Nigéria : le scandale dont on ne parle pas…

Il suffit de lire l’interview de Jean Zigler “La crise actuelle est une formidable occasion de réveiller les consciences” paru dans Courrier International, extrait :

Le Nigeria, avec ses 100 millions d’habitants, est le huitième pays producteur de pétrole du monde et le premier pays africain. Pourtant, il importe 100 % des produits pétroliers raffinés dont son économie à besoin. Le Nigeria vit sous dictature militaire depuis 1966. 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, plus de la moitié est gravement sous-alimentée et l’espérance de vie est de 45 ans. Le pays est en 159e position (sur 172) dans l’indice de développement humain. Les sociétés pétrolières occidentales, qui exploitent les gisements locaux, rapportent à la junte 18 milliards de dollars nets de royalties en 2007, alors que celle-ci maintient le peuple dans la pauvreté absolue. Voilà ce que représente l’ordre occidental au Nigeria.

Après cela, on s’étonne que les pays du Sud haissent l’occident !

Nous comprenons bien que les américains accumulent la haine partout dans le monde et cela nous parait justifié mais nous nous étonnons quand cette haine nous concerne aussi… Mais qui trouve-t-on pour exploiter les gisements de pétrole du Nigéria ?
Total… Eh oui, *notre* compagnie nationale !

Voilà pourquoi tous les occidentaux sont dans le même sac pour les pays du Sud : grands discours sur le devant de la scène, basses manoeuvres en coulisse. 

 

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7 réponses à Nigéria : le scandale dont on ne parle pas…

  1. Un peu facile… on ne peut pas non plus sauver le monde avec sa b… et son couteau…
    “Le Nigeria vit sous dictature militaire depuis 1966″… des militaires qui ne sont sans doute pas des employés de Total ! Quelques soient les pays concernés, on ne peut pas non plus empêcher la race humaine de consacrer une majorité de son énergie au s’auto-détruire.
    Quand les africains exploitent et placent leur propre peuple en esclavage, il y a un moment où on ne peut plus lutter. C’est un peu comme quand un industriel chinois met de la mélamine dans le lait destiné aux bébés chinois… Mais ce sera surement l’occasion de faire un autre billet 😉

  2. alefebvre dit :

    Non, je crois bien que ce cas là est exemplaire au contraire… Pourquoi cette junte peut-elle se maintenir au pouvoir et ainsi garder la “tête sous l’eau” à tout son peuple ?
    Parce que les occidentaux soutiennent ce gouvernement ignoble jusqu’à lui vendre les armes qui servent à maintenir ce couvercle de plomb !
    C’est tout bénéfices pour nous : on achête leur pétrole et on leur revend les produits raffinés de ce pétrole plus les armes en prime…

  3. Pas du tout d’accord. Toutes nos “démocraties” occidentales sont des “dictatures” d’hier. Même la royauté en était une forme. S’ils sont 100 millions d’habitants et seulement quelques dizaines de milliers de profiteurs, crois-moi, la révolution est parfaitement possible. Nous l’avons montré en France en 1789, en Russie en 1917… dans des conditions bien plus difficiles.
    Ce n’est pas une vision évidente à défendre, mais je pense que l’Homme, comme l’animal, a besoin d’une hiérarchie et que les peuples se complaisent finalement dans une organisation pyramidale dans laquelle les “pauvres” ont le plaisir de se plaindre et les “riches” le plaisir de diriger les pauvres.
    La comparaison entre le règne animal et l’organisation humaine est de ce point de vue instructive.
    Et je pense que nos “démocraties” ne sont finalement qu’une forme différence, plus dissimulée, de ces organisations pyramidales. Les Etats-Unis en sont un bel exemple. Sous un simulacre d’égalité et de démocratie, les écarts sont les mêmes qu’au Nigéria. Et si ce n’est pas une junte militaire qui dirige, c’est un cartel économico-financier, dont nous ne sommes pas loin de faire partie d’ailleurs.
    En tous cas, merci pour ton billet, il permet de réfléchir et de faire un peu de sociologie conceptuelle en ce dimanche brumeux.

  4. alefebvre dit :

    Bon, on s’éloigne peut-être un peu du sujet initial mais effectivement, c’est intéressant…
    J’ai toujours pensé (et je l’ai rédigé aussi) que les démocraties étaient une forme raffinée de dictatures. Raffinées et efficaces puisque, contrairement aux formes “brutales” de gouvernement, elles ne générent pas de réactions violentes (les révolutions). Comme disait Coluche, les dictatures c’est “ferme ta gueule !” alors que les démocraties c’est plutôt “cause toujours !”.

  5. Nico dit :

    Rejoignant le sujet, cet article du monde diplo (qui date un peu) nous éclaire un peu sur les “relations” Nord/Sud peu connues du grand public…

    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/06/MILLET/13533

  6. alefebvre dit :

    Effectivement, il s’agit d’un article intéressant et qui lève un coin de voile sur le fonctionnement d’une fraction de la finance mondiale, la mécanique diabolique de la dette (encore un truc qui va nous pêter à la gueule tôt ou tard…).

  7. Martin Bonvin dit :

    Tout à fait d’accord avec le billet d’Alain et ses commentaires.

    Pour creuser ces relations politico-économico-mafieuses que la France entretient avec l’Afrique depuis le processus de décolonisation datant des années 60, il suffit de lire l’ouvrage de l’auteur référence sur le sujet à savoir François-Xavier Verschave intitulé “La Françafrique”. On en trouvera une excellente synthèse sur le site Web des “Renseignements généreux” dans la brochure “Françafrique”.

    Le 5 septembre 1961, au tournant des indépendances africaines, De Gaulle avait expliqué la future politique francçais en Afrique : « Notre ligne de conduite, c’est celle qui sauvegarde nos intérêts et qui tient compte des réalités. Quels sont nos intérêts ? Nos intérêts, c’est la libre exploitation du pétrole et du gaz que nous avons découvert ou que nous découvrirons. »
    Jacques Foccart, reponsable de la cellule africaine de l’Elysée, sera chargé de faire respecter cette ligne de conduite. Foccart sera un des hommes les plus pluissants de la 5ème République.
    Foccart avait dit en substance « Pour défendre les intérêts de la France, nous avons dû prendre la main du Diable… »

    Le Colonel Maurice Robert, ancien responsable des services secrets français en Afrique, avait dit :
    « Notre politique était très claire : c’était la défense des Régimes en place, pour éviter l’instabilité politique. […] Nous étions impliqués directement dans l’évolution de l’Afrique. Par conséquent j’avais des pleins pouvoirs, y compris pour recommander la désignation de certaines personnes françaises et africaines. Il m’arrivait de dire à un chef d’État : ”Là, vous avez autour de vous un gars qui ne vaut pas un clou, il faut l’éliminer, et je vous conseille de prendre celui-là”. C’est vrai que nous étions très directifs. »
    propos extraits du documentaire Elf, l’Afrique sous influence, Fabrizio Calvi, 2000 (source association Survie)

    D’après les enquêtes menées pendant l’affaire Elf, Omar Bongo a participé au financement de partis politiques français, mouvances gaullistes en tête, généralement sous forme d’argent liquide. Pourl’ancien directeur de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), Pierre Marion, « Les subsides de Bongo servent à tout le monde lors des élections françaises et créent une sorte de colonialisme à l’envers ». Est-ce la raison pour laquelle tant de personnalités politiques (dont François Bayrou, lui aussi ”piégé” par la télévision gabonaise) se sont empressées de rencontrer Omar Bongo pendant la campagne présidentielle de 2007, à commencer par Nicolas Sarkozy ? (source association Survie – cf leur site Web)

    Pour ce qui est de nos “démocraties”, il vaudrait mieux parler de “gouvernements représentatifs”, plus proche de systèmes “aristocratiques” que de “démocraties”

    Comme le dit justement le philosophe Cornelius Castoriadis « La population ne participe pas à la vie politique : ce n’est pas participer que de voter une fois tous les cinq ou sept ans pour une personne que l’on ne connaît pas, sur des problèmes que l’on ne connaît pas et que le système fait tout pour vous empêcher de connaître. »
    Et pour Takis Fotopoulos, économiste, philosophe « Les élections sont devenues des concours de beauté entre dirigeants « charismatiques » soutenues par les appareils des partis. »

    Un excellent ouvrage à lire pour mieux comprendre les systèmes de gouvernement du passé, de la démocraite athénienne à aujourd’hui en passant par les républiques italiennes médiévales, celui de Bernard Manin “Principes du gouvernement représentatif”
    Sinon la brochure sur la démocratie des “Renseignement généreux” téléchargable sur leur site Web est aussi une excellente introduction au vaste sujet…

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