Les Indy 500 de 1972, année de la plus grande progression des performances !

En 1972, l’épreuve des Indy 500 a vu la plus grande progression de son histoire d’une année sur l’autre : le temps de la pôle de 1971 aurait toujours été suffisante pour se qualifier en dernière ligne en 1972 !

EAGLE OFFENHAUSER STP, superbe !!

 

Extrait de « Dr Miracle – saison 1972 ». Notre héros s’envole aux USA pour assister aux 500 milles d’Indianapolis au sein de l’équipe Penske qu’il va conseiller lors de la série Can-Am qui va suivre cette épreuve…

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J’ai ensuite pris un avion le mardi pour rejoindre l’Indiana. Dès le lendemain, je me rendais aux installations du circuit où Penske m’avait donné rendez-vous. Une fois en présence du “capitaine”, celui-ci me résuma les semaines d’essais qui venaient de s’écouler…

Penske- On savait tous que les voitures de cette année allaient être plus rapides que l’an passé, mais pas à ce point !

Songez que Peter Revson a fait la pôle en 71 juste devant Mark avec un temps qui le mettrait en dernière ligne cette année… Une sacrée progression, non ?

En 71, on dominait, mais on n’a pas terminé : Mark a cassé peu après le premier quart de la course alors qu’il était largement en tête. C’est lui qui avait le meilleur rythme tant aux essais qu’en course, mais ça n’a servi à rien. Cette année, c’est L’Eagle de Dan Gurney qui domine largement les chronos et on a cassé un tas de moteurs en essayant de suivre son rythme. Cela n’a servi à rien : c’est Bobby Unser sur Eagle qui a décroché la pôle et avec de la marge en plus. Mark est furieux de nos casses à répétition et il veut absolument réduire la pression du turbo pour la course afin d’avoir une chance de terminer cette année, peu importe la place.

Et j’avoue que je suis partagé : je n’ai pas envie qu’on casse de nouveau pendant la course, mais rien ne sert de s’aligner si c’est pour être largué d’entrée de jeu, on va être ridicule si l’Eagle d’Unser nous prend plusieurs tours d’avance !

Lefranc- Je ne connais pas les 500 miles, c’est la première fois que je viens ici, mais votre fameuse course ressemble un peu aux 200 miles de Daytona en moto : ça a l’air d’être une course de vitesse, mais, en fait, c’est quasiment une course d’endurance. Et la règle d’or en matière de course d’endurance, c’est de se donner les moyens de finir. Je pense que Mark a raison de vouloir assurer le coup.

Nous sommes ensuite allés voir la dernière séance d’essais avant la course et, d’après Penske, il ne s’y passa rien de spécial. Mais moi, j’étais époustouflé par ce que je vis : la vitesse de passage en virage des voitures était tout simplement sidérante !

Je crois que c’est “l’effet Indy” qui touche profondément ceux qui y assistent pour la première fois.

La course des 500 miles

Avant que la course elle-même ne démarre, l’événement est riche d’animations en toutes sortes : défilés, chants, discours… ça n’en finissait pas, mais cela traduisait aussi combien ce rendez-vous était “énorme” même à l’échelle américaine qui, pourtant, aime bien en faire trop (remember “big is beautifull”). Enfin, la course débuta après deux tours derrière le pace-car, car la grille constituée de lignes de trois voitures de front demande pas mal de coordination de la part des pilotes pour ressembler à quelque chose d’ordonné. En fait, tout le monde s’attendait à ce qu’il y ait au moins trois tours de mise en place, mais le starter a surpris la foule en lançant la course alors que la grille n’était pas vraiment bien formée.

Le départ se passa quand même bien et la plus grande course du monde (selon les Américains) était enfin lancée !

Bobby Unser sur son Eagle confirma tout de suite son aisance aux essais en prenant la tête et en creusant l’écart dès le premier tour. Cela se voyait qu’il avait la voiture la plus stable et la plus “facile” à emmener. Derrière lui, Revson menait la chasse avec Donohue un ton en dessous. Comme prévu, Mark voulait à tout prix épargner sa voiture afin d’être sûr de voir l’arrivée. Et le “brickyard”, comme Le Mans, réclama son tribut d’espoirs déçus très vite. C’est tout d’abord Revson qui lâche prise dès le 27ème tour (rappel, l’Indy 500, c’est 200 tours du brickyard à parcourir…) et Unser au 31ème. Le leader de la course fut éliminé à cause d’une tête d’allumeur défectueuse, une pièce banale qui n’avait causé aucun abandon depuis 1967 !

Les leaders se sont alors succédé, mais ont tous été éliminés les uns après les autres sur accidents ou pannes. Pendant ce temps, Mark Donohue continuait de jouer la prudence et restait calmement dans le peloton des cinq premiers, y compris lorsque son stand fit une erreur lors de son second ravitaillement (arrêtant les deux voitures du team en même temps et Mark, dans la confusion, n’eut pas le plein complet et il dut s’arrêter de nouveau plus tôt que prévu).

Pendant la course, Penske ne prit pas la peine de me commenter les événements, tout occupé qu’il était à diriger son équipe et à surveiller les chronos de ces poulains. Heureusement, j’étais à côté de l’épouse de Mark qui me donnait quelques indications utiles pour suivre le déroulement. Comme toujours à Indy, il fallait “survivre” au 4/5ème de la course afin d’être dans le coup pour jouer la gagne à dix ou vingt tours de l’arrivée.

C’est ainsi que Mark Donohue s’est retrouvé second derrière Grant (également sur une Eagle comme Unser). Mais ce dernier fut ralenti par des vibrations dans le train avant de sa voiture et ne put défendre ses chances dans le round décisif de cette longue et dure épreuve.

Mark Donohue remporta donc les 500 miles sur sa belle McLaren Sunoco et s’ensuivit une indescriptible cérémonie, un enthousiasme délirant que Mark accepta avec un sourire tranquille : il venait de triompher à l’intelligence et savourait le moment avec sérénité alors que tout le monde criait autour de lui. Penske affichait lui un large sourire : le capitaine était totalement satisfait de son équipe et de son pilote, c’est ainsi qu’il concevait la course, c’est ainsi qu’il voulait vaincre et il n’en avait jamais assez.

Penske était ravi de ma présence, car, un peu superstitieux comme beaucoup dans la course, il considérait que je lui avais porté chance…

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Voilà, encore une pépite du passé !

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