Evaluation de iRacing par Soheil Ayari…

Le 17 février 2009, j’avais rendez-vous avec Soheil Ayari afin de lui faire essayer iRacing…
Cela faisait des années que j’avais en tête d’organiser ce genre de “confrontation” : prendre un pilote connu et lui faire essayer une de nos simulations habituelles afin d’avoir son avis sur le degré de réalisme atteint, domaine par domaine. Et dans le cadre du livre que je suis en train d’écrire sur le SimRacing, cette évaluation par un vrai pilote professionnel était indispensable.
Au départ, Soheil n’était pas très “chaud” pour cette évaluation car, selon lui, il n’a jamais aucun feeling avec les jeux vidéo… Mais, justement Soheil, là, il ne s’agit PAS de jeux vidéo mais de simulation, nuance !

Ayant réussit à le “coincer” pour quelques heures devant ma machine, j’avais hâte d’avoir enfin son feedback de champion authentique du sport auto devant l’objet de notre passion… Soheil est bien le pilote idéal pour ce test car, dans sa carrière, il a tout conduit ou presque : Karting, Formule Ford (champion de France en 1994), Formule 3 (champion de France en 1996 et vainqueur de la coupe du Monde à Macao en 1997), F3000 (deux victoires en 97 et 98, plus de nombreux podiums), F1 (test sur Williams-Renault fin 1997), prototype (nombreuses participations aux 24H00 du Mans dont une 4ème place en 2004), Supertourisme (3 fois champion de France de la catégorie en 2002, 2004 et 2005) et GT (nombreuses courses sur Viper, Corvette et 2 fois champion de France sur Saleen en 2006 et 2007 plus le titre internationale en Le Mans Series en 2007) et même des Porsche 935 et 917 lors des rencontres Le Mans Classic… On le voit, un palmarès flatteur (et pas assez connu, c’est pour cela que je m’occupe de rédiger sa biographie !) qui met en exergue sa capacité d’adaptation.
En plus de son aura de pilote rapide, Soheil a la réputation d’être un fin metteur au point ce qui ne gâche rien dans le cadre de notre test. Enfin, Soheil était quasiment “vierge” en terme de simulation, n’en ayant jamais testé avant ce matin là (tout au plus quelques tests de jeux vidéo du genre Gran Turismo et autres…).

De mon côté, j’avais sélectionné la barquette Radical de iRacing sur le circuit de Silverstone car c’est un tracé que Soheil connait bien (il y a courru plusieurs fois en proto et en GT dans le cadre des Le Mans Series). La Radical n’est pas une voiture qu’il a déjà piloté en vrai mais comme la Corvette C6R (sa voiture actuelle en championnat de France GT avec Bruno Hernandez) n’était pas encore disponible sous iRacing, il fallu bien s’en contenter…

Dès les premiers tours de roues, Soheil note que le circuit est très fidèle ce qui permet de commencer sur une bonne note. Au bout de quelques minutes, Soheil est capable d’enchainer les virages sans sortir et commence à aligner les tours chrono. Les temps affichés sont moyens (1’53.4 pour son meilleur tour alors que mon temps de référence établi juste la veille était de 1’50.5) car Soheil se plaint de la sensation au freinage : “impossible de faire du dégressif avec ta pédale qui bouge, là !”.
En effet, le pédalier du Volant Logitech G25 propose une pédale avec un senseur de position plutôt qu’un capteur de pression… Or, sur une voiture de course, la pédale de freins ne présente aucun jeu, tout repose sur la pression à exercer, une différence de taille en matière de sensations !
A force, j’ai réussi à m’habituer à cette distortion par rapport à la réalité mais pour Soheil, le handicap est bien plus grand : il s’agit de redéfinir une manoeuvre de base en une matinée…

En dehors de la sensation au freinage, Soheil est très positif :

  • Le circuit est vraiment super fidèle, c’est carrément exactement cela jusqu’au plus petit vibreur !
  • Pour moi, le circuit est réaliste à 95% (en fait, c’est sans doute moins que cela car l’évolution de l’adhérence de la piste en fonction des passages répêtés et du dépot de gomme qui s’ensuit n’est pas simulé…).
  • La sensibilité au volant et à l’accélèrateur est également très bonne, je donnerais 75% pour le volant et 95% pour la réponse à l’accélèrateur.
  • Pour moi, il n’y a que les freins qui pêchent vraiment et encore, c’est à cause de la sensibilité et du mode de fonctionnement de la pédale. Je ne donne que 50% de réalisme dans ce domaine mais il faudrait voir ce que ça donne avec un autre pédalier (Frex GP propose un pédalier de ce type mais je n’en suis pas encore équipé…).
  • Le SimCom motion n’est pas gênant et la poussée au freinage est bien reproduite… Et on s’habitue vite à ce que ça bouge : je n’y prêtais déjà plus attention au bout de quelques tours.
  • Rien à voir avec les jeux vidéo que j’ai pu essayer : là au moins, il faut doser et la sensibilité au volant est très fine, on sent bien quand on roule sur un vibreur par exemple.

A partir de là, nous sommes passés à une seconde phase de ce test : le réalisme de la sensibilité de la voiture aux changements de réglages. La Radical propose une plage étendue de réglages sous iRacing et Soheil a pu s’en donner à coeur joie !
En effet, le comportement plutôt sous-vireur de la baquette ne lui convenait pas du tout…


C’est pas normal que ça sousvire comme cela dans les rapides, une voiture de course bien réglée, ça ne fait pas cela, pas d’accord !
Dans la dernière épingle de Silverstone, c’est normal que tu sous-vire, toutes les voitures font cela ici mais ailleurs, non, c’est pas acceptable… Fait voir ton réglage…

Comme réglage de base pour la Radical sur Silverstone (version GP), je m’étais contenté du réglage par défaut “basic” plutôt que “advanced” avec très peu de modifications (barre arrière sur “firm” plutôt que sur “medium” justement pour combattre cette tendance au sous-virage vraiment marquée sur la Radical et ce un peu partout…). C’est ici que notre test est devenu vraiment fascinant car Soheil pris les choses en main : modifiant le set-up dans tous les sens, il parvint en moins d’une heure à véritablement métamorphoser la voiture !
Il procéda par touches successives mais sans hésiter à modifier plusieurs choses à la fois (ce que je ne fais jamais de peur de me perdre en route !) et à chaque fois avec un instinct technique très sûr : à peine un tour lancé pour vérifier la validité du dernier choix et déjà le verdict tombe :

  • hum, c’est mieux mais c’est pas encore ça; on va essayer encore plus de pitch (le “pitch” dans la jargon de Soheil correspond à la balance de la garde au sol : plus de pitch veut dire d’abaisser l’avan par rapport à l’arrière).
  • combien on a en poids-roues (le “poids-roues”, c’est la répartition des masses mesurée au niveau des 4 roues), c’est à l’équilibre ?
  • montres-moi jusqu’où on peut aller en “caster” (chasse de la direction)… C’est tout ?


Soheil me demanda de reprendre le volant pour juger de l’amélioration du comportement et, effectivement, la Radical se pilotait bien plus facilement ainsi… Je pus alors tourner en 1’49.4 sans trop forcer. Les deux heures prévues initialement ont été largement débordé tellement le pilote Savoyard était pris par le challenge d’équilibrer la Radical sur le tracé de Silverstone.
C’est dans des occasions comme celle-ci qu’on mesure la différence qui existe entre nous, amateurs passionnés, et des pilotes de la trempe de Soheil qui sont complétement investis dans leur métier : je croyais m’y connaitre en matière de set-up mais je pensais aussi que la Radical était fondamentalement sous-vireuse et qu’on ne pouvait pas trop la changer… En deux temps-trois mouvements, Soheil me démontra le contraire avec une sciende des réglages qui me laissa pantois !

Au final, Soheil attribua une évaluation de 90% à la sensibilité aux réglages. Le mot de la fin de la part de notre pilote ?

Pour découvrir un nouveau tracé, ton truc, c’est vraiment l’idéal !
Si je dois courrir aux USA lors des prochaines saisons, je passerais d’abord par chez toi pour apprendre Daytona ou Sebring, ça sera toujours ça de gagné…

On a pas eu le temps de comparer aussi Rfactor ou GTR-Eevolution mais ce n’est que partie remise car je gage que Soheil est désormais intéressé à en savoir plus sur les possibilité de ces simulateurs.

Pour les plus passionnés, voici la série de set-up modifiés progressivement par Soheil (le N°6 étant le dernier et le plus performant…) : soheil-ayari-radical

Ce contenu a été publié dans Mes livres, Sports mécaniques virtuels. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

6 réponses à Evaluation de iRacing par Soheil Ayari…

  1. Dim dit :

    Génial, le pilote essayeur de Sport-Auto (cf DVD mois de janvier) dans son salon ! Autant que compétent et talentueux, il paraît toujours aussi sympa ce Soleil pour un bon test d’une simu.

    Dis-moi Alain, tu le connaissais avant ?

  2. Lo dit :

    Super Alain
    excellent résumé
    Évidemment les retour sur RF par rapport a Iracing seront sûrement moins bon, tout dépend, toutefois, sur quel mod et quel circuits les tests seront fais mais d’une manière générale c’est très instructif comme sa remarque sur le périph qui pour moi constitue une différence indéniable entre ceux qui ont du bon matos et ceux qui tourne avec des produits de grande distribution.

    Bravo ausi pour ton blog on y apprend plein de chose passionnantes. 🙂

  3. Nicolas dit :

    Vraiment sympa ce reportage, pour les prochains test, je compte sur toi pour que je me joigne à vous….

  4. alefebvre dit :

    @ Dim : oui, je connais Soheil depuis 2000…

  5. Aldum dit :

    Très bon reportage. Soheil à été très participatif. Plus de deux heures avec toi, s’est du sérieux.
    Merci

  6. Dim dit :

    Double erreur de ma part :

    – une jolie boulette de frappe sur le prénom de Soheil, j’espère qu’il m’en excusera.

    – ensuite à la question : le connaissais-tu avant ? Je pouvais connaître la réponse si j’avais pris le temps de lire ton livre avant. Faute que je suis en train de rattraper, la lecture de “Racing” est un vrai plaisir. Merci 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *