Le second extrait du tome II de “PMC”

Voici le second extrait du tome II de “Prévision Maîtrise Contrôle”…

Jeudi matin 21 juin 2023 — Institut PMC

Habib Gerdhachi alla directement voir Ronald Hobbs en arrivant à l’institut.

Hobbs- Ah, lieutenant !

Vous devez être content, votre patron triomphe sur tous les plans : le président éliminé, l’état d’urgence décrété et il fait même partie de ce comité de sauvegarde public que les médias mettent en avant comme la solution adéquate à la crise actuelle… Bien joué, bravo !

Gerdhachi- Oui, si on veut.

Hobbs- Je ne comprends pas, vous n’avez pas l’air satisfait… Pourtant, tout s’est déroulé comme vous le vouliez, non ?

Gerdhachi- Non justement. Le président a bien été éliminé mais pas du tout comme prévu : les tacticiens ont travaillé sur un accident et voilà qu’un attentat bien classique se produit. Mais ce n’est pas le pire…

Hobbs- Ah, il y a pire ?

Gerdhachi- Oui, j’ai vu le major ce matin même et je peux vous dire que j’ai été de surprise en surprise… Le major prétend que cet attentat n’est pas de notre main et qu’on s’est donc fait doubler par de vrais terroristes… Ce que je ne crois pas une seule seconde bien sûr !

Hobbs- Mais si le major vous ment, qu’est-ce que ça signifie ?

Gerdhachi- Rien de bon, évidemment. Mais il y a encore pire…

Hobbs- Allons donc, c’est à mon tour d’aller de surprise en surprise !

Gerdhachi- Oui et ça vous concerne : le major m’a demandé de vous éliminer, personnellement. C’est très inhabituel car c’est le service “actions” qui s’occupe de ce genre de tâches, normalement…

“Normalement” répéta Ronald la gorge sèche, conscient qu’il était peut-être en train de vivre ses derniers instants. Mais il lui restait une lueur d’espoir : si le lieutenant lui racontait tout cela, peut-être qu’il lui restait une option, une carte à jouer ?

Car, pendant qu’il parlait, le lieutenant avait l’air plus soucieux que menaçant…

Gerdhachi- La demande du major ne veut dire qu’une chose : c’est un test de loyauté, à mon égard. Soit je vous élimine sans poser de question, soit je suis moi-même suspect et, disons-le, le prochain sur la liste. Le major aime bien “effacer les traces” et je ne serais pas surpris d’apprendre que le commando du service “actions” a été purement et simplement effacé hier matin par leurs collègues, avant même de mettre leur accident en place.

“Et… Qu’allez-vous faire ?” demanda Hobbs en déglutissant péniblement et après avoir longuement hésité à poser la “question qui tue”, c’est le cas de le dire !

Gerdhachi- Eh bien, même si je pense que mon temps est désormais compté, je me dois d’obéir au major… A moins que…

Hobbs- Oui, à moins que ?

Gerdhachi- A moins que vous ayez dans votre manche un plan qui nous permette de nous sauver tous les deux ?

Votre vie est en jeu, alors réfléchissez bien : avez-vous une option en tête, une carte à jouer ?

Je ne demande qu’à vous épargnez mais il faut y mettre un peu du vôtre !

Hobbs- Eh bien…

Gerdhachi- Oui ?

Hobbs- Il y a bien une solution qui marcherait pour nous deux mais c’est un peu radical !

Gerdhachi- Plus radical que la mort ici et maintenant ?

Allons, dites-m’en plus avant que je ne perde patience…

Hobbs- Voilà, il s’agit de nous injecter dans un de nos simulis et de fuir par ce biais…

Gerdhachi- Et que deviennent nos corps pendant ce temps ?

Hobbs- Justement, c’est là que c’est radical : on ne peut préserver nos corps actuels, il faut faire une croix dessus !

Gerdhachi- Et on devient quoi après ?

Condamner à n’être que des bits dans vos serveurs jusqu’à ce que le major ait l’idée de débrancher le cordon ?

Pas terrible comme fuite…

Hobbs- Non, une fois dans le réseau des simulis, on est définitivement à l’abri : on peut passer d’un serveur à l’autre sans même le vouloir, même si notre serveur d’origine est hors circuit, on ne va même pas s’en rendre compte. Le major peut bien débrancher les serveurs ou même réduire l’institut en poussière, une fois injecté, il ne peut plus rien contre nous !

Gerdhachi- Mouais mais s’il détient nos corps, ils peut encore nous faire du mal ici, dans le monde réel… C’est une sacrée épée de Damoclès au-dessus de nos têtes virtuelles, non ?

Hobbs- Même pas !

En fait, quand je dis qu’il faut faire une croix sur nos corps actuels c’est au sens propre du terme : j’envisage un transfert définitif et donc, destructif… Après le transfert, ce qu’il reste de nos corps est bon pour le recyclage d’organes mais pas plus !

Plus de cerveau, plus rien de tracable, rien qu’une enveloppe charnelle sans plus aucune réaction… Voilà ce que trouvera le major. Il peut même prendre cela pour un suicide si ça se trouve !

Gerdhachi- Ne sous-estimez jamais le major, tous ceux qui ont fait cette erreur ne sont plus là pour le raconter… Voyez le président par exemple !

Mais revenons à notre cas présent : OK, on lui laisse nos dépouilles pendant qu’on peut courir dans votre sable virtuel… Et après, c’est pas ce que j’appelle une vie si on ne peut plus jamais goûter au monde réel… C’est pas très loin d’un suicide en fait votre truc.

Hobbs- Ah mais attention, je n’ai pas dit qu’il fallait renoncer au monde réel, j’ai seulement dit qu’on ne pourrait plus y retourner dans nos corps actuels, nuance…

Gerdhachi- Ah ?

Vous avez des corps de rechange dans votre frigo, c’est ça ?

Et on peut faire des essayages avant de choisir son prochain corps ?

Hobbs- Hum, comme c’est une solution radicale, faut se contenter de ce qu’on trouve… Donc, non, pas de corps tout prêt à nous accueillir et pas de possibilité de choisir avant de réémerger… Mais ça ne peut pas dire qu’on ne peut pas le faire…

Gerdhachi- OK, dites-m’en plus, vous avez gagné quelques minutes supplémentaires…

Hobbs- Eh bien, il va s’agir de passer d’un simuli à l’autre pour arriver jusqu’à celui de l’X-Lausanne. Car là, il y a notre porte de sortie. Passer d’un simuli à l’autre, je suis sans doute le seul à savoir et donc à pouvoir le faire mais je ne vous cache pas que ça sera un peu effrayant…

Gerdhachi- Bon, on se fait peur pour passer d’une bulle virtuelle à l’autre et, une fois à destination, on doit faire quoi pour remonter à la surface ?

Hobbs- Je ne vous cache pas que ça n’a jamais été fait encore !

Mais j’en sais assez sur le plan théorique pour savoir que c’est possible… Une fois sur place, il faut s’arranger pour “remplacer” un des sujets d’expérience. Mais ça, on ne peut le faire seul, il faudra convaincre un des injectés du simuli de nous aider un peu…

Gerdhachi- Rien que ça !

Hobbs- Hé, j’ai pas dis que c’était sans risque ni difficultés mais je persiste à affirmer que c’est possible et je crois bien pouvoir y réussir. Mais une fois revenus dans le monde réel, dans de nouveaux corps, on sera encore plus fugitifs que dans le simuli… Et là, j’ai pas de plan à proposer…

Gerdhachi- Hum, j’ai peut-être une idée à ce sujet… Mais le transfert définitif, vous pouvez le gérer seul ?

Hobbs- ça oui, j’ai même pas besoin d’un assistant pour cela et ça tombe bien vu que Bernard est encore à l’hôpital.

Gerdhachi- Alors allons-y, on ne peut pas perdre de temps.

Hobbs- Là, maintenant, tout de suite ?

Gerdhachi- Oui, là, maintenant, tout de suite !

C’est ça ou une balle entre les deux yeux pour vous dans quelques instants et dieu sait quoi pour moi plus tard… Alors, votre choix ?

Hobbs- Allons en salle d’injection sans tarder, lieutenant !

Gerdhachi- Bonne réponse…

Camp TP1, date inconnue.

Habib Gerdhachi marchait péniblement dans le sable en essayant d’éviter de se tordre les pieds avec les gros cailloux. Cela faisait seulement une heure qu’il marchait avec Ronald Hobbs sous un soleil de plomb et il en avait déjà assez…

Gerdhachi- Ma question va vous paraître idiote mais tant pis : pourquoi nous avoir fait arriver aux abords du camp TP1 si c’était pour s’en éloigner aussitôt ?

Hobbs- Ce n’est pas une question idiote et je suis surpris que vous ayez réussi à la garder pour vous aussi longtemps !

Sérieusement, vous pensez vraiment que j’ai eu le choix ?

Il m’a fallu organiser deux transferts définitifs en urgence et je n’ai pas eu tellement le temps de peaufiner les options : il fallait faire vite et j’ai donc pris la destination par défaut et l’équipement par défaut… c’était autant de temps de gagné, voyez-vous ?

Gerdhachi- Sur le moment, je suis sûr que je vous aurais donné raison : il fallait faire vite. Après tout, c’est même moi qui vous ai dit qu’on n’avait pas une minute à perdre !

Mais là, je commence à en avoir marre de marcher dans des conditions aussi pénibles… D’ailleurs, vous ne m’avez pas dit combien de temps il nous faudrait crapahuter dans ce désert ?

Hobbs- Ah, une autre question qui était inévitable !

Le TP1 était notre point d’arrivée le plus naturel mais on ne pouvait pas y rester, ni pour se changer, ni pour demander de l’aide, ni même pour demander la bonne direction… C’est que, voyez-vous, cette “bonne direction”, personne ne la connaît ici-bas !

Moi-même, je ne suis pas certain du temps qu’il va nous falloir pour couvrir ces quarante kilomètres sous ce cagnard…

Gerdhachi- Bon, quarante bornes à se taper, c’est beaucoup, surtout vu les conditions mais, au moins, ça reste jouable…

Hoobs- Oh, ça ne va pas être une partie de plaisir, croyez-moi !

Déjà, il faudrait maintenir une vitesse de 5 km/h pour parcourir ces quarante kilomètres en environ huit heures et, rien que ça, c’est pas gagné vu le terrain… Du coup, on ne va pas y arriver avant la nuit et c’est déjà un premier problème.

Gerdhachi- Et si vous me disiez ce qui nous attend au bout de ces quarante kilomètres, c’est quoi notre but en fait ?

Hobbs- Vous voyez cette ligne sombre à l’horizon ?

Gerdhachi- Oui, on dirait plus ou moins une chaîne de montagnes, non ?

Hobbs- Hum, pas tout à fait, des falaises en fait… Pas très hautes mais suffisamment raides pour ne pas être escaladé par le premier venu.

Gerdhachi- Ah ?

On va vers un mur naturel alors en fait ?

Hobbs- Pas exactement “naturel” puisque le camp est entouré par ces falaises, complètement entouré, totalement. Elles forment donc une muraille qui doit être et rester infranchissables par les “pensionnaires” du camp. Car on l’a voulu ainsi, bien entendu.

Mais, bien sûr, des falaises de granit bien raides, c’est tout de même plus discret et ça fait plus vrai que de véritables murs en béton, n’est-ce pas ?

Gerdhachi- Oui, je saisis : il ne fallait pas que les pensionnaires puissent se poser des questions face à une construction monumentale et insolite…

Hobbs- Tout à fait d’où l’idée des falaises, le meilleur décor possible en fonction de son objectif.

Gerdhachi- Mais si ces falaises sont infranchissables, pourquoi s’y dirige-t-on ?

Hobbs- Parce qu’au pied de ces falaises, il y a un puits et c’est ce puits que nous cherchons à atteindre…

Gerdhachi- Un seul puits ?

Mais vous connaissez son emplacement précis ?

Ou alors, vous avez un moyen de vous repérer et de vous orienter j’imagine ?

Hobbs- Oui et non : non, je ne connais pas son emplacement précis et oui, je sais comment m’orienter. En gros, il suffit de suivre la direction du soleil car il va se coucher à l’horizon à l’endroit exact où se situe le puits… Simple, hein ?

Gerdhachi- Mais, tout à l’heure, vous disiez qu’on n’y arriverait pas avant la nuit ?

Hobbs- Oui et c’est là que ça se corse : on va connaître la bonne direction à suivre au moment du couchant mais il va falloir passer la nuit sur place… Et ça, ce n’est pas une perspective réjouissante !

Gerdhachi- Pourquoi, il y a des bêtes sauvages qui vont venir nous dévorer ?

Hobbs- Non, rien de tel… Pas de scorpion à craindre ou autre danger naturel… Simplement, il va faire froid.

Gerdhachi- Froid ?

On a du mal à y croire en ce moment !

Hobbs- Oh oui, sous ce cagnard, un peu de froid, on aimerait bien. Mais là, sans aucun abri, je vous garantis qu’on ne va pas beaucoup dormir.

Gerdhachi- Ah ?

Il va vraiment faire si froid que cela ?

Hobbs- Oui, suffisamment pour qu’on soit vraiment inconfortable. Et encore, on n’a pas modélisé cela à l’extrême, je pense que c’est bien pire dans un vrai désert…

Gerdhachi- Eh mais je viens de réaliser qu’on n’a rien à manger ni à boire non plus !

On va devoir tenir combien de temps dans ces conditions ?

Hobbs- Pour ce qui est de manger, rien à craindre avant six jours… Mais boire, il faudra pouvoir le faire dans les 24H00. Sinon, on va s’affaiblir, progressivement. Mais ça ne sera pas trop douloureux, on n’a pas poussé jusque-là. Les systèmes biologiques sont les plus exigeants en ressources, on se contente donc de simuler les développements selon des modèles préétablis.

Gerdhachi- Justement, si vous m’en disiez plus sur le fonctionnement de vos simulis… Ce n’est que la seconde fois que je m’y retrouve et je suis

Toujours stupéfait par la fidélité des sensations : on s’y croit vraiment !

À quel niveau ce situe vos imperfections, s’il y en reste ?

Hobbs- Oh, on a encore beaucoup de chemin à faire pour que tout soit parfait mais c’est vrai que le résultat actuel est déjà impressionnant. Pour le moment, on utilise la technique du “just in sight” : on ne simule visuellement que ce qui est dans le champ de vision d’une entité. Sinon, on se contente juste de calculer les paramètres mais sans avoir à afficher l’évolution, ça économise beaucoup de ressources. S’il fallait absolument tout simuler continuellement, y compris sur le plan visuel, on n’y arriverait pas, pas avec cette définition en tout cas.

Au moment précis du coucher du soleil, Hobbs dessina une flèche sur le sol avec quelques pierres afin de repérer la direction à suivre pour le lendemain. Ensuite, la nuit tombée, les deux compères s’allongèrent afin d’essayer de dormir. Au début, ça allait à peu près mais une fois réveillé par le froid, impossible de se rendormir !

Ils passèrent tous les deux une nuit difficile qui leur paru bien longue. Ils reprirent leur marche dès les premières lueurs de l’aube, trop content de laisser derrière eux cette nuit de cauchemar…

Et, au bout de trois heures de marche supplémentaires, ils étaient enfin aux pieds de la falaise mais le puits n’était pas là. Hobbs était persuadé qu’en longeant la falaise en remontant vers le nord, ils allaient tomber dessus, forcément. Effectivement, le puits n’était pas loin mais invisible à distance : il fallait vraiment être quasiment dessus pour l’apercevoir.

Ce n’était pas un puits traditionnel avec une margelle, un petit abri et un saut au bout d’une manivelle… Non, il s’agissait plutôt d’un gouffre au ras du sol. Même en se mettant au bord, on ne pouvait rien voir car le puits était plus que sombre : complètement obscure. C’était simplement une ouverture circulaire à même le sol, large, profonde et totalement noire. On ne pouvait distinguer la paroi car il semblait que l’obscurité commençait dès la surface. Ce large trou symbolisait facilement l’idée qu’on pouvait se faire du néant.

Hobbs- Bon, c’est bien ici.

Gerdhachi- Et on en censé faire quoi ?

Il faut descendre là-dedans ?

Mais il n’y a même pas d’échelle !

Hobbs- Qui parle de descendre ?

Il faut sauter, tout simplement !

Gerdhachi- Sauter ?

Mais qui sauterait ainsi dans un puits sans fond, un trou aussi noir que profond ?

Hobbs- Justement, c’est ça l’idée : le sas ne doit pas être accueillant afin de décourager d’éventuels visiteurs…

Gerdhachi- Ah là, c’est clair, ce n’est pas encourageant, je vous accorde que vous avez réussi votre coup !

Mais y a pas moyen de faire autrement que de sauter ?

Hobbs- Quoi, vous avez peur ?

Gerdhachi- Mais bien sûr que j’ai peur !

Qu’est-ce que vous croyez, c’est effrayant votre truc là !

Hobbs- Aha, un fier officier des spéciaux, ayant les foies devant un simple trou… J’aurais donc tout vu !

Gerdhachi- Allez-y mollo avant de vous moquer de moi, d’accord ?

Parce que vous, non, pas peur du tout, hein !

Hobbs- Bof, j’ai bien une légère appréhension mais c’est parce que je ne l’ai encore jamais fait… Mais comme je sais à quoi ça sert et ce qu’il y a derrière, ça aide.

Gerdhachi- Mais moi, je ne sais pas ce qu’il y a derrière… Si vous me le disiez, ça pourrait m’aider, OK ?

Hobbs- C’est simple : ce trou n’est rien d’autre que l’interface de liaison entre deux simulis mais, bien sûr, c’est un peu maquillé afin de passer inaperçu et de décourager les curieux, voilà tout.

Gerdhachi- Et quand on saute dedans, il se passe quoi ?

On traverse le miroir et on arrive aux pays des merveilles ?

Hobbs- Ce qui se passe précisément, je n’en sais rien puisque, comme je vous l’ai dit, je ne l’ai encore jamais fait. Mais bon, je suppose qu’on va se retrouver dans un autre décor, point.

Gerdhachi- Mais il faut sauter comment ?

À pieds joints ou façon chute libre ?

Hobbs- Je vois que ça vous fait vraiment fouetter mon puits !

C’est intéressant car ça veut dire que c’est efficace : les curieux ne risquent pas de tenter le coup…

Bon, c’est pas tout ça mais il faudrait y aller maintenant.

Gerdhachi- Comme ça, directement ?

Hobbs- Ben oui. À un moment ou à un autre, il faudra bien faire le grand saut, non ?

Désolé mais je n’ai pas de préparation spéciale à vous proposez… Fermez simplement les yeux, respirez un grand coup et faite un pas en avant, voilà !

Gerdhachi- Oui, je comprends mais bon, on peut s’accorder un moment, non ?

Hobbs- Non, justement. Si on veut se mettre définitivement à l’abri, il ne faut pas perdre de temps. Ici, le temps s’écoule deux fois plus vite “qu’en haut” mais cette marge qu’on avait au départ va finir par s’épuiser. Votre major va comprendre qu’on s’est échappé et il va vouloir agir. Et, dans son cas, agir se résume à débrancher la prise. Dès qu’il va comprendre cela, il va le faire. On n’a donc pas tout le temps devant nous.

En revanche, une fois qu’on sera passé dans l’autre simuli, on sera hors de portée, définitivement. Donc, prenez votre courage à deux mains et suivez-moi… À moins que vous vouliez passer en premier ?

Les deux hommes se regardaient en silence. Ronald Hobbs pouvait lire l’angoisse dans les yeux de Cyrus Gerdhachi et il ne pouvait l’en blâmer. Lui aussi, il lui arrivait d’avoir peur, surtout en présence du major. Ce major que Gerdhachi connaissait si bien. Il reprit la parole, doucement, pour mettre Cyrus en confiance.

Hobbs- Cyrus, je pourrais passer en premier mais ce n’est pas une bonne idée. Que se passera-t-il si vous ne pouviez vous résoudre à vous lancer à votre tour ?

Donc, ce que je vous propose, c’est qu’on se lance en même temps, tous les deux.

Et Ronald lui tendit la main. Pas de façon impérieuse mais d’une façon calme, amicale, patiente… Et Cyrus, quoi qu’hésitant, finit par la serrer. Le profil des deux hommes se détachait face à ce gouffre, l’instant semblait suspendu dans la lumière crue du soleil. Ronald donna une impulsion en sentit que Cyrus ne résistait pas. Les deux corps basculèrent en avant et furent happés par ce néant noir.

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