Reportage : un stage “piste” à la De Radiguès Rider school… Le plein de sensations !

Tourner sur circuit à moto, voilà un projet qui tenait à coeur mon fils Val depuis un moment… Il a su me convaincre, trouver la bonne organisation, tout arranger, je n’avais plus qu’à payer… Comment refuser ?

Et voilà comment on s’est retrouvé jeudi 23 juillet dernier sur le circuit Carole pour un stage de deux jours avec la De Radigès Rider School. Non, je n’ai pas osé y aller tourner avec ma Guzzi Breva et nous avions donc loué des hyper-sportives : une Honda CBR600 de 2008 et une Yamaha R6 de 2015 pour lui. Nous avions aussi loué une partie de l’équipement : combinaisons et bottes, nous n’avions qu’à apporter nos casques, gants et bonne humeur !

Voici le plan officiel du circuit. Carole est un tracé court avec une partie assez sinueuse entre "Alpha" et "Echo"...

Voici le plan officiel du circuit. Carole est un tracé court avec une partie assez sinueuse entre “Alpha” et “Echo”…

Voici une vidéo trouvée sur Youtube qui permet de découvrir le tracé depuis la bulle d’une R6. Croyez-moi, c’est vraiment ça !

Déjà, première constatation : il y a du monde !
Nous sommes une bonne cinquantaine (peut-être même plus !) mais ça ne pose pas de problème, car les instructeurs aussi sont nombreux. Nous sommes répartis par petits groupes. Nous nous retrouvons donc avec les débutants, car nous n’avons pas d’expérience “piste” à mettre en avant. Pas de problème, nous avons justement tout à apprendre !

Val a couru deux saisons en PocketBikes mais c’était il y a dix ans. Moi, j’ai fait le Challenge Honda 125, mais c’était en 1979. J’ai également fait quelques tours sur une Yam 750 à Carole, mais c’était en 1986. Tout cela est trop loin pour compter vraiment.
L’un et l’autre, nous avons un peu de culture du sport-auto (surtout moi, mais Val est doué, ça compense) mais, bien sûr, la moto, c’est tout de même radicalement différent comme on va pouvoir s’en rendre compte pendant ces deux jours très intenses.

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Val et moi, de dos, pendant un débriefing autour de la table avec notre instructeur, Jérome Tangre. Crédit photo pour toutes les images de ce post : www.corradi.be

Disons-le tout de suite, ce stage était vraiment, vraiment super. L’organisation était impeccable et les instructeurs ont beaucoup fait pour que chacun progresse et se sente bien. Avec un encadrement pareil, tout était en place pour que cela se passe bien. Il y a avait aussi deux mécanos pour s’occuper des pneus et des petites interventions, un staff médical en cas de besoin, plus des commissaires de piste et un fourgon comme “voiture-balai” (et un lunch organisé le midi). Manquaient juste les “umbrella-girls” pour s’y croire tout à fait, sinon, c’était parfait.

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Val et moi avant l’action : on détaille les protections de ma CBR (bien raccommodée car cette moto avait déjà “quelques heures de vol”…).

Le stage alterne les roulages avec les ateliers, les débriefings (y compris vidéo), les exercices et ainsi de suite, on n’a pas le temps de s’ennuyer une seconde !

En fait, les pauses sont même les bienvenues tellement les séances sur la piste sont intenses et physiques. En fait, c’est même LA grande surprise de ce stage : la moto sur piste, c’est incroyablement exigeant, surtout quand on n’est pas tout à fait à l’aise, on se fatigue beaucoup et vite… Bien entendu, les bons pilotes se fatiguent moins, car ils savent comment se placer sur la moto, bouger sans faire d’efforts inutiles, respirer comme il faut au bon moment et ainsi de suite. En revanche, si vous êtes crispé, un peu débordé par ce qui vous saute à la figure et toujours en retard d’un point de corde, vous allez vite tirer la langue !

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On écoute bien les commentaires de Jérome, car ce dernier est un puits de sagesse pour tout ce qui concerne la moto !

Bref, je dois avouer qu’on a mouillé le t-shirt (alors qu’il faisait beau mais, heureusement, pas trop chaud)… Déjà, faut encaisser les freinages : même si ceux-ci sont plus longs qu’en automobile (il y a moins de poids, mais aussi et surtout, bien moins d’adhérence), ils sont d’une telle violence qu’on met un certain temps à s’habituer… Imaginez, vous déboulez à 180 couché sur le réservoir vers un goulet fermé par un mur de pneus (le freinage de “golf” par exemple). Au moment choisi, vous vous relevez brusquement et vous vous jetez sur le levier de frein avant pour le freinage de trappeur tel que jamais vous ne l’avez fait sur route ouverte (sauf urgence que je ne vous souhaite pas). Si vous avez pensé à bien tendre vos bras pour encaisser le transfert de masse, c’est un bon point. Sinon, vos muscles sont en train de lutter pour éviter que vous alliez “manger” le bord de la bulle… Ah oui, avez-vous aussi pensé à bloquer vos genoux contre le réservoir ?
Sinon, c’est dommage, mais il ne faut pas vous plaindre que la partie délicate de votre anatomie soit en train de s’écraser sur ledit réservoir… C’est pas tout, faut aussi penser à rentrer les rapports (trois, et rapidement s’il vous plait !) et se décaler d’une fesse vers l’intérieur du virage qui se rapproche maintenant encore bien vite…

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Nous alternions les débriefings autour de la table et les cours en salle. Tout le monde est concentré car il y a des progrès à faire !

La phase de freinage ne dure que deux à trois secondes mais on est alors en apnée se demandant si on va ralentir suffisamment pour pouvoir prendre ce virage qui paraissait pourtant anodin lorsqu’on l’a reconnu à pieds !

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La phase finale du freinage de “Golf”, c’est le moment de relâcher la pression sur le levier et de préparer à “déclencher” (engager la moto dans le virage) afin d’aller chercher le point de corde… Nous sommes encore au tout début du stage.

Une fois que la moto est assez ralentie, il est temps de “déclencher” le virage, c’est-à-dire de balancer la machine sur l’angle pour (tenter de) rejoindre le point de corde et réaccélérer pour s’extraire. Sur le papier, c’est simple. Sur la selle, c’est déjà plus sportif : on se décale largement, ne laissant qu’une fesse sur la selle, on ouvre le genou intérieur et on se penche à l’intérieur du virage en pliant bien les coudes (j’ai eu du mal à enfin réussir ce dernier geste !). Le bras et le genou extérieurs sont eux calés sur le réservoir. Ce déhanché accentué n’est pas là pour faire le beau, mais pour limiter l’angle pris par la moto (et ainsi éviter de trop demander aux pneus).

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Val vient de comprendre qu’il n’allait pas pouvoir finir son freinage trop optimiste : sa roue arrière est bloquée et il va faire un tout-droit !

Cette séquence sur les freins était physique à encaisser, mais ce n’était pas le plus compliqué à exécuter. Le plus dur en fait, c’était de comprendre que les trajectoires à appliquer étaient bien plus tendues que ce à quoi nous étions habitués sur 4 roues… En effet, nous avions bien trop tendance à aller “profond” dans le virage (surtout à “hôtel”) au lieu de plonger à la corde dès l’entrée de virage. Du coup, nous avons manqué le point de corde une paire de fois (bien plus en fait et ça se voit bien sur la petite vidéo que j’ai réalisée).

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Revue de détail en vidéo : on ne peut pas se cacher et les commentaires pleuvent ! Faudra faire mieux le prochain coup…

Mais, grâce à nos instructeurs, nous avons pu progresser tout au long de ces deux jours. Les différents ateliers nous y ont bien aidés : revue vidéo pour réaliser combien notre position réelle était loin de ce que nous imaginions, “chrono mental” pour ajuster nos repères, atelier trajectoires pour affiner nos enchainements et ainsi de suite. Mais la vraie percée est venue d’un exercice que je n’imaginais même pas : sans frein ni boîte !

Il s’agit de parcourir le circuit en restant sur le 3ème rapport, sans jamais rétrograder ni bien sûr toucher aux freins pour se ralentir… Délicat non ?

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Dans un virage à gauche (j’y étais bien moins à l’aise, va savoir pourquoi !). A ce moment-là, j’ai encore mon Arai sur la tête avant que Val ne me le pique (le Shark lui tombait sur les yeux, parait-il, pauvre petit chat !) et que je prenne le Shark…

Génial en fait. Car cela permet de hausser progressivement sa vitesse d’entrée en virage et de réaliser (si on exagère pas bien entendu) que ça passe. Par exemple, j’ai commencer à aborder “hôtel” à 60 km/h (on ne rit pas, merci) pour me rendre compte que, finalement, à 60, j’étais un peu “arrêté”. Donc, un peu plus vite + un peu plus vite + un peu plus vite… ça passe toujours !

Au final, j’ai pu avaler “hôtel” à 80 km/h et avec le genou par terre, s’il vous plait… Ah, le genou par terre, parlons-en !

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Me voici dans un virage à droite (largement majoritaire à Carole !). Le genou n’est pas très loin mais la position est loin d’être bonne : le bras intérieur est resté tendu alors qu’il faut plier le coude pour engager le haut du corps avec le reste (genou intérieur et fesse intérieure sont déjà dehors).

Au tout début du stage, cela ne faisait même pas partie de mes objectifs tellement ce geste mythique me semblait loin de mes capacités réelles ou supposées. Mais les temps ont changé : depuis Saarinen et Roberts, les pneus ont fait de sacrés progrès et les machines aussi. Désormais, à condition d’adopter une position adéquate, c’est à la portée du premier venu ou presque (pensez, Marquez pose carrément le coude lui !). Bref, tout cela pour dire que lorsque j’ai senti une étrange sensation au niveau de mon genou droit, ça m’a d’abord salement surpris !
Et puis, on s’y habitue vite : j’ai dû le faire frotter une bonne dizaine de fois dans 3 virages différents (toujours à droite, jamais à gauche en revanche). Cependant, il serait abusif de dire qu’on prend appui dessus, comme en Pocketbike… Non, le bout du slider se met à frotter par terre et c’est tout, contentez-vous de cela.

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Une position qui aurait été top dans les années 80… Mais bon, on est 30 ans après Lefebvre ! Il faut plier les coudes bon sang… J’ai finalement réussi à le faire mais presque à la fin du stage (comme quoi, il y a de l’espoir).

Val était bien plus rapide et agressif que moi et lui a fait frotter les deux genoux un bon nombre de fois un peu partout, pas de détail !

Au tout du stage, j’ai pu relever un premier chrono de 1’36 (un chrono Alfano était installé sur mon CBR). Lors de mon dernier et meilleur roulage, j’ai pu tourner en 1’16 alors que Val était en 1’07. Une belle progression mais qu’il faut relativiser quand on sait qu’un bon chrono à Carole commence à 1’02… On en est encore loin (surtout moi) !

Ce stage a aussi été l’occasion de sentir (douloureusement !) nos limites physiques !
Val est bien plus “fit” que moi mais lui aussi était épuisé à la fin de chaque run. La moto, c’est bien sportif que le sport-auto et, surtout, nous nous fatiguions vite car nous étions trop contractés dans l’effort (quand on pilote à la limite de ses moyens, difficile d’être confortable !). Pour moi, ça été encore pire dans la mesure où ma nuque se bloquait rapidement le second jour, souvenir d’une blessure déjà ancienne (mais dont les séquelles se font sentir quand je tire un peu sur la corde…).

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Val sur la R6 dans on attitude caractéristique : tout par terre même dans les virages à gauche ! Il s’en est donné à coeur joie même si, tout comme moi, il a été obligé de corriger ses trajectoires pour aller plus vite…

Evidemment, on a aussi échangé nos machines une fois, rien que pour voir. Je trouvais que la CBR avait un comportement moteur agressif mais que c’était là son seul défaut. L’essai de la R6 m’a bien éclairé sur ce point : la Yam est bien plus lisse en terme de comportement moteur mais elle est aussi moins agile que la Honda (parce qu’elle est un poil plus longue ?). Au finale, j’ai tout de même préféré la CBR sur laquelle j’avais une position plus confortable (les repose-pieds sont trop hauts sur la R6, selon moi).

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Et à droite ? Pareil, répond Val !

Il y avait de tout lors de ce stage : des habitué(e)s, des débutants. Des bons, des moins bons. Des machines de pointe, des sportives (MV, Ducati, etc.) et aussi des machines ordinaires (roadsters). Donc, ne faites aucun complexe, c’est vraiment ouvert à tous !

Juillet 2015 au circuit Carole. Un petit souvenir de ce super stage !
Merci encore à l’équipe de DRRS et surtout à Jérome Tangre, notre instructeur !
Musique : The Boston Wrangler par Michel Legrand.

Une petite vidéo pour illustrer tout cela : deux jours intenses mais de pur bonheur, merci DRRS !

Un stage de deux jours ne se résume pas simplement à des épisodes techniques. C’est aussi l’occasion de belles rencontres humaines !
Je pense en particulier à notre instructeur, Jérome Tangre, qui a été vraiment super : éloquent, précis, mélioratif et bon pédagogue, il a été parfait. Je pense aussi à Olivier, Alain et bien d’autres avec qui les échanges ont été bien sympathiques. Mention spéciale à Clara du blog Kiss and Vroom qui s’est bien débrouillée avec sa Ducati Monster !
Et, cerise sur le gâteau, j’ai également pu faire une interview de Didier de Radiguès lui-même… Le fondateur (avec Philippe Storrer) de l’école était présent et j’en ai profité pour lui faire évoquer l’époque héroïque où il courrait avec les autres champions bien connus (de Spencer à Sarron). Je vais publier une transcription complète de l’interview dans un prochain post, promis ! 

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Pour finir, une recommandation : le pilotage à fond, c’est vraiment top mais il faut savoir se contenter d’un stage sur circuit pour en éprouver les joies. Ne faites pas cela (je répète, ne faites PAS cela…) sur routes ouvertes. On a constaté également que les super-sportives y étaient bien à leur place mais on est en droit de se demander pourquoi certains achètent ces motos pour rouler sur route : c’est inconfortable au possible et vraiment pas adapté pour autre chose que la piste.

Pareil pour les roadsters : bien polyvalents mais pas du tout à la hauteur des super-sportives. Et sur un tracé comme Carole, contentez-vous d’une 600 qui va être bien plus à l’aise qu’une 1000 et largement suffisante, croyez-moi !

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