au profit de l’ancienne bien sûr !

Cependant, ce type de machine n’est pas pour tout le monde : c’est à réserver aux connaisseurs qui sauront d’avance à quoi s’attendre et qui voudront bien apporter le soin nécessaire à l’entretien d’une Anglaise « pur jus ». La T140 de Jean-François est propre : pas de suintement d’huile, pas d’essence qui coule des carbus (des Amals of course !) et ainsi de suite. C’est une Bonneville bien remise en état qui mérite son prix.
Mais un amateur averti sait d’avance que cette moto va demander des soins et de l’attention. Cette Bonneville est toujours à vendre et, si vous êtes sérieux et intéressés, vous pouvez prendre contact avec Jean-François Alibert à jeanfrancois.alibert@sfr.fr.

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Soyons positif : mettons « une touche d’Histoire » à notre palette !

Dans cette époque qui peut être parfois si décourageante (omniprésence de la médiocrité…), il faut saluer comme il se doit les initiatives positives et de qualités… Aujourd’hui, je vous propose « Une touche d’Histoire« , un site qui gagne à être connu.

Voilà la présentation du site par son créateur :

Je suis Cédric Soubrié d’Une Touche d’Histoire.

Avec une équipe de passionnés, j’ai sorti une application qui traite d’Histoire et qui a fait un carton sur iPhone et iPad (450 000 téléchargements). L’idée est d’utiliser les possibilités du numérique en terme de pédagogie pour intéresser le plus grand nombre à l’Histoire.
Au-delà de l’aspect technique, le succès vient surtout du contenu qui est adapté aux néophytes mais pousse quand même le lecteur à réfléchir. Pour arriver à ce résultat, chaque article représente plus d’une centaine d’heure de travail.
Jusqu’ici ça marche bien et de nombreuses personnes sont devenues plus curieuses grâce à notre projet.
Comme on peut lire sur le site « on est moins manipulé quand on connait son passé », mes mots exactement !
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Petit retour sur la question du pétrole…

En juillet 2008, j’avais publié sur ce blog « Vous intéressez-vous vraiment à la crise du pétrole » et ce post avait suscité quelques réactions. Aujourd’hui, la situation est différence, au moins en apparence. En 2008, le pétrole était cher et il semblait qu’il se raréfiait. Dernièrement, le pétrole est redevenu bon marché et on s’imagine de nouveau qu’il est abondant.

En fait, c’est la technique du « fracking » (fracturation hydraulique pour faciliter l’extraction et le pompage du pétrole brut et du gaz naturel) qui a ainsi changé le « paysage pétrolier ». Il existe un excellent livre sur le sujet c’est The Frackers: The Outrageous Inside Story of the New Energy Revolution.

En quelques années, les USA sont (re)devenus les premiers producteurs mondial de pétrole devant l’Arabie Saoudite. Ils sont désormais autonomes et ils exportent même !

L’abondance de l’offre a fait s’effondrer les cours presque aussi vite que ces derniers avaient atteint les sommets évoqués en 2008. C’est un phénomène habituel dans le paysage pétrolier et de même dans tous les marchés de « ressources naturelles » : la rareté fait monter les prix => les cours incitent les opérateurs à prospecter => la prospection intense finit par déboucher sur des nouveaux gisements => les nouveaux gisements entrent en production => ces nouveaux apports viennent s’ajouter à l’offre => le rapport offre/demande s’en trouve redéfinit => l’abondance de l’offre fait baisser les prix => les cours s’effondrent et ne permettent plus de justifier les gisements les moins rentables => les puits à faible rendements sont fermés et la prospection est stoppée => l’offre se réduit de nouveau => les cours remontent… et ainsi de suite. Cela fait des décennies que ce manège tourne de manière plus ou moins harmonieuse.

Il est d’ailleurs probable que la récente baisse des cours a bien arrangé l’administration Obama en affaiblissant le Venezuela, la Russie et l’Iran (toutes trois dépendante des exportations de pétrole pour leurs économies, surtout les deux premières…).

Pour faire un tour factuel du paysage pétrolier, je vous propose cette infographie (source : https://www.ecoreuil.fr/blog/economie-petroliere) :

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Les français vus par les étrangers : moroses, hargneux et je-m’en-foutistes !

Voyons les choses comme elles sont, pour une fois : les Français ne sont PAS sympathiques aux yeux des autres peuples. Nous sommes vus comme des êtres moroses : le dicton qui résume tout est « Français ? Des Italiens tristes ! ». Il en dit long sur notre déficit : non seulement nous sommes bordéliques comme les Italiens, mais, en plus, nous ne savons même pas être gais et agréables comme eux. Les femmes surtout, les plus belles sont persuadées qu’il faut « faire la gueule » sinon, on passe pour une idiote avec un sourire niais… Bonjour l’ambiance !

Ils sont souvent hargneux aussi. Une violence latente, poisseuse s’est développée depuis quelques années. Il suffit de prendre le volant pour s’en rendre compte : chaque sortie est l’occasion de voir des comportements injustifiés ponctués d’insultes et de mauvais gestes (pas besoin de préciser, vous m’avez compris : vous le vivez aussi !).

Pourquoi autant de morosité et de hargne ?
Un ensemble de choses sûrement. L’impression de ne pas être entendus, la frustration permanente de vivre dans un pays qui s’enfonce, avec des institutions qui ne fonctionnent plus et un chaos qui s’installe tranquillement.

Du coup, le respect des règles s’effondre, littéralement. C’est l’attitude « je-m’en-foutiste » qui triomphe, partout, tout le temps. Et si vous le faites remarquer, c’est le côté hargneux qui va ressortir, aussitôt.

Qui voudrait vivre avec un peuple pareil et dans un pays pareil ?
C’est la raison pour laquelle tant de Français partent vivre à l’étranger et là, surprise, ils ne sont plus ni moroses ni hargneux, ni « je-m’en-foutiste »… Tout simplement parce qu’on ne leur permet pas, CQFD.

 

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La Gendarmerie Nationale est parfaitement claire sur ses engagements !

Au moins, on ne pourra pas dire que la Gendarmerie Nationale utilise la langue de bois !
Au contraire, elle est parfaitement claire en ce qui concerne ses engagements… On dit souvent « qu’une image vaut mille mots », je vous laisse juger : à la page http://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/A-vos-cotes/Nos-engagements, on trouve ceci

Caputre d'écran réalisée sans trucage le 28 août 2016 à 16H50 !

Capture d’écran réalisée sans trucage le 28 août 2016 à 16H50 !

Au moins, comme cela, les citoyens honnêtes sont fixés : pas besoin d’attendre grand-chose ou autre chose, c’est dit noir sur blanc (blanc surtout…) !

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No Man’s Sky, pourquoi tant de haine ?

La sortie du très attendu No Man’s Sky (NMS) a provoqué bien des réactions haineuses finalement. Certaines sont même drôles comme celle-ci :

Il faut dire que les vidéos promotionnelles promettaient beaucoup…

Alors, pourquoi tant de haine ?

Pour deux raisons : tout d’abord, la sortie de la version PC (peu après celle pour PS4) s’est mal déroulée… Quelques bugs bloquants empêchaient de lancer le jeu ou, si NMS daignait tout de même démarrer, le niveau de performances était lamentable. Du coup, de nombreux enthousiastes (ceux qui avaient pris les vidéos promotionnelles pour argent comptant…) se sont transformés en déçus de la première heure et ont demandé le remboursement de leur achat (à 60€, NMS n’est pas tout à fait donné…) sur Steam. J’ai pu faire l’expérience de ce démarrage chaotique et, franchement, ça ne méritait pas ce déferlement d’injures : j’ai pu régler le problème du lancement en éditant deux lignes dans un fichier de paramétrages… Pour la suite, je n’ai pas constaté de « performances lamentables » alors que mon PC (utilisé uniquement pour les jeux et la simulation) n’est pourtant pas de première fraicheur…

Mais cela nous amène à la seconde raison : le ressort trop tendu des attentes a déclenché la claque de la déception !

NMS a fait le buzz pendant des mois, voire des années. C’est bon pour les ventes, car plus de 200 000 joueurs se sont rués dessus lors de sa sortie. Mais, l’époque est ainsi faite, nous sommes désormais rapides à brûler ce que nous avons adoré. De puis ce lancement semi-raté (bonnes ventes mais problèmes techniques), l’attrait de NMS semble décliner de plus en plus comme le montre ce graphique :

Source : Steam Spy

Source : Steam Spy

En vérité, il ne faut pas trop accorder d’importance à ce déclin apparent car il en va ainsi de tous les nouveaux jeux : beaucoup d’effervescence avant et pendant la sortie et puis l’enthousiasme s’éteint au fur et à mesure des semaines. J’avais constaté la même chose lors des championnats en simulation : beaucoup de concurrents lors des premières courses, beaucoup moins par la suite. Il vous suffisait d’être constant pour accrocher une place honorable au tableau final, car peu avait le courage de s’accrocher.

Je crois aussi savoir pourquoi NMS a déçu une grande partie des joueurs : NMS n’est pas et ne peut pas être TOUT pour TOUS !

Si vous voulez un jeu  de combats et une simulation de pilotage spatial, tournez-vous plutôt sur Elite: Dangerous. Elite serait formidable d’ailleurs s’il n’y avait pas les trolls qui gâchent tout. Combien de fois ai-je été détruit par un pirate qui s’amusait à attaquer tout ce qui passait à sa portée ?

Trop de fois. Cela m’a lassé et je préfère largement le calme de NMS.

Sur NMS, pour apprécier le jeu, faut savoir prendre son temps. Hein, quoi, prendre son temps ? Sérieux ?
Ben oui, de nos jours, c’est presque contre-intuitif !

Mais c’est sans doute pour cela que je fais partie des rares qui apprécient ce jeu : découvertes lentes, explorations mystérieuses, combats découragés, c’est parfait pour moi.

 

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Automobilista formula Vintage : GPL ou l’éternel retour…

La version 1.0 d’Automobilista vient d’être rendue disponible. Principale nouveauté de cette version : la formula Vintage avec des F1 des saisons 67 et 69. Le clin d’oeil à GP Legends est complètement assumé et Reiza ne s’en cache pas.

Il faut dire que 18 ans après sa sortie, le titre de Papyrus exerce toujours une certaine fascination sur le monde du SimRacing. Depuis, nous sommes tous un peu orphelins de GPL et ceux qui l’ont connu cherchent un remplaçant tout au long des années, des simulations et des versions de ces dernières…

Jusqu’à présent, cette quête était restée vaine. On retrouvait des Lotus 49 dans Assetto Corsa et dans PCARS mais, soyons brutalement honnête, ça ressemblait à GPL mais on ne ressentait pas ce qu’on éprouvait au volant de GPL, point. Il y a même un mod pour AC qui permet de compléter la Lotus 49 avec les autres voitures de la saison 67 mais l’apparence ne suffit pas.

Alors, la formula Vintage d’Automobilista est-elle enfin le GPL 2.0 que nous attentions ?
Oui et non, comme toujours.

Oui parce que, à son volant, on retrouve une partie des sensations de GPL. Seulement une partie parce que les formula Vintage ne sont pas aussi difficiles à piloter que ne l’étaient les monoplaces de GPL et c’est heureux !
Une partie aussi parce que les sons sont décevants et parce que les moteurs sont trop solides : avec GPL, les moteurs étaient fragiles (en plus du reste !) et il fallait gérer cet aspect alors qu’avec Automobilista, les moteurs semblent tout encaisser (un défaut selon moi).

De plus, la diversité n’est pas vraiment au rendez-vous car il n’y a que deux monoplaces : celle équipée d’un moteur V8 et l’autre, équipée d’un moteur V12. Alors, comme on peut mélanger les voitures de la saison 67 (sans ailerons) avec celles de la saison 69 (avec ailerons), ça fait un peu plus de différences mais avec une incohérence : les monoplaces type 67 ne sont pas moins rapides que les types 69 (alors que ça devrait être ainsi).

Mais laissons tout cela aux puristes !
La seule question qui compte vraiment est celle-ci : peut-on s’amuser au volant ?

Et là, la réponse est OUI, dix fois oui !
Les Vintages sont vraiment fun à piloter tout ne ne permettant pas de faire n’importe quoi. Je m’explique : elles glissent évidement plus facilement que les formula Retro (les F1 de la saison 75, en fait rien que des Brabham BT44 et une Copersucar qui d’ailleurs, elle, date de la saison 76…) mais demandent tout de même à être menée avec finesse. Avec les Retro, dès qu’on glisse, on perd beaucoup de temps. Avec les Vintages, un peu de glissades fait partie du « mode d’emploi » et c’est bien.

Ceci dit, on voit bien qu’il s’agit d’une version un. Quelques bugs sont encore là. Sur certaines voitures, l’aiguille du compte-tours est manquante, des trucs de ce genre. Et puis, faites que ces moteurs cassent un peu plus, comme à l’époque. ET surtout, améliorez les bruits moteurs, ça fait trop « turbines » pour le moment…

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Linux a 25 ans et est partout !

Le 25 août 1991, Linus Torvald (21 ans) poste ce message dans un forum : « Je réalise actuellement un système d’exploitation gratuit – c’est juste un hobby, cela n’a pas vocation à devenir aussi important et professionnel que GNU« .

25 ans après, Linux est devenu un élément majeur de notre informatique. Linux est partout !

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JET.COM et le plus gros pari du monde du e-commerce !

Après l’analyse du rachat de Dollar Shave Club par Unilever, Val nous propose aujourd’hui de revenir sur un autre rachat (qu’il avait prévu en plus !) : celui, tout récent, de Jet.com par Walmart…

Voici l’analyse de ce rachat, rédigée par Valentin Lefebvre et corrigée par Damien Lefebvre…

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La société jet.com s’est fait racheter pour $3,3 milliards par Walmart, environ douze mois après son lancement officiel !
Appeler cela une grosse affaire est un euphémisme.

Jet.com, c’est la boite qui explose tous les records, depuis sa création. Au total, la société a levé $565M en quatre cycles de financement auprès de dix-neuf des meilleurs investisseurs dans le monde (source: crunchbase.com).

Pour comprendre ce succès, il nous faut étudier M. Marc Lore, le fondateur de Jet.com : Marc Lore est un grand « pitchman » et il est certainement l’un des meilleurs du monde de l’e-commerce. En effet, avant de fonder Jet.com, il avait créé une société de négoce en ligne de cartes de sport « The Pit », pour la vendre plus tard à Topps Co. pour $5,7 millions en 2001.

En 2005, M. Lore a monté sa deuxième société « Quidsi »: une entreprise de e-commerce qui détenait des sites comme diapers.com, soap.com, yoyo.com, wag.com et d’autres dans la catégorie de produits de soins. Marc Lore connaissait très bien son industrie et Quidsi a levé environ $60M auprès de grands venture capitalists. Les perspectives étaient très prometteuses jusqu’à ce qu’Amazon décide d’entrer dans le jeu et de déclarer une guerre des prix.

Cette bataille acharnée avec Amazon a dévasté les marques phares de Quidsi, en saignant la trésorerie et en brûlant les profits. Tant et si bien qu’en 2010, la société n’avait finalement plus d’autres options que de faire racheter par … son rival, Amazon pour $550M. Cela représente presque dix fois l’argent que la société a levé dans les tours de financements. Beau retour sur investissement pour une “vente forcé ».

Après avoir travaillé pendant deux ans chez Amazon, M. Lore a quitté la société de Seattle et a commencé à pitcher de nouveau auprès d’investisseurs. Cette fois, il était lancé pour battre le plus grand acteur du milieu : Amazon !

Appelez-le le plus grand pari dans l’histoire de l’e-commerce. M. Lore est certainement le seul homme au monde qui peut s’embarquer dans une telle quête avec une vision si ambitieuse. La société qu’il a fondée, Jet.com, a levé beaucoup d’argent dès le stade initial de l’idée. Inscrit comme le plus grand pari de l’histoire du e-commerce, et à juste titre, la nouvelle société de M. Lore a levé plus que $140M avant même d’être lancée !

Cela fait beaucoup d’argent pour un « démarrage » !

Mais le monde du e-commerce est spécial : pour que ça fonctionne, « vous devez avoir ou atteindre l’économie d’échelle”, selon Marc Lore. Dans le cas de Jet.com, nous parlons de milliards de dollars !

Avant le lancement de Jet.com en juillet 2015, M. Lore a déclaré au Wall Street Journal qu’il prévoyait que l’entreprise atteigne la rentabilité d’ici 2020 une fois qu’elle vendra pour $20 milliards de produits par an. Il a dit le business-modèle de Jet est « prouvé 100% viable à grande échelle. »

En effet, l’e-commerce a une très forte barrière à l’entrée : beaucoup de capital est nécessaire. Nous ne parlons pas ici de votre propre petite boutique en ligne fonctionnant sur Shopify (par exemple), on parle d’une réelle destination, d’un catalogue commercial gigantesque en ligne à grande échelle qui offre et expédie des millions de produits en un clin d’œil.

Pour cela, énormément d’argent est nécessaire pour ne serait-ce que construire le système qui fera fonctionner le tout. Donc, la construction d’un concurrent d’Amazon est pratiquement impossible, sauf si vous avez des montagnes d’argent et le meilleur expert du e-commerce à bord, dès le premier jour… Tout ce que Jet.com avait, dès le début.

Alors, la prophétie s’est-elle réalisée ?

En octobre 2015, trois mois après le lancement initial, le projet d’utiliser un modèle d’adhésion payant a été abandonné. Cela a été une grande nouvelle. En effet, ce modèle d’adhésion payant était le cœur de l’offre de Jet et même son positionnement/différenciateur sur le marché. Pour qu’une entreprise abandonne son offre de base/positionnement aussi vite que ça, cela signifie qu’il doit y avoir un gros problème quelque part. Probablement les chiffres…

Jet.com offrait gratuitement cette « adhésion économie magique » aux premiers clients pour attirer le trafic, les achats et les inscriptions; mais cela signifiait aussi qu’il n’y aurait pas de bénéfices dans ses activités. De fait, au-delà des dépenses de marketing (grandes publicités à la télévision), le site perdait de l’argent sur chaque commande.

Certains justifieront cette démarche en disant qu’ils sont là pour “conquérir le marché », et donc de tout faire pour favoriser le momentum des ventes. D’ailleurs, Amazon (une bonne base de comparaison !) n’a pas été rentable jusqu’à très tard dans son existence. Pourtant, le dirigeant de Jet.com a bien vu qu’il ne pouvait pas soutenir longtemps cette stratégie avec la fameuse « adhésion économie magique », et certainement pas gratuitement.

Au début 2016, Jet.com se repositionne avec un « algorithme de tarification en temps réel », comme un magasin en ligne de tarification intelligente qui réduit le coût global votre panier au fur et à mesure de vos achats : « plus vous achetez, plus les prix baissent ». Pour que cela fonctionne, bien sûr (vous l’avez compris maintenant) : il faut atteindre des niveaux d’achats massifs pour que l’économie d’échelle s’enclenche.

Et c’est seulement grâce à une mise au point intelligente de la gestion des commandes à grande échelle et des expéditions que Jet.com peut espérer voir des profits au bout de la ligne. L’e-commerce est un business de gestion des commandes et d’optimisation des systèmes de livraisons.

D’un côté, le site Jet.com doit avoir une large sélection de produits qui sont effectivement recherchés par les clients, ce qui nécessite un accès gigantesque aux produits et de jouer à fond l’économie d’échelle pour acheter en gros. De l’autre côté, Jet.com doit avoir une logistique de livraison sophistiquée pour optimiser celle-ci à son maximum.

En mai 2016, Jet.com a fait son entrée dans le secteur de la livraison de produits frais, en concurrence directe avec AmazonFresh et Google Shopping Express. Cela dit, la livraison de produits frais est une activité à faible marge et, là encore, les rapports ont indiqué que Jet perdait de l’argent dans sa quête de détrôner Amazon. (source: WSJ)

Regardons quelques chiffres : avec la projection de réaliser $1 milliard de CA en 2016, Jet.com est un acteur de plus en plus prometteur dans le monde du e-commerce. En fait, c’est un véritable record : vendre pour $1 milliard de marchandises un an après le lancement est absolument hallucinant !

Bien sûr, la société a levé un montant de capital qui représente plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Seulement deux ans après la création officielle de la société et douze mois après son lancement, générer autant d’argent est tout de même un record !

D’accord, il n’y a pas de profit, et Jet.com perd beaucoup d’argent depuis le début.
Mais bon, ne pas réaliser de profit et dépenser à perte rapidement, c’est un “classique” dans le monde des startups, n’est-ce pas ?
De plus, il s’agit là d’e-commerce, un monde où les profits ne sont pas visibles avant un très long moment et seulement à grande échelle, bien entendu (pensez Alibaba et Amazon).

Pour comparaison, la division e-commerce de Walmart générait $14 milliards de CA en 2015. Cela peut paraitre impressionnant mais il se trouve que ce n’est pas beaucoup pour ce géant de la distribution. Cette société a une ancienneté de plus de 50 ans, possède une marque célèbre, et un avantage déterminant : des économies d’échelles sur les produits et la distribution… Pourtant, mêmes avec autant d’atouts,  Walmart.com génère 11 fois moins de CA que Amazon (+ $160 milliards). La division en ligne de Walmart n’est pas l’étoile montante de leur entreprise ni même leur priorité.

Nous avons ici un scénario classique  « du dilemme de l’innovateur », de sorte que la « vache à lait » de Walmart reste ses magasins physiques, ils fonctionnent très bien depuis la bonne moitié du siècle dernier, alors que la division des ventes en ligne est arrivée en retard sur ce marché (par rapport aux pionniers du domaine) tout en n’étant ni aussi agressive ni aussi efficace qu’Amazon.

Acquérir jet.com, l’étoile montante du e-commerce, avec en prime l’un des plus grands et meilleurs du secteur pour « seulement » $3,3 milliards apparait alors comme une décision totalement logique !

Voici un raisonnement tout simple : combiner M. Lore, l’homme le plus compétent et le plus féroce du e-commerce, à la tête des opérations en ligne de Walmart, avec l’avantage des économies d’échelle déjà présentes sur les produits et la distribution. Avec cela, Walmart sera enfin dans une excellente position pour vraiment gagner des parts de marché sur le commerce en ligne.

Chronologie des événements pour Jet.com :

  • Juillet 2014: levée de $55M.
  • Septembre 2014: levée de $25M.
  • Février 2015: levée de $140M.
  • Novembre 2015: levée de $350M à une valorisation de $1,35 milliard.

Le montant total des fonds levé en deux ans est de $570M et la société s’est fait racheter pour $3,3 milliards. Cela représente presque un retour de x6 en seulement deux ans !

En conclusion, il y a trois points à retenir ici :

  1. Walmart n’avait en fait pas d’autre option que de procéder à cette acquisition intelligente qui n’est même pas trop chère lorsque vous prenez la peine de regarder les chiffres du e-commerce.
  2. L’affrontement entre Marc Lore et Jeff Bezos est toujours d’actualité. Jeff Bezos, leader d’Amazon est lui aussi absolument féroce et très efficace, introduisant toujours plus d’innovations, de sorte que ce secteur devient de plus en plus compétitif et passionnant à suivre !
  3. Enfin, les grands gagnants dans cette histoire sont les investisseurs en capital-risque; une fois de plus, comme sur l’histoire précédente de l’acquisition de Dollar Shave Club par Unilever. En effet, le rachat a vu l’encaissement d’un gros chèque seulement 2 ans après le financement du démarrage. C’est plus qu’impressionnant.
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Quelques belles photo de ma Moto Guzzi Breva…

Je vous ai déjà largement montré des photos de ma Z1000 en Floride. Il était juste que ma Guzzi Breva ait droit, elle aussi, à sa « page photos », non ?

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Et sans oublier sa vidéo, n’est-ce pas ?

 

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Entretenir l’apathie, comment s’y prend la techno-structure ?

Voilà une exclusivité qui a échappé à Wikileaks !
Oui, voici le document secret soigneusement mis au point par les spin-doctors de la technostructure afin d’entretenir l’abrutissement et donc l’apathie de la population, facteur-clé du maintien du statu quo (voir l’article précédent sur le rôle de l’apathie dans notre civilisation moderne…).

Lisez bien, vous allez forcément reconnaitre des éléments très présents dans notre contexte…

1- Créer des coquilles vides aux noms rassurants

Il faut distiller une atmosphère de type « dormez tranquille brave gens » avec des agences aux noms pompeux censées assurer la sécurité du citoyen (genre « Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé »… ça sonne bien, hein !), mais qui seront inoffensives pour nos industriels, car « staffés comme il faut » (faire tout de même attention aux conflits d’intérêts un peu trop évidents, soigner le recrutement sur ce plan…).

2- Favoriser les addictions

Toutes les addictions sont bonnes pour nous en particulier celle aux médicaments (puisqu’on ne peut plus pousser le tabac et c’est bien dommage…). L’addiction aux médicaments nous offre deux avantages : tout d’abord, les gens sont obsédés par la quête de leur dose et ne pensent pas à autre chose pendant ce temps-là (toujours ça de gagné !) et, ensuite, les médicaments ont tendance à abrutir et ça aussi, ça va dans notre sens…

3- Décourager l’esprit d’entreprise

Si nous voulons que les gens s’en remettent à nous pour tout, il faut les dissuader d’entreprendre dans tous les domaines. En effet, un entrepreneur est un esprit libre qui a réussi, pas vraiment ce qu’on veut !
La réussite sociale doit être, au mieux, le fruit du hasard. Donc, le Loto (qu’il faut donc valoriser à toutes occasions) nous va bien mieux que les start-ups.

4- Mettre en avant l’égalitarisme

Attention, il ne s’agit pas d’égalité des chances, mais bien de la notion d’égalité poussée dans sa caricature. Ainsi, on favorisera le nivellement par le bas et on découragera les meilleurs éléments d’inspirer les autres. La médiocrité à tous les niveaux est notre meilleure alliée, il faut donc un cadre adapté à sa généralisation.

5- Promouvoir les profils les plus communs dans les médias

Nos médias doivent être un reflet de ce que nous voulons obtenir. Ils doivent aussi conforter les gens dans leurs situations, les rassurer en leur montrant que l’élite des médias (les présentateurs principalement) est « comme eux », c’est très important. Il faut donc privilégier les profils un peu (ou même beaucoup) « beaufs », car c’est pile ce que nous souhaitons généraliser à grande échelle au sein de la population.

6- Brouiller la notion de normalité

La notion de normal doit être modelée et redéfinie continuellement par nous. Ce sont nos médias qui doivent marteler ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Et, bien sûr, il faut que cette notion soit fluctuante afin que la population soit obligée de s’en remettre aux médias plutôt que d’avoir ses propres repères.

7- Promouvoir les « idiots utiles »

Les féministes, les antiracistes et, d’une façon générale, tous les groupes qui ont une attitude agressive et sectaire sont nos alliés. Ils nous permettent d’intimider la majorité silencieuse à peu de frais et ainsi de faire comprendre aux gens qu’il vaut mieux ne pas s’occuper des grandes questions. Et tous les déviants à notre ligne doivent punis par un ostracisme systématique et permanent.

8- Implanter quelques irritants

Il est bon que les gens soient frustrés par des situations anormales, mais sans pouvoir exprimer leur frustration (d’où l’utilité des groupes sectaires du point N°7). Donc, il conviendra de disperser ça et là quelques « irritants » comme favoriser les « gens du voyage ».

9- Décourager le fond, favoriser le spectaculaire

Est-il utile de rappeler combien les contenus diffusés par notre industrie du divertissement sont importants ?
Non, bien entendu. Cependant, je tiens à attirer encore une fois votre attention sur les grandes tendances à favoriser systématiquement. L’accent doit-être mis sur le spectaculaire et jamais sur les questions de fond. Il faut que le spectateur soit toujours en état de stupéfaction et jamais en état de réflexion.

10- Utiliser l’émotion à chaque occasion

L’émotion est la réaction qui nous est la plus utile, toujours !
Donc, chaque événement doit toujours être présenté en ayant recours à ce biais. Les présentations factuelles et froides ne nous apportent rien, il faut les bannir définitivement. Il faut promouvoir les présentateurs et les créateurs qui arrivent à faire pleurer les masses, car ils nous sont formidablement utiles.

 

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Les deux grands modèles de société humaine au banc d’essai !

La Russie communiste de Staline ou, plus près de nous, la Turquie d’Erdogan relèvent du même modèle d’organisation humaine : le modèle brutal appelé aussi dictature.

La dictature a recours à la violence pour maintenir l’ordre établi (le sien) ainsi qu’à la propagande afin de faire admettre son dogme (genre « nous sommes les plus forts » ou bien « Dieu est avec nous »). Bien entendu, il arrive que cette violence se retourne contre cet ordre établi qu’elle était censée défendre. C’est un peu l’illustration du dicton biblique « celui vit par l’épée périra par l’épée » appliqué aux sociétés humaines.

Mais il existe un autre modèle, celui inventé par les démocraties modernes qu’on appelle aussi souvent « les dictatures douces » (par opposition aux dictatures violentes) mais que je vais plutôt nommer « modèle apathique ».

Le modèle apathique, vous l’aurez compris, se sert de l’apathie du peuple pour rester en place. Grâce au lavage de cerveaux permanent exercé par les médias, personne ne songe à se révolter, rien ne peut provoquer un sursaut puisque le ressort est cassé à la base.

De temps en temps, des révélations font surface dans les médias, comme celle-ci par exemple :

Mais alors que cette révélation devrait soulever les foules, on ne constate… rien. Le système n’essaye même pas d’empêcher ce type de « fuites », il les organise même, car cela apporte deux bénéfices : tout d’abord faire croire que l’information est libre et que les idées peuvent circuler (pensez, on est même mis au courant des scandales !) et ensuite, provoquer un sentiment de fatalité (et qu’est-ce qu’on y peut, hein ! on sait bien qu’ils nous trompent et nous mentent…) qui étouffe toute envie de réagir.

Pareil pour des tours de passe-passe de bas niveau comme celui-ci : http://www.medias-presse.info/lordonnance-est-passee-en-france-desormais-une-banque-pour-se-renflouer-pourra-ponctionner-les-comptes-de-ses-clients/42401

Là aussi, normalement, on devrait avoir un mouvement populaire auprès duquel « nuits debout » serait une aimable récréation. Mais, là encore… rien.

Le modèle apathique est incroyablement solide, car, avec lui, nulle violence pour nourrir une opposition, pas d’énergie pour une réaction, une révolte… La résilience du système est inscrite dans sa nature même !

Oui, les dictatures violentes sont vouées à disparaitre : trop visibles, trop violentes. Les démocraties sont déjà en train de triompher grâce à ce système « soft » qui offre tous les avantages : un peuple esclave tout en n’étant pas conscient qu’il l’est. Non, moins que jamais, cette révolte ne viendra pas

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Le préjugé est le principal biais cognitif sur la perception de l’Histoire…

En matière d’Histoire, nous sommes tous victimes d’une foule de préjugés, c’est un biais cognitif massivement répandu. Allez, un exemple !

Connaissez-vous la différence entre Lénine, Trotski et Staline ?

Facile me direz-vous : Staline, c’est le grand méchant de la bande, Trotski, c’est le type bien, brillant, mais trop naïf qui s’est fait rouler par le grand méchant et enfin, Lénine, c’est la légende du communisme. OK, vu comme cela, on est en pleine image d’Epinal !

La réalité est que, sur le plan moral, il n’y a aucune différence entre ses trois personnages : Staline a effectivement usé et abusé de la terreur pour assoir son pouvoir mais Lénine et Trotski (avec moins de succès pour ce dernier !) aussi !

Il suffit de citer Trotski « il n’y pas de problème au monde qui ne puisse être résolu par ce seul mot : fusillé ! » pour comprendre que Léon n’était pas seulement un aimable penseur… Pareil pour Lénine qui n’a jamais hésité à faire tirer sur les grévistes, à annuler un scrutin et mettre en place la répression par le biais d’une police politique consituée de voyous.

Et pourtant… pourtant, l’image que nous avons de ces trois personnages est très différente et je suis certain d’en choquer beaucoup en affirmant qu’il faut mettre Staline et Trotski dans le même sac (absolument). Pourquoi avons-nous cette distorsion entre image et réalité ?

Tout simplement parce que nous sommes tous victime d’un conditionnement !
Le conditionnement que nous avons reçu à l’école renforcé ensuite par le flux des médias. L’Histoire n’est jamais écrite au hasard, il y a toujours un agenda. Ici, il fallait qu’il y ait UN super méchant, ce qui permet d’amoindrir le rôle des autres… Ainsi donc, se dire trotskiste n’est pas honteux ni insultant (ça devrait pourtant). On rencontre encore des gens qui revendiquent cette étiquette (je suis trotskiste) alors que c’est assez rare l’étiquette nazi par exemple… Les effets du conditionnement vous dis-je !

Mais puisqu’on évoque les super méchants, personne n’arrive à la botte de Hitler alors que Staline, pour rester avec le « petit père des peuples » est connu pour avoir tué plus de Russes qu’Adolf lui-même… Mais ce n’est rien à côté de Mao. En effet, le grand timonier mériterait le titre de « plus grand super méchant de l’Histoire » haut la main… Et pourtant, c’est toujours Hitler qu’on retrouve au sommet de ce podium (si j’ose dire…) !

Pourquoi ?
Encore une fois, le conditionnement. Mao comme Lénine a hérité d’une aura de légende et personne ne prend la peine de creuser cette légende. Si on le faisait, on s’apercevrait vite que Mao a causé la mort de plus de chinois que personne auparavant. Le décompte des victimes du grand timonier fait même apparaitre Hitler et Staline comme des petits joueurs.

Mais voilà, écorner l’image de Mao n’est pas prévu par la pensée unique qui nous subjugue. Donc, Hitler reste le seul super méchant de l’Histoire (et Staline reste le seul à être honni comme responsable du désastre communiste qui ravagea la Russie pendant trop longtemps).

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Livre à lire : #Cyberbook: L’admirable saga de l’informatique et de la culture numérique

Voilà un ouvrage que je ne peux que vous recommander !

#Cyberbook: L’admirable saga de l’informatique et de la culture numérique Album – 20 novembre 2015

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Je suis très sensible à tout ce qui touche l’histoire de l’informatique… Et là, je n’ai pas été déçu, j’ai même beaucoup appris (à ma grande surprise !).
Les illustrations complète parfaitement un choix bien dirigé des événements et des hommes qui ponctuent ce parcours. C’est un très bon ouvrage car il donne envie d’en savoir plus de vérifier certaines affirmations… Bien joué les gars !

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Relire « La loi de la proportionnalité inversée »

En août 2008, à l’occasion des Jeux olympiques de cette époque, j’écrivais un post intitulé « La loi de la proportionnalité inversée« . Je m’aperçois que huit ans après, je n’ai rien à ajouter !

Tout ce qui est décrit dans cet article déjà un peu ancien est toujours valable si ce n’est encore plus (la F1, par exemple, ne s’est pas améliorée, bien au contraire !). Donc, si comme moi, l’actuel « grande messe des JO » ne vous inspire que rejet et dégoût, lisez le donc (à http://www.alain-lefebvre.com/la-loi-de-la-proportionalite-inversee/), vous vous sentirez moins seul(e) !

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Prise de contact avec la Triumph Bonneville T120

En avril, j’avais eu l’occasion d’essayer la Triumph Bonneville Street twin, la nouvelle « petite » Bonnie, premier effort du renouvellement de cette gamme par le constructeur britannique. Si vous prenez la peine de lire ou de relire cette découverte passée, vous pourrez constater que j’avais été un peu déçu par la Street. Une machine pleine de qualités, mais avec laquelle j’ai eu du mal à « connecter »…. Il faut dire que la Street twin est une machine légère pour une 900. Normalement, c’est plutôt un plus, mais, pour ma part, j’ai plutôt eu l’impression quelle « flottait » entre mes jambes… Pas un bon feeling donc.

Pourtant, le comportement moteur m’avait paru très en progrès par rapport à l’ancienne génération de Bonneville (vraiment très fade sur ce plan). Donc, je voulais voir si la T120, plus imposante de dimensions et de poids, pouvait me faire une impression plus favorable.

Je me suis rendu à Moto Labo à Grenoble afin de pouvoir faire un tour sur la « grosse » Bonneville toute nouvelle. J’ai été très bien reçu par le patron qui m’a confirmé qu’il y avait beaucoup de demandes et donc, pas mal d’attentes sur ce modèle… Tant mieux pour Triumph donc : l’effort du constructeur pour renouveler et améliorer sa Bonneville n’est pas passé inaperçu !

C’est la T120 « Black edition » que j’ai pu essayer. Ce n’était pas mon premier choix. Personnellement, j’ai horreur du noir mat hélas très à la mode ces derniers temps. Je préfère largement la version chromée, mais cela importe peu, car c’est sans influence sur le comportement. Et le comportement fut tout à fait à la hauteur de mes attentes : voilà une moto facile, souple (je dirais même « onctueuse ») et avec beaucoup de couple. Je n’ai pas du tout aimé le mode « road » qui, d’après moi, donne des à-coups brutaux. Pas du tout en phase avec l’esprit de cette machine (un peu comme les modes « sport » de la MT09). Heureusement le mode « rain » est parfait et permet de révéler le vrai caractère de cette moto : en douceur, une force tranquille qui tracte (fort si besoin). Il semble aussi que la démultiplication finale soit un poil longue… Je n’ai pas vraiment pu éprouver la tenue de route et la garde au sol, mais il freinage est très bien. L’ABS permet d’utiliser l’AR sans arrière-pensée (sans jeu de mots !). Le confort est bon : selle pas trop dure et bonnes suspensions, mais pas mieux que ma Breva en fait. Les compteurs sont peu lisibles (en particulier les écrans LCD bien trop petits), mais ça sera vraiment ma seule critique de cette machine qui est, globalement, très réussie. Cette fois, je n’ai pas ressenti cet effet de flottement : la position de conduite est bonne et j’avais l’impression d’être bien calé avec la Bonnie. Pouce levé pour la T120 donc… Dommage que Triumph ait cru devoir produire la « black edition » en masse au détriment des versions plus classiques…

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