Comme vous le savez sans doute, je connais Soheil Ayari (voir son site officiel à http://www.ayari.com/) qui est un des top pilotes Français. Du coup, je suis en train de rédiger une biographie sur lui qui va être publié dans les mois qui viennent par son frère (qui est également son manager).
Rédiger une biographie était un excercice nouveau et intéressant pour moi et le parcours de Soheil méritait bien cet effort particulier. Je vous propose ici un extrait (le prologue et l’introduction) de cet ouvrage qui aura pour titre “Soheil Ayari, un pilote moderne”.
Prologue
Ma première rencontre avec Soheil remonte au mois d’août 2000. Le concessionnaire (le garage Mont Blanc) qui m’avait vendu ma 911 me proposa de participer à une journée de pilotage sur le circuit du Laquais avec d’autres propriétaires de Porsche.
Une bonne surprise nous attendait au club house du circuit puisque le concessionnaire avait invité Soheil AYARI afin qu’il soit notre moniteur pour la journée. Je ne l’avais pas encore rencontré bien que vivant à Aix les Bains, la même ville que lui. En revanche, j’en avais déjà largement entendu parler dans la presse spécialisée et j’avais retenu son nom justement à cause de notre proximité.
Soheil était alors considéré comme l’un des grands espoirs du sport automobile français puisqu’il avait remporté le titre de Champion de France de F3 avec le record du nombre de victoires en 1996. Et, depuis, il écumait le peloton de la F3000 internationale en ayant accroché 2 victoires. Il avait connu un point d’orgue fin 1997 lorsqu’il remporta la coupe du Monde de F3 à Macau et pu participer à des essais organisés par l’écurie Williams de F1 qui cherchait alors son pilote de tests. Mais c’est Montoya qui fut retenu par Williams et, depuis cette déconvenue, la carrière de Soheil semblait se chercher un peu.
Je découvrais à cette occasion un personnage sympathique et passionné qui nous prodigua ses conseils avec chaleur. L’intérêt de cette réunion consistait dans la présence de Soheil qui proposait à qui était intéressé de rouler à bord avec lui. Je me portais volontaire et, en début d’après-midi, je fis d’abord quelques tours en tant que conducteur avec Soheil à mes côtés afin qu’il puisse me faire ces remarques.
Puis ce fut son tour de prendre le volant et moi de mettre en position « d’observateur privilégié ». Et privilégié, effectivement, je le fus. Soheil pilota ma 911 tout en commentant ses propres gestes, le comportement de la voiture et même me regardait en me parlant. Tout bonnement incroyable !
Avec Soheil aux commandes, c’est tout juste si je reconnaissais ma voiture : le moteur hurlait, les roues arrières patinaient et le châssis se mettait en travers dès l’entrée de virage. J’étais submergé par un flot de sensations que je tentais de décrypter, comprendre et d’enregistrer au fur et à mesure afin de retenir le plus possible ce formidable cours de pilotage que Soheil était en train de m’administrer. Au bout de deux tours, je n’en pouvais déjà plus et je lui demandais de se contenter de me commenter un point précis à la fois car je n’arrivais pas à tout stocker. J’étais complètement débordé par le moment de pilotage que je venais de vivre.
Cette expérience m’a marqué car là, j’ai vu en direct, au plus près et dans un contexte que je connaissais (ma propre voiture et sur un circuit que j’avais déjà bien « limé ») ce qui me séparait d’un pilote exceptionnel. Ici, l’écart n’était pas simplement mesurable en secondes, mais bien plus grand, immense, irrattrapable. Il ne s’agissait pas seulement de rapidité mais aussi d’aisance, d’écoute et de capacité d’analyse : Soheil savait écouter ma Porsche et lui parler comme jamais je n’avais réussi à le faire et ce dès les premiers instants. Alors que je lui confiais combien j’avais été « soufflé » par son pilotage, Soheil me consola en disant « oui mais moi ça fait plus de dix ans que je me consacre à ça, alors… ».
Ce premier contact avec Soheil Ayari m’avait tellement emballé que je ne voulais pas en rester là et, comme nous avions échangé nos adresses email et, à sa demande, je lui envoyais un long message où je critiquais en détail son site Web ayari.com (à l’époque, mon travail était justement de faire l’audit de site web…). Soheil me répondit très positivement et, de fil en aiguille, je finis par lui proposer que ma société s’occupe de refaire son site complètement, gratuitement s’entend.
Une relation s’était nouée. En quelques semaines, j’étais devenu un des « partenaires » du pilote d’Aix les Bains qui porta même un écusson « Keenvision1 » sur sa combinaison à l’occasion de la dernière manche du championnat du monde des prototypes qui se courrait à Kyalami (Afrique du sud). Par la suite, j’ai eu l’occasion de revoir Soheil et son frère Sassan (qui s’occupe de gérer la carrière de son pilote de frère et à co-écrit ce livre avec moi…) à de nombreuses reprises pour les aider à réaliser un « flip chart » à montrer aux sponsors qu’ils démarchaient.
C’est à travers ces échanges et cette collaboration que je pus découvrir la face cachée d’un pilote de haut niveau : les questions liées à la gestion de sa carrière, les choix à effectuer en début d’année, la gestion des relations avec les sponsors, l’entraînement physique, etc.
Je pressais Soheil de questions sur le pilotage, le comportement des voitures qui lui était passées entre les mains, ses circuits préférés et pourquoi, les anecdotes sur les hauts faits de son parcours, etc.
Soheil me répondait avec toujours beaucoup de patience et de passion. Avec lui, j’ai même tracé des plans des circuits que j’allais affronter en Arcobaleno (une petite monoplace) et que je ne connaissais pas afin qu’il m’indique les endroits clés. Je me souviens en particulier du moment où j’étais revenu d’une séance d’essais à Dijon passablement découragé. Une fois de nouveau chez moi, c’est Soheil qui me rassura en m’expliquant combien Dijon était un circuit difficile. Sur le paper-board, Soheil me dessina la bonne trajectoire à respecter et les pièges à éviter du circuit. Cette description détaillée et les explications de Soheil contribuèrent à me démythifier Dijon-Prenois.
Soheil était toujours plein de ressources, même pour des détails anodins. J’allais être intégré à une équipe italienne pour ma saison sur la monoplace Arcobaleno… Et donc, pour ce qui est de l’italien, c’est encore Soheil qui me donna un coup de pouce en me prêtant son lexique franco-italien, compilation de termes techniques propres à la compétition automobile. Pendant quelques semaines, j’appris ces termes par cœur afin d’être capable de communiquer un minimum avec ma propre équipe.
Tous ces moments passés avec lui étaient précieux car il me permettait de recueillir un témoignage de premier ordre sur « comment cela ce passait vraiment » sur le terrain. J’ai ainsi obtenu avec Soheil une matière qui dépassait de loin tout ce que je lisais régulièrement dans Auto-Hebdo. C’est un peu comme si, fan d’une vedette de cinéma, j’étais tout d’un coup invité sur le plateau de tournage d’un de ses films…
Par la suite, je me suis aussi impliqué personnellement dans la refonte de son site et, du coup, j’ai été plongé des semaines durant à intégrer les textes retraçant la carrière de Soheil ou les photos illustrant les galeries du site. C’est par cette « intimité » avec ce pilote que j’ai pu comprendre la somme d’efforts et de circonstances favorables qu’il faut investir et réunir pour tracer sa voie dans ce milieu.
C’est avec ces éléments en tête qu’il faut se rendre compte que la carrière de Soheil, qui est loin d’être terminée, est déjà exceptionnelle : sans jamais avoir fait partie d’une “fillière” soutenue par un sponsor emblématique (comme la filière Elf par exemple), Soheil a gagné dans chaque catégorie qu’il a abordé : Formule Ford, F3, F3000, Proto, Supertourisme et GT. Il a accumulé les titres : 7 titres de champion de France (F Ford, F3, Supertourisme et GT) mais aussi la coupe du Monde F3 et le titre international Le Mans Series en GT.
Au-delà des résultats bruts, il y a la manière : Soheil est un pilote agressif, un compétiteur-né, un pilote combatif qui ne baisse jamais les bras. Heureusement, il est également doté d’un sourire qui le rend immédiatement sympatique et abordable. Pilote doué et versatile, Soheil est également un technicien qui adore décrypter et faire progresser le comportement de sa voiture.
C’est grâce à lui que je sais le peu de choses concrétes sur le comportement réel d’une voiture de course (grâce à ses longues et patientes explications) et pourquoi elle va réagir ainsi en telle circonstance.
Bien entendu, des pilotes doués et combatifs, il en sort quelques-uns chaque année. Là où Soheil sort du lot, c’est dans sa volonté et sa capacité de vous impliquer dans son aventure. Tous ceux et toutes celles qui ont pu le rencontrer sur le terrain pourront en témoigner : voilà un pilote qui sait vous faire partager ce qu’il est en train de vivre sur le circuit.
Toutes ces qualités valait bien une biographie…
Introduction
On l’aura compris, cet ouvrage est une biographie sur Soheil Ayari. Elle se concentre sur son parcours en tant que pilote, on ne s’est donc pas attardé sur la jeunesse (forcément édifiante !) du champion ou sur sa famille. D’entrée de jeu, on plonge au coeur de l’action avec ses débuts sur les circuits.
Les biographies sont souvent publiées à la fin de la carrière d’un pilote, comme une sorte de bilan et de récapitulatif. Or, Soheil est toujours en pleine activité et cela donne à ses récits et réponses le tranchant de l’action. Il s’agit donc d’un regard sur la trajectoire de Soheil alors que le pilote est toujours concentré sur l’étape à venir.
Mais cet ouvrage n’est pas une hagiographie (récit de la vie et les oeuvres d’un saint). Il ne s’agit pas ici de tresser une couronne de lauriers à Soheil-le-meilleur-d’entre-tous… Cela n’aurait pas de sens et serait peu significatif.
En revanche, même si son parcours est jalonné de réussites éclatantes, il nous a paru intéressant de revenir sur ses échecs (Soheil était “programmé” pour aller en F1 mais cela ne s’est pas fait… Pourquoi ?), ses erreurs et ses déceptions pour illustrer que la carrière d’un pilote est faite de hauts et de bas. Qu’au-delà du côté brillant de cette scène spectaculaire, l’envers du décor était âpre, rugueux et délicat à gérer. Comme tous les sportifs de haut niveau, Soheil parvient rester au sommet grâce à sa résilience : sa capacité à absorber les coups durs et à rebondir.
C’est en cela qu’il est un pilote moderne : bien adapté à son époque, il est capable de conduire n’importe quel type de voiture de course (des mythiques Porsche 917 et 935 jusqu’au proto le plus moderne) et d’impliquer un public qui n’est pas toujours des passionnés de sport-auto…
Cet ouvrage est articulé autour des sections suivantes :
1- les débuts : du karting à la formule Ford.
2- l’ascension : le titre record en F3 et la première saison en F3000
3- aux portes de la F1 : Macao, le test avec Williams, la complexité de “l’équation F1”
4- du Supertourisme à la GT : le début de la seconde partie de carrière de Soheil
5- GT et endurance : les titres avec la Saleen, l’association avec Oreca pour le proto
Avec cette cinquième partie, nous arrivons à l’époque actuelle mais le livre n’est pas terminé !
Nous avons suivi le parcours de notre champion, voyons maintenant “les coulisses de l’exploit”…
6- la réalité du métier de pilote : gérer l’inter-saison et les à côtés…
Sans être un ouvrage généraliste sur la course automobile moderne sur circuits, profitons de notre intimité avec Soheil pour mieux comprendre les contraintes et les exigences qui pèsent sur un pilote professionnel. Soheil est un guide passionné et passionnant, profitons-en pour l’accompagner aussi loin que possible, la randonnée en vaut la peine !
Et bien, tu va contribuer à l'”ettoffement” de ma biblio. Prolixe que tu es mais… ou trouves-tu tout ce temps ?
En fait, je passe tout mon temps “professionnel” à écrire : c’est mon activité principale !
Je pense vraiment que le livre sur Soheil vaudra bien de rejoindre la bibliothéque d’un passionné de Sport-auto (même s’il ne connait pas bien Soheil… C’est une occasion de le découvrir) car c’est un tour d’horizon de ce que c’est que d’être un pilote pro de nos jours… d’où le sous-titre “un pilote moderne”…
Ce projet avance bien car nous sommes en train de le finaliser : écriture de la conclusion, intégration des derniers témoignages, définition de la couverture… ça commence à sentir la sortie prochaine !
Tiens nous au courant, je ne veux pas rater la sortie